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banque? D'un homme qui n'a presque pas d'armes, aucun crédit? D'un homme qui ne peut s'honorer maintenant que du titre d'Empereur de la canaille, et qui, avec tout cela, porte sur sa tête la malédiction la plus fortement prononcée, de la presque totalité des Français.

Qu'est-il besoin d'armée formidable pour s'opposer aux tentatives de Buonaparte? De Buonaparte qui touche à sa fin? De Buonaparte que la Providence ne nous a ramené ici, que pour mettre en évidence les grands coupables qui se sont rendus les complices des assassinats qu'il a commis? qui l'aide de nouveau dans l'exécution des assassinats qu'il médite chaque jour, et qui se sont empressés de se ranger sous l'étendard sanglant du crime. Ne craignez rien de leur fureur insensée, princes dont la clémence a augmenté leur audace; leurs décrets régicides ne sauraient vous atteindre. Dieu protège votre existence si nécessaire à notre bonheur; cette race impie et sacrilège sera exterminée, et vous continuerez ensuite à régner paisiblement dans tous les cœurs des bons Français.

Buonaparte a dit qu'il n'y aurait point de guerre civile. Buonaparte a menti.

Quelle est donc cette guerre de citoyens à citoyens, qui a éclaté, dès sa rentrée en France dans plusieurs départemens du Midi? Quels sont ces combats dans lesquels il se prétend encore vainqueur, selon son usage? N'est-ce pas-là le fléau de la guerre civile ? Malheureusement elle a commencé, mais ce n'est que la guerre de l'armée de Buonaparte contre le peuple; elle n'aura pas de suite; elle sera bientôt terminée. Déjà les hommes égarés rentrent en foule dans le sentier de l'honneur.

Bientôt tous les Français, citoyens et soldats, se ralliant aux lis, ne feront plus qu'un peuple de frère. Iis se réuniront pour précipiter dans le néant le perturbateur du repos de l'Europe, et pour punir avec lui ses complices. Le temps de la clémence est passé, et cette clémence n'appartient plus au chef de la nation; elle appartient à la nation elle-même, qui s'empressera de la convertir en châtiment capable d'épouvanter les plus audacieux criminels.

N'attendez pas, braves militaires encore couverts de gloire, que les forces des puissances réunies sous l'étendard du lis vous obligent de faire ce que l'honneur vous commande; quittez ces drapeaux teints de sang, qui ne vous offrent que des malheurs et une mort honteuse. Courez vous ranger sous ces bannières de paix et sans tache, qui vous assurent la jouissance des biens que vous avez acquis, et des récompenses que vous aurez justement méritées, en devenant les défenseurs et l'appui du trône de nos souverains légitimes.

Français, soldats, et vous, jeunes gens, qu'il veut encore moissonner à la fleur de votre âge, et sacrifier à son ambition, n'oubliez pas un seul instant que Buonaparte a été, et ne cessera jamais d'être le plus cruel des tyrans! N'oubliez pas qu'il a été vaincu, et qu'il a cessé de régner. N'oubliez pas surtout qu'il a été chassé ignominieusement, et qu'il n'est plus qu'un brigand, qui n'a aucun droit en France, aucun pouvoir sur les Français. Jeunes gens, résistez à l'oppression! Soyez sourds à son appel, soyez immobiles! au lieu de prendre les armes pour sa défense, armez-vous contre lui! Et vous, gardes nationales, qu'il voudrait, mais qu'il n'ose désarmer, ne vous dessaisissez des vôtres que

quand nous aurons exterminé l'ennemi commun. Si vous aviez le malheur de les déposer un instant, il er armerait ses satellites, Paris courrait le plus grand danger. Vos femmes, vos enfans, vos propriétés deviendraient la proie des monstres.

Français, ne reconnaissons parmi nous d'autres ennemis que Buonaparte et ses satellites endurcis dans le crime, qui persistent à provoquer notre vengeance! armons-nous contre eux, que notre cri de ralliement se fasse entendre d'une extrémité de la France à l'autre: Mort au tyran! vive le Roi! vive Louis XVIII! 10 avril 1815.

LASMALDI ROYAUMONT.

Buonaparte au 4 mai 1815.

Le Journal intitulé le Nain jaune, qui a toujours affecté de se montrer partisan enthousiaste de Buonaparte, im( prima ce pamphlet, qui circulait depuis quelques jours: on soupçonna qu'entre autres motifs il avait en vue de décrier la liberté de la presse.

Le systême des journaux de Buonaparte n'est pas changé quant au fonds, c'est toujours le même esprit de mensonge, d'impudence et de perfidie; mais dans la vue d'un résultat différent. On cherchait autrefois à nous tromper sur les intentions de l'étranger, qui ne peuvent plus nous être suspectes; maintenant c'est l'étranger qu'il s'agit d'abuser sur l'état et les intentions de la France. C'est à l'étranger qu'il s'agit de prouver que la dictature de Buonaparte a la sanction de l'enthousiasme populaire; qu'un parti puissant et nombreux appuie le trône de cet aventurier, et qu'il peut

espérer de rendre nationale la guerre qu'il attire de nouveau sur notre pays. Ces impostures honteuses ne prouvent que l'infamie des misérables qui les écrivent.

La France entière a le sentiment de la chute prochaine de Buonaparte; chaque jour dont son existence se prolonge, est un sujet d'étonnement pour le peuple et pour Buonaparte lui-même. Il sait qu'il a été trompé par quelques factieux sur l'esprit de la nation; que l'opinion publique rappelle le meilleur des rois, et repousse le plus odieux des tyrans; que la partie saine de l'armée, qui est encore plus forte qu'on ne pense, est prête à lui échapper; que les vétérans de la démocratie qui l'ont ramené de l'exil sapent déjà son pouvoir en feignant de le servir, et que le plus affidé de ses valets lui cache peut-être un assassin. Cette anxiété qui le tourmente, qui le dévore, qui suffirait seule à consommer sa ruine, au défaut des hommes et de la Providence, se manifeste dans tous les actes de son gouvernement éphémère. Incertain dans ses plans, dans ses moyens, dans ses ressources, il promet, il place, il caresse, il menace; et suivant la nature ou l'objet de ses alarmes, tantôt, c'est un maître absolu qui fait tout flechir sous ses caprices, tantôt c'est un démagogue furieux qui cherche à attiser les passions de la populace pour exciter en faveur du despotisme lés séditions de la liberté. L'instabilité de sa dictature est si évidente à tous les yeux, que la cupidité craint d'y lier sa fortune, que l'ambition craint d'y lier ses espérances, et que la bassesse elle-même hésite, pour la première fois, à se couvrir d'un opprobre de plus. Qu'on n'en doute pas! c'est à la conviction universelle dont je parle que nous avons été redevables de la mo

dération timide et forcée de ses mesures; et le monde sait bien que Buonaparte ne pardonne point, quand Buonaparte peut punir.

Les partisans de Buonaparte qui le servent pour lui, se réduisent donc à un petit nombre d'hommes flétris qu'il a compromis par de grands crimes, ou souillės par de grandes ignominies, et qui ne peuvent rattacher leur hideuse existence à aucun autre ordre de choses. C'est pour la conservation de la fortune et des privilèges de ces exécrables sicaires qu'on forcerait la nation à braver l'effort de l'Europe, et à prodiguer le sang de ses citoyens, et c'est au nom de la gloire qu'on oserait dévouer la patrie aux intérêts de quatre ou cinq misérables dont Sylla n'aurait pas voulu faire des bour

reaux.

Buonaparte ne peut désormais abuser personne en France, car de tous les partis qui ont survécu à nos discordes civiles, le plus facile à tromper a déjà les yeux ouverts sur ses perfidies. Quelques-uns de ces hommes irritables, passionnés et surtout crédules, parce qu'ils sont ordinairement généreux et sensibles; quelques-uns de ces hommes, dis-je, qui ont rêvé pendant vingt ans une république imaginaire, et qui ont poursuivi leurs illusions à travers tous les gouvernemens et toutes les anarchies, avaient senti leurs espérances se réveiller au cri imposteur de liberté que la valetaille de Buonaparte a fait retentir sur son passage. Ils oubliaient que Buonaparte est l'ennemi né de la liberté, l'assassin de la république, et le premier violateur de ces droits sacrés dont nous avons payé si cher la conquête. Ils oubliaient que Buonaparte parlait aussi de liberté quand il détruisait la représentation nationale à

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