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ses funestes auxiliaires. Louis XVIII n'est point un Roi imposé par l'étranger; c'est un Roi demandé par la France libre. Napoléon n'est point un Roi rejeté par l'étranger; c'est un usurpateur que repousse la France libre. Qu'il écarte demain ses janissaires, et qu'il consulte le peuple homme à homme, sans user de supercherie ni de terreur, le malheureux n'aura plus que la voix de la pitié, qui épargne le sang même des tyrans.

Louis XVIII imposé par l'étranger! C'était pour nous amener Louis XVIII, que l'étranger avait oublié depuis vingt ans, et auquel il n'avait jamais pris assez d'intérêt; c'était pour rétablir un tròne légitime chez une nation vaincue, dont ils pouvaient se partager les dépouilles; c'était pour ce but tout-à-fait ignoré des ennemis les plus acharnés de Napoléon, que les alliés, les amis, les parens de Napoléon, de grands capitaines qui avaient contribué à sa gloiré, et qui en avaient recueilli les fruits, se liguaient contre son épouvantable puissance! C'était pour rétablir Louis XVIII, que personne n'avait vu, que les Souverains de l'Europe s'armaient de toutes parts; celui-ci contre son protec teur naturel, celui-là contre son camarade d'armes, un troisième contre son beau-frère, un autre contre son gendre! Bernadotte et Murat s'étaient réunis pour renverser une dynastie qui paraissait alors leur seul appui, à l'avantage d'une dynastie sur laquelle ils n'avaient pas le droit de fonder alors la plus faible espérance! L'empereur d'Autriche s'était lié pour une race étrangère à une coalition qui dépouillait sa propre famille, et qui ôtait à un prince héréditaire d'Autriche la propriété exclusive de la France! En vérité, cela est trop indigne à dire, et trop honteux à répéter. L'étranger est

venu en France, parce qu'il avait été forcé à une réac tion terrible par les agressions sanglantes de Napoléon, et sans penser à Louis XVIII, dont la cause auguste, mais abandonnée, n'aurait pas fait mouvoir alors dix mille hommes sur toute la surface de l'Europe. La téméraire défense de Paris, acquitta les derniers devoirs de la France envers un homme dont la puissante intel. ligence avait long-temps remué le monde, sans rien faire pour notre bonheur. Paris affranchi demanda spontanément Louis XVIII, et Louis XVIII se rendit à ses vœux quand ils lui parvinrent dans sa solitude. L'étranger n'exerça dans cette occasion ni le droit, ni la protection du pouvoir; il fut témoin de notre choix, et n'y participa d'aucune manière. L'histoire impartiale attestera que la liberté qui nous avait été indignement ravie par un Consul républicain, nous fut rendue par les Baskirs.

Un sophisme enfin, peut être fort ridicule, sans être dicté par une mauvaise foi manifeste, et c'est pour cela que certains sophismes valent la peine d'être combattus. Je ne discute pas avec l'homme qui me dit que la France est heureuse sous Buonaparte, parce que ce n'est pas là un sophisme; c'est une franche infamie. Je ne discute pas avec l'homme éclairé qui feint de croire que la France malheureuse sous un tyran ne peut pas recourir à l'étranger pour s'en défaire, parce que c'est une infamie déguisée qui m'est encore plus odieuse que l'autre. Quant à l'esprit tout-à-fait dégradé qui se laissę imprégner de cette niaiserie hypocrite, et qui me la répète avec la confiance de l'imbécilité, j'hésite un peu à lui répondre, parce que sa bêtise est arrivée à un excès qui soulève mon cœur et qui fatigue ma pitié.

Quoi! misérable insensé, tu ne te défendras pas du chien furieux qui t'infecte du venin de la rage, parce que ce chien est né dans ta basse-cour, et tu refuserais contre lui le secours d'une meute généreuse, parce ; qu'elle appartient à tes voisins! Mais sans chercher des exemples dans la vie domestique, manques-tu de ceux de l'histoire ? Tu te dis patriote, républicain et Français, et tu parles des Anciens, et des Romains et des Grecs : que tu n'as imités que dans leurs fureurs, et tu as oublié les traits les plus vulgaires de leurs annales ! Dismoi si la Sicile refusa la protection d'Athènes ou de Corinthe contre ces deux Denis, dont le pire valait mieux que ton maître; car il sut mourir maître d'école après avoir vécu tyran? Dis-moi, d'où vient la renommée de ces Dion et de ces Timoléon que tu cites tous les jours sans les connaître, si ce n'est de ce grand affranchissement qui honorait à-la-fois le peuple libérateur et le peuple délivré? Avec qui Thrasybule a-t-il purgé Athènes de ses tyrans? avec des soldats thébains. Avec qui Félopidas parvint-il à renverser les oppresseurs de la Béotie? avec des guerriers de l'Attique. Dans ton histoire, tu admires encore Henri IV, au moins en dépit de toi, et tu ne te souviens pas que Henri IV fut obligé de recourir à l'Angleterre pour sauver Paris de lå tyrannie des ligueurs et des malheurs de la guerre civile! Au défaut même de cet exemple emprunté de tes rois, ta république t'en a laissé quelques-uns. De quel droit portais-tu la guerre chez les nations? du droit de délivrance. De quel tyran cependant as-tu voulu les délivrer qui ne fût préférable au tien, et qu'elles n'aient repris avec joie quand elles ont été affranchies de ta protection de fer? Tu admires ces

Polonais révoltés contre l'esclavage, qui ont appelé, secondé, suivi Buonaparte sous l'apparence d'une fausse liberté dont ils ne jouiront jamais, et tu nous condamnerais sans rémission, parce que nous attendrions d'Alexandre la liberté qu'il nous a déjà une fois donnée! Tu ne veux pas que nous implorions d'une sainte ligue de Rois armés pour le salut du genre humain, l'indépendance du peuple français; et tu plains le sort de l'Italie qui a fait vainement reposer l'espoir de son indépendance sur un palefrenier couronné, suivi d'une poignée de lazaronis ! Tu entends que les nations soient solidaires de leur liberté, et tu pensais que cela devait être ainsi, quand tu voyais organiser des compagnies de tyrannicides qui sont devenus des esclaves; et tu ne le penses plus aujourd'hui que la société européenne, arrivée au plus haut degré de sa civilisation, déclare une guerre vertueuse au plus insolent des despotes; guerre qui n'a pour objet que cet homme et ses adhérens immédiats, et à laquelle tu peux te soustraire par une démarche, par un mot, par un signe, si tu es capable d'une action libre et d'un sentiment désintéressé. Avoue que ce n'est pas le devoir de l'hospitalité surprise qui te porte si loin; et que si un parricide était entré par effraction chez toi avec ses complices, tu ne ferais pas brûler ta maison pour le défendre contre les archers. Quant à cette dégoûtante fanfaronade, à cette ridicule braverie de gloire qui a incendié tant de villes, empalé tant d'enfans, et mangé tant de cadavres dans toute l'Europe, elle ne t'aveugle point. La France sait trop bien que les gens qui font un si grand, bruit de leur gloire, y ont été forcés pour mettre quelque chose à la place de l'honneur.

Mais s'il est un seul homme de bonne foi qui veuille la tyrannie pour conserver ce vernis de grandeur que nous avons payé si cher, il ne nous réduira pas à l'excès de désespoir où il nous attend, il ne nous forcera pas à désirer que l'étranger ramène Louis XVIII sur le corps de soldats égarés. Dieu nous garde, pour l'honneur de la nation, qu'il nous soit rendu ainsi! c'est dans les bras de ses enfans que Louis XVIII sera rapporté par deux millions d'hommes du Midi, de l'Ouest et du Nord de la France. Il est si près de nous et l'étranger est si loin encore, que nous ne laisserons pas même à Buonaparte le temps d'envoyer ses incendiaires en Champagne sous l'uniforme des Cosaques. La France est éclairée cette fois, le Roi est connu, les traîtres se sont démasqués d'eux-mêmes, et la Providence contente a marqué le terme de la révolution et la délivrance de la patrie.

Cri d'Alarme.

(Ce pamphlet occasionna l'emprisonnement de plusieurs personnes, accusées de l'avoir imprimé ou distribué. )

FRANÇAIS!

Contre qui élève-t-on ces fortifications sur les hauteurs voisines de la capitale? Prétend-il cet homme qui vous causa tant de maux et qui vous en prépare de plus grands encore, prétend-il rendre Paris capable de soutenir un siège? Pourrions-nous être abusés par ce vain prestige de défense? N'est-il qu'un chemin pour entrer dans Paris, et les alliés choisiront-ils le seul endroit que la situation des lieux permet de défendret

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