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«En conséquence, le maréchal comman dant en chef croit devoir rappeler à messieurs les gardes nationaux les dispositions de l'ordre du jour du 21, qui les invite à être toujours revêtus de leur uniforme. Il leur recommande encore de se tenir prêts à se réunir au premier signal, au lieu du rassemblement de leur légion. »

Le premier juillet, on affiche un ordre du jour, signé Hullin, qui défend aux habitans de recevoir chez eux aucun militaire français, sous peine d'être punis selon la rigueur des lois.

L'armée anglaise a passé la Seine du côté de Bezons; elle arrive à six heures du matin à Nanterre, deux lieues et demie de Paris, route de Saint-Germain. L'armée prussienne tourne tout le côté opposé par Montreuil pour passer la Marne, au-delà du bois de Vincennes. Le pont de Saint-Cloud est coupé. En sortant de Nanterre l'armée des alliés se porte sur le Calvaire ou mont Valérien, et elle s'empare de cette hauteur qui domine sur tout le pays environnant : il y eut en ce lieu un combat avec une partie de l'armée française. Un autre combat eut lieu à Aubervilliers; on s'attaque, on est repoussé, on revient à la charge dans les maisons, dans l'église; toutes les fenêtres deviennent autant d'embrasures; ce village est

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pris et repris trois fois consécutives, et il reste au pouvoir des alliés. Les vétérans, sortis de Paris, et qui campaient dans la plaine de Montrouge, route d'Orléans, reçoivent ordre de rentrer dans la ville. Les fédérés restent campés dans cette plaine.

Les troupes de ligne reçoivent un mois de paie. Cet argent les met en disposition de se réjouir. On rencontre dans les rues beaucoup de soldats ivres, `soit d'infanterie, soit de cavalerie. Les uns chancellent sur leurs chevaux, les autres ont peine à se soutenir.

Un trentaine de voitures à quatre roues ou à deux ont été prises sur les alliés ; elles entrent à Paris, passent sur le pont-neuf, les quais, et on les dirige sur l'arsenal.

Comme on craignait quelque trouble considérable de la part des malveillans, qui voulaient faire rappeler Buonaparte, et satisfaire leur avidité du pillage, la garde urbaine campe sur les places; où l'on a dressé des tentes. Celle de la onzième légion est sur la place SaintAndré. Les patrouilles font observer le bon ordre.

Les fusils qui avaient été distribués dans les mairies, sont donnés aux fédérés de chaque arrondissement. Leur uniforme est un habit bleu très court, collet jaune, pantalon blanc.

Les corps des généraux Vandamme et Gérard, forts de vingt-cinq mille hommes d'infanterie et dix mille de cavalerie, campent dans la plaine de Montrouge; la cavalerie occupe le bois de Boulogne. Cette armée, qui défend le côté du midi, a plus de cent pièces de canon. Le maréchal Grouchy était du côté du nord avec les troupes qu'il avait ramenées intactes des frontières de la Belgique.

Un placard est affiché sur les murs de Paris, contenant une adresse aux habitans et à la garde nationale, par le préfet de la Seine et le corps municipal. Le peuple y est invité à ne se point désunir.

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Tout le monde ne peut se dissimuler que différens partis ne divisent les habitans de la capitale, et qu'il n'y en ait même deux trèsdistincts dans la garde urbaine. Pour se reconnaître, les uns portent une cocarde dont le blanc domine sur le rouge et le bleu, presque cachés par la ganse du chapeau dans la cocarde des autres, le rouge et le bleu dominent sur le blanc. Quelques disputes s'élèvent souvent à ce sujet; mais les chefs de légion parviennent à les appaiser, en représentant le besoin qu'ont les citoyens de l'union et de la concorde; plusieurs gardes nationaux font leur service sans cocarde, ce qui n'est pas conforme aux réglemens militaires.

Le dimanche 2 juillet. On répand avec la plus grande profusion une adresse de l'armée aux Représentans du peuple, et qui n'est néanmoins signée que d'une douzaine de généraux; entre autres du maréchal-prince d'Eckmuhl, d'Erlon (Drouet); Vandamme, etc.; encore trois officiers supérieurs (MM. Petit et de Lorcet), et même le prince d'Eckmuhl réclamèrent publiquement contre la signature de leurs noms, apposée sans leur consentement. Voici le texte de cette pièce incendiaire, qui ne parut que méprisable aux yeux des bons citoyens (elle est datée du camp de la Villette, près Paris):

« REPRÉSENTANS DU PEUPLE,

« Nous sommes en présence de nos ennemis: nous jurons entre vos mains et à la face du monde, de défendre jusqu'au dernier soupir, la cause de notre indépendance et l'honneur national. On voudrait nous imposer les Bourbons, et ces princes sont rejetés par l'immense majorité des Français (1). Si on pou

(1) MM. les généraux étaient furieusement dans l'erreur : il fallait dire que les trois-quarts de la nation désiraient Louis XVIII, et que l'autre quart n'était

vait souscrire à leur rentrée, rappelez-vous, Représentans, qu'on aurait signé le testament de l'armée, qui, pendant vingt années, a été le palladium de l'honneur français. Il est à la guerre, sur-tout lorsqu'on l'a fait aussi longuement, des succès et des revers. Dans nos succès, on nous a vus grands et généreux; dans nos revers, si on veut nous humilier, nous saurons mourir.

« Les Bourbons n'offrent aucune garantie à la nation (1). Nous les avions accueillis avec les sentimens de la plus généreuse confiance; nous avions oublié tous les maux qu'ils nous avaient causés par un acharnement à vouloir nous priver de nos droits les plus sacrés (2). Eh bien, comment ont-ils répondu à cette confiance? Ils nous ont traités comme rebelles et vaincus. Représentans, ces réflexions sont terribles, parce qu'elles sont vraies. L'inexo

composé que d'intrigans enrichis, que de gens en place, de leurs créatures, de leur laquais et que de militaires égoïstes.

(1) C'est tout le contraire qu'il fallait dire. Quelle garantie pouvait offrir un Buonaparte ?

(2) Que de fausseté dans cette phrase! Vous n'aviez accueilli les Bourbons que pour les trahir. Vos droits les plus sacrés sont d'être soumis à votre Roi, et de ne point vous ériger en juges de ses actions.

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