Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

revoir au milieu d'eux leur roi tant désiré, dont la plus noire perfidie était venue à bout de les priver: c'est un bon père qui revient au milieu de ses enfans.

Ce monarque si digne d'être chéri, et que des traîtres seuls avaient pu se plaire à rendre malheureux, en le forçant à s'éloigner de ses peuples dont il voulait réparer les calamités, crut devoir annoncer sa rentrée en France, par la peinture naïve et franche des sentimens de son cœur. On les trouve exprimés dans les deux proclamations suivantes; l'une donnée à Cateau-Cambrésis, le 25 du mois de juin; l'autre à Cambrai, le 28 du même mois. Elles sont adressées l'une et l'autre aux Français.

« Dès l'époque où la plus criminelle des entreprises, secondée par la plus inconcevable défection, nous a contraint à quitter momentanément notre royaume, nous vous avons avertis des dangers qui vous menaçaient, si vous ne vous hâtiez de secouer le joug du tyran usurpateur ; nous n'avons pas voulu unir nos bras, ni ceux de notre famille aux instrumens dont la Providence s'est servie pour punir la trahison. Mais aujourd'hui que les puissans efforts de nos alliés ont dissipé les satellites du tyran, nous nous hâtons de rentrer dans nos Etats pour y rétablir la cons

titution que nous avions donnée à la France, réparer par tous les moyens qui sont en notre pouvoir, les maux de la révolte et de la guerre qui en a été la suite nécessaire; récompenser les bons, et mettre en exécution les lois existantes contre les coupables; enfin pour appeler autour de notre trône paternel l'immense majorité des Français dont la fidélité, le courage et le dévouement ont porté de si douces consolations dans notre cœur. »

Signé, Louis.

Seconde proclamation: « Les portes de mon royaume viennent enfin de s'ouvrir devant moi, j'accours pour ramener mes sujets égarés, pour adoucir les maux que j'avais voulu prévenir, pour me placer une seconde fois entre les armées alliées et les Français, dans l'espoir que les égards dont je peux être l'objet tourneront à leur salut: c'est la seule manière dont j'ai voulu prendre part à la guerre. Je n'ai pas permis qu'aucun prince de ma famille parût dans les rangs des étrangers, et j'ai enchaîné le courage de ceux de mes serviteurs qui avaient pu se ranger autour de moi.

<<< Revenu sur le sol de la patrie, je me plais à parler de confiance à mes peuples. Lorsque je reparus au milieu d'eux, je trouvai les es

prits agités et emportés par des passions contraires. Les regards ne rencontraient de toutes parts que des difficultés et des obstacles. Mon gouvernement devait faire des fautes: peutêtre en a-t-il fait. Il est des temps où les intentions les plus pures ne suffisent pas pour diriger, ou quelquefois même elles égarent.

[ocr errors]

L'expérience seule pouvait avertir; elle ne sera pas perdue. Je veux tout ce qui sauvera la France.

« Mes sujet ont appris, par de cruelles épreuves que le principe de la légitimité des souverains est l'une des bases fondamentales de l'ordre social, la seule sur laquelle puisse s'établir, au milieu d'un grand peuple, une liberté sage et bien ordonnée. Cette doctrine vient d'être proclamée comme celle de l'Europe entière. Je l'avais consacrée d'avance par ma charte, et je prétends ajouter à cette charte toutes les garanties qui peuvent en assurer le bienfait.

« L'unité du ministère est la plus forte que je puisse offrir. J'entends qu'elle existe et que la marche franche et assurée de mon conseil garantisse tous les intérêts, et calme toutes les inquiétudes.

« On a parlé, dans les derniers temps, du rétablissement de la dîme et des droits féo

daux : cette fable inventée par l'ennemi commun n'a pas besoin d'être réfutée. On ne s'attendra pas que le roi de France s'abaisse jusqu'à repousser des calomnies et des mensonges: le succès de la trahison en a trop indiqué la source.Si les acquéreurs de domaines nationaux ont conçu des inquiétudes, la charte aurait dû suffire pour les rassurer. N'ai-je pas moi-même proposé aux chambres et fait exécuter des ventes de ces biens? Cette preuve de ma sincérité est sans réplique (1).

<< Dans ces derniers temps, mes sujets de toutes les classes, m'ont donné des preuves égales d'amour et de fidélité. Je veux qu'ils sachent combien j'y ai été sensible, et c'est parmi tous les Français que j'aimerai à choisir ceux qui doivent approcher de ma personne et de ma famille.

Je ne veux exclure de ma présence que ces hommes dont la renommée est un sujet de douleur pour la France et d'effroi pour l'Europe.Dans la trame qu'ils ont ourdie, j'aperçois beaucoup de mes sujets égarés et quelques coupables.

(1) Le Roi, avant l'époque funeste du 20 mars 1815, avait déjà répété plusieurs fois les mêmes assurances. Mais les traîtres feignaient de l'ignorer, et s'efforçaient, de toutes les manières, à pervertir l'opinion publique.

« Je promets, moi qui n'ai jamais promis en vain (l'Europe entière le sait), de pardonner aux Français égarés, tout ce qui s'est passé depuis le jour où j'ai quitté Lille au milieu de tant de larmes, jusqu'au jour où je suis rentré dans Cambrai au milieu de tant d'acclamations.

«Mais le sang de mes enfans (1)a coulé par une trahison dont les annales du monde n'offrent pas d'exemple. Cette trahison a rappelé l'étranger dans le cœur de la France. Chaque jour me revèle un désastre nouveau. Je dois donc, pour la dignité de mon trône

[ocr errors]

, pour l'intérêt de mes peuples, pour le repos de l'Europe, excepter du pardon, les instigateurs et les auteurs de cette trame horrible. Ils seront désignés à la vengeance des lois par les deux chambres que je me propose d'assembler incessam

ment.

« Français, tels sont les sentimens que rapporte au milieu de vous celui que le temps n'a pu changer, que le malheur n'a pu fatiguer, que l'injustice n'a pu abattre. Le Roi dont les

(1) Il faut le dire, cette expression, mes enfans, si paternelle dans la bouche du Roi, a beaucoup étonné les révolutionnaires et les aveugles partisans de Buonaparte, accoutumés à ne voir dans le chef du Gouvernement qu'un despote orgueilleux et sans entrailles.

« ZurückWeiter »