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La messe fut célébrée par l'archevêque de Tours, assisté du cardinal de Bayanne, et de quatre autres évêques. Lorsqu'elle fut dite, le chef des hérauts d'armes proclama l'acceptation de l'acte additionnel par le peuple français, que Buonaparte signa alors, action toute simple de la part d'un chef qui devait naturellement approuver son ouvrage ou celui de ses principaux affidés, et dont par conséquent il pouvait se dispenser de jurer l'observation. II prononça un discours astucieux et rempli de mensonges, où l'on remarqua, entre autres, les passages suivans: «< L'indignation de voir les droits sacrés de la France, acquis par vingt-cinq années de victoires, méconnus et perdus à jamais; le cri de l'honneur français flétri; les vœux de la nation m'ont ramené sur ce trône qui m'est cher parce qu'il est le palladium de l'indépendance, de l'honneur et des droits du peuple. »> (Tout cela veut dire que l'intérêt de l'usurpateur était sa suprême loi, et que sans lui la France devait périr.) « Les rois étrangers que j'ai élevés sur le trône, ou qui me doivent la conservation de leur couronne...... dirigent aujourd'hui tous leurs coups contre moi. Si je ne voyais que c'est à la patrie qu'ils en veulent, je mettrais à leur merci cette existence contre laquelle ils se montrent si acharnés. » N'avait-il pas un meil

leur prétexte à alléguer pour mettre sa personne à couvert? Quant à ce qu'il dit des obligations que lui avaient les souverains réunis contre lui, il n'aurait pas dû confondre avec eux le roi d'Angleterre et l'empereur de Russie. Pour les autres monarques, il leur a tant donné de mo tifs de se plaindre, qu'il n'est point étonnant qu'ils aient dirigé contre lui toutes leurs forces.

Cette cérémonie, pour le moins inutile, du Champ-de-Mars, eut encore un autre épisode. L'usurpateur distribua des aigles aux gardes nationales des départemens, aux troupes de terre et de la marine, ce qui n'avait guère de rapport avec l'objet politique de l'assemblée; il vint ensuite, accompagné de tout son cortège, se placer sur le trône très-élevé au milieu du terrain; là, debout, une lorgnette à la main, il considéra quelques instans les troupes qui l'environnaient, et les vit défiler en bon ordre devant lui. Après quoi il se retira avec la même pompe qu'il était venu.

Le 3 juin suivant, se fit l'ouverture de la chambre des Pairs et de celle des Représentans. Les membres qui composaient ces deux chambres, du moins la plus grande partie, étaient entièrement dévoués à l'usurpateur. Par le moyen des préfets et de ses autres agens, il avait tellement influencé les nominations des

collèges électoraux, que la nation française n'était guère représentée que par des fonctionnaires publics, des généraux, des colonels; tous humblement soumis aux volontés du despote, qui, de son côté, avait aussi nommé dans la chambre des Pairs, le plus qu'il lui avait été possible, des hommes dévoués aveuglément à ses intérêts ; et surtout beaucoup de militaires : N'était-ce pas là un moyen assuré de mettre la France dans une étrange confusion?

Mais il fallait forcer, par des mesures rigoureuses, une partie de la France à s'opposer aux armées des alliés ; il fallait attirer sur elle la dévastation, l'incendie et le carnage; le tout pour défendre un usurpateur, un homme qui se jouait de ses sermens, le fléau du genre humain. Ce n'était pas assez de faire périr des enfans dans les champs de bataille, et d'arracher du sein de leurs familles des citoyens paisibles pour les faire marcher aux frontières, ou les renfermer dans les places fortes; il fallait encore métamorphoser en villes de guerre des cités commerçantes, dénuées de remparts, de fossés; et les mettre dans le cas, par une résistance inutile, d'attirer sur elles toutes les horreurs d'un siège, dont leur heureuse faiblesse semblait pour toujours les exempter.

Paris, depuis plusieurs siècles, n'avait d'au

tres murailles que son immense population; mais le tyran ne pouvait se flatter qu'elle lui serait fidèle jusqu'à la dernière extrémité; il résolut de l'y contraindre, en l'entourant de fortifications, qu'elle serait obligée de défendre. Pour cet effet, il ordonna à d'habiles ingénieurs de fortifier les hauteurs de Montmartre, de Belleville, etc. Il les garnit d'une artillerie formidable. Les citoyens étaient contraints d'aller, par corvée, travailler à ces fortifications qui pouvaient leur devenir si funestes.

Buonaparte donna en cette occasion une nouvelle preuve de son ineptie; il s'était toujours annoncé comme très-habile dans le génie militaire, et dans l'art des fortifications; et il ne s'aperçut pas que tandis qu'il croyait mettre Paris en état de défense du côté du nord, il le laissait à découvert à l'autre extrémité.

Les villes frontières depuis Dunkerque jusqu'à Charlemont furent armées et approvisionnées. On éleva des retranchemens dans les différens passages de la forêt d'Argone. Des retranchemens furent construits aux cinq passages des Vosges, et toutes les places de la Lorraine mises dans le meilleur état possible. Tant de travaux devinrent absolument inutiles; pour marcher sur Paris, les troupes alliées prirent des

routes dégagées de tout obstacle. Buonaparte, que ses vils flatteurs traitaient de grand homme, n'aurait-il pas dû prévoir que cette armée si nombreuse s'avancerait vers la capitale, laissant derrière elle nos villes fortes, dont les garnisons n'étaient composées que de gardes nationales, venues de divers départemens, et qui seraient contenues d'ailleurs par l'armée de réserve composée d'Autrichiens et de Russes, jusqu'à ce que cette même armée les forçât de se soumettre, au nom du roi de France?

Mais il se flattait d'en imposer aux puissances de l'Europe qui se proposaient de l'écraser. Cé n'étaient point des forteresses, des citadelles qu'il lui aurait fallu; mais une conduite pleine de sagesse; une âme honnête et énergique, l'amour de la justice et de la bonne foi, et le respect pour les traités. Dans son erreur, dans sa fureur guerrière, il ordonna des travaux immenses à Lyon; une tête de pont aux Brotteaux, un pont-levis et des barricades à la Guillotière, des redoutes entre la Saône et le Rhône, et sur les hauteurs de Pierre-en-Sise et du quartier Saint-Jean, Peu lui importait que cette ville riche et commerçante fût foudroyée par ses propres défen

seurs.

Les places de deuxième et troisième ligne,

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