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La perte de la bataille de Mont-Saint-Jean renversa les trophées que l'orgueil avait élevés d'avance.

coups

Le dimanche 18, directement jour de la catastrophe, tout Paris est réveillé par cent de canons tirés aux Invalides en réjouissance des deux premiers avantages. Les Buonapartistes sont comblés de joie, et illuminent la façade de leurs maisons. Le lundi 19, une lettre anonyme d'un officier de l'état-major, insérée dans le Moniteur, donne des détails extravagans; cinquante mille prisonniers et cent pièces de canon sont tombés au pouvoir des vainqueurs. Cette lettre avait été fabriquée à Paris pour confirmer un très-grand avantage sur les alliés. Le mardi pas de nouvelles; le mercredi 21, même silence. Enfin, vers les cinq heures du soir, un supplément du Moniteur, donne des détails affligeans, il annonce que tout est perdu. Le bruit circule que Buonaparte est mort sur le champ de bataille; d'autres disent qu'il est arrivé à Paris; mais on ne l'a point vu. Les chambres sont assemblées; on s'y porte en foule; les sentinelles doublées de la garde nationale peuvent à peine repousser la multitude. Des groupes se forment au palais royal, et le café Montansier est le point de réunion des fédérés. Tous les postes de la

garde nationale sont doublés, on distribue des cartouches, on charge les armes. Le corps législatif est en permanence; on y délibère,

on y

discute, les membres se déclarent inviolables, et décrètent que quiconque entreprendra de dissoudre les deux chambres, sera mis hors de la loi. La cause de ce décret est, se dit-on tout bas, que Buonaparte, arrivé en secret, cherche à se porter sur les deux chambres avec quelques grenadiers, pour les dissoudre : puis puis on ajoute ensuite que ne se sentant pas en force, il n'ose tenter cette dernière action d'audace contre six cents hommes de la garde urbaine qui font le service auprès des deux chambres.

Le jeudi matin 22 juin. Les nouvelles circulent qué Buonaparte est au palais de l'Elysée; qu'il y est arrivé dans la nuit du mardi au mercredi et presque seul dans une mauvaise voiture. Son retour excite un frémissement général d'indignation. Vient-il enlever notre dernier enfant, disent les mères éplorées? Ses partisans tremblent, ils répandent de l'argent dans les faubourgs; la canaille se rassemble, les fédérés s'y réunissent; le tambour les met en mouvement; ils quittent leurs repaires, et se répandent dans Paris. Ils portent pour trophées de petits arbres ou des branches garnies

de feuilles vertes, en signes de liberté. Ils se jettent dans le palais-royal aux cris de vive l'Empereur. Les têtes s'échauffent, ils insultent ceux qu'ils soupçonnent royalistes; les catés se remplissent, on y hurle les chansons à la louange du héros du jour et la Marseillaise est répétée en chorus. La garde nationale se porte en force sur la place du palais-royal, se forme en pelotons, et se prépare à dissiper les rassemblemens. A neuf heures du soir, le commandant fait entrer la force armée dans le jardin, la range sur une seule ligne en face des galeries de bois; elle marche de front, la baïonnette en avant, et pousse la foule jusqu'au bout du jardin, qui est libre et fermé aussitôt. La même opération s'exécute dans les galeries, et elles se vident peu-à-peu, ainsi que les cafés. Cette mesure sévère de sûreté ne fait pas répandre une goutte de sang: quelques séditieux sont arrêtés et conduits à l'état-major.

Plusieurs insultes sont faites à différens postes, le même jour, dans la nuit. Deux bandes de brigands armés, l'une sortant de la rue des Petits-Augustins; l'autre de celle des SaintsPères, cherchent à surprendre le poste de gendarmerie qui est à la porte du ministre de la police-générale. Les gendarmes en un instant sont sous les armes. Ces brigands annoncent

qu'ils viennent pour relever le poste ; on en informe le Ministre ; il ordonne qu'on les fasse entrer dans la cour; on ferme la porte cochère, ils sont désarmés, et les chefs mis en prison. D'autres brigands entreprennent de désarmer le poste de garde à l'hôtel de la Monnaie; ils insultent la sentinelle, et n'étant pas plus forts, ils se retirent.

les

Pendant la nuit, les patrouilles, très-nombreuses, sont de vingt-cinq à cinquante hommes, et leurs armes sont chargées.

La même nuit, les fédérés tentent de désarmer le poste de la place royale; deux coups de fusil sont tirés, et les assaillans prennent la fuite.

Le vendredi, des soldats ivres parcourent les rues, en criant vive l'Empereur, mais n'insultent personne. Des grouppes se rassemblent sur les ponts et sur les quais, et sont dispersés par la garde nationale.

La nouvelle de l'abdication de Napoléon en faveur de son fils, rassure ses nombreux partisans. Un homme décoré marche à la tête d'un rassemblement ; il est arrêté et conduit à l'étatmajor; il est reconnu pour un séditieux. Les patrouilles sont toujours nombreuses, et maintiennent l'ordre et la tranquillité.

Cependant un gros de fédérés se rend au

palais de l'Elysée, et pénètre dans les cours en criant vive l'Empereur. Buonaparte paraît sur le balcon, et veut parler à la multitude; il ne peut se faire entendre. Son frère Lucien prend la parole: « C'est contre les ennemis qu'il faut marcher, leur dit-il. » Les fédérés applaudissent, et se retirent en tumulte.

Un fort détachement de la garde urbaine, d'environ cinq cents hommes, est campé sur la place Beauveau, en face de la principale porte du palais de l'Elysée, et détache de nombreuses colonnes qui font la patrouille autour de ce palais; la populace les assaille de cris vive l'Empereur, à bas les royalistes, et semble la menacer. Elle reste impassible, et calme l'effervescence. Pendant ce temps, deux gardes à cheval de Buonaparte étaient postés de chaque côté de la porte d'entrée du palais; des' grenadiers de la vieille garde étaient en faction dans le jardin et dans les cours: beaucoup de voitures arrivaient à la filé, remplies de favoris qui venaient faire leur cour au personnage fameux, surtout par sa dernière bataille.

si

Le samedi 24, une proclamation est placardée dans tout Paris, signée du duc d'Otrante, annonçant que des députés sont envoyés vers les princes alliés pour les prévenir

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