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dans la prospérité, pourront s'élever aujourd'hui contre son fils; mais il en est qui lui resteront fidèles. Il y a des hommes dans les deux Chambres, qui voudraient voir ici nos ennemis, qu'ils appelleront bientôt leurs alliés. Mais s'ils rejettent Napoléon II, l'Empereur doit de nouveau, tirer l'épée, s'entourer de son armée, de ses braves, qui, couverts de blessures, criaient encore vive l'Empereur ! Il y a peut-être des généraux qui méditent en ce moment de l'abandonner; mais malheur à tout traître ! Il sera traduit devant les Chambres, et sera noté d'infamie. Il verra ses parens proscrits et sa maison rasée. Eh quoi! nous forçons à l'abdication, celui que nous avons juré de défendre même dans les revers; car il n'est pas un Membre de la Chambre, qui n'ait ajouté ce serment à ceux qu'il a faits à l'Empereur, et nous ne respecterons pas sa dernière volonté! »

Le 26, à midi, Buonaparte partit du palais de l'Elysée, pour aller au château de plaisance, appelé Malmaison. Les vedettes qui étaient à la porte, la garde qui occupait l'intérieur et l'extérieur du palais, se retirèrent dans leur caserne. Ce fut de cette maison que Buonaparte publia la proclamation suivante, qu'il fit insérer dans quelques journaux, et

qui était adressée aux braves de l'armée sous Paris : « Soldats, en obéissant à la nécessité qui m'éloigne de la brave armée française, j'emporte l'heureuse certitude qu'elle justifiera par l'éminent service que la patrie attend d'elle, les éloges que nos ennemis mêmes, n'ont pu lui refuser.

« Soldats, je suivrai vos démarches, quoique absent. Je connais tous les corps, et pas un d'eux ne remportera un avantage signalé. sur l'ennemi, que je ne lui tienne compte de la bravoure qu'il aura déployée. On nous a colomniés vous et moi. Des hommes peu faits pour apprécier nos travaux, ont vu dans les marques d'attachement que vous m'avez données, un zèle dont j'étais seul l'objet. Que vos succès futurs leur apprennent que c'était la patrie, surtout, que vous serviez en m'obéissant, et que si j'ai quelque part à vos affections, je la dois à mon ardent amour pour la France, notre mère commune.

<< Soldats, encore quelques efforts, et la coalition est dissoute. Napoléon vous reconnaîtra aux coups que vous allez porter. Sauvez l'honneur, l'indépendance des Français. Soyez jusqu'à la fin, les hommes que j'ai connus depuis vingt ans, et vous serez invincibles. >> Tous ces complimens n'étaient de que purs

sophismes. Il était impossible qu'une poignée de soldats, malgré toute sa bravoure, triomphât de cinq à six cent mille homme, et fit dissoudre la coalition de tous les Souverains.

Voici des vérités incontestables. Depuis l'abdication de Buonaparte, les effets publics ne firent que hausser de plus en plus : preuve que le commerce regardait comme d'un augure favorable d'être délivré d'un homme qui avait appesanti son sceptre de fer sur toutes les professions. Le premier jour de cette heureuse nouvelle, un agent de change ayant élevé la voix à la bourse pour dire quelle était la cause de l'augmentation des effets publics, toute la salle retentit d'applaudissemens.

La nouvelle de cette abdication, fit aussi une sensation très-agréable en Angleterre. Les fonds publics y montèrent considérablement.

On a observé, qu'en dernier lieu, Buonaparte régna cent jours; et dans ce court espace de temps, il dépensa six cents millions, et fit périr cent cinquante mille Français. Il leva une armée de gardes nationales, de quatre à cinq cent mille hommes; alluma la guerre civile en France, et fut cause que la capitale fut assiégée par deux armées ( d'Anglais et de Prussiens).

Ön lut, dans le Journal de Paris, du 16 juillet, la plaisanterie suivante: « On annonce une vente d'effets pour cause de départ. Parmi divers objets assez curieux, on adjugera à l'enchère et au comptant:

« Plusieurs gradins de sapin ver-moulu et un grand tapis de velours piqué des mouches. Cela servait à faire un trône;

« Un sceptre de fer, brisé en plusieurs

morceaux;

« Une couronne mal raccommodée et qui ne peut plus tenir sur la tête;

« Une main de justice qui n'a jamais servi; « Une excellente paire de pistolets, avec lesquels il est impossible de se tuer soi-même ;

de

Enfin, un traité sur l'avantage des chaises poste pour les retraites militaires. >> Les pamphlets malins et satiriques; les chansons, les épigrammes ne réparaient point les maux affreux qu'avait causés l'usurpateur, mais ils les faisaient oublier pour un instant. On ne pouvait s'en consoler qu'en apprenant qu'il avait purgé le sol français de son odieuse présence; tel était surtout le vœu de la capitale, qui voyait s'approcher des armées formidables, destinées à lui faire éprouver les horreurs d'un siége, et qui craignait que Buonaparte ne restât dans ses murs pour en redou

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bler toutes les calamités, ainsi qu'il l'avait fait dans la malheureuse ville de Leipsic.

Enfin, le bruit se répandit dans Paris, le 28 juin, que l'usurpateur venait de s'éloigner, dans un carosse, accompagné de quelques autres voitures, dans lesquelles étaient M. Bertrand, le duc de Rovigo (Savary), ci-devant lieutenant-général de police, le général Becker, la dame Bertrand et ses trois enfans.

Le général Bertrand est un officier du génie très-distingué, et qui, dans le temps, fit exécuter la majeure partie des travaux d'Anvers. Il avait suivi Buonaparte dans l'île d'Elbe. Une douzaine de généraux, d'officiers supérieurs, un Conseiller d'Etat, avec sa femme et ses enfans, ainsi que plusieurs de ses compagnons, se faisaient un honneur de suivre Buonaparte, et se sont embarqués avec lui pour l'Angleterre. Il faut ajouter à ces personnages, qui lui composaient le cortège d'une espèce de Souverain, une quarantaine de domestiques, secrétaires, etc.

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On assurait, dans ce temps-là, que les membres de la famille Buonaparte devaient être dispersés dans les différens Etats de l'Europe, ainsi qu'il suit Joseph (ci-devant prétenda roi d'Espagne), relégué en Russie; Jérôme (ci-devant prétendu roi de Westphalie ) en

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