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Français; on y reconnaissait le langage d'un despote insolent, méprisant le peuple qui l'avait élevé au rang suprême qu'il occupait, et qui aurait cru, pour ainsi dire, se déshonorer, s'il les avait appelés ses enfans. Un cœur féroce et sanguinaire est incapable de reconnaissance et de sensibilité, surtout sur le trône; elles lui sont particulièrement étrangères quand il est né dans la bassesse.

Ecoutons notre bon roi parler à son peuple, le 2 avril, et il avait encore écrit ceci de sa main : « Celui qui vous a trompés pendant dix ans est venu vous tromper encore. Quinze jours se sont à peine écoulés depuis que, par la trahison, il s'est assis sur le trône où vos voeux m'ont appelé, et déjà l'Europe le connaît, et l'Europe indignée s'avance pour l'anéantir. Elle s'avance, Français! ses innombrables phalanges vont bientôt franchir nos frontières; mais l'Europe n'est plus votre ennemie : je vous ai réconciliés avec elle. Désormais vous ne devez plus voir dans ces étrangers, autrefois si redoutables, que des alliés généreux qui viennent vous aider à secouer le joug de l'oppression. Tous les soldats de l'Europe marchent sous le. même étendard, et c'est celui des Lis..

« Affaibli par l'âge et vingt-cinq ans de malheurs, je ne leur dirai point, comme mon

aïeul : ralliez-vous à mon panache blanc; mais je les suivrai de près au champ d'honneur. Français il en est parmi vous qu'une vaine illusion de gloire peut avoir égarés mes bras vous sont ouverts, venez vous y jeter, je croirai que vous ne les avez jamais quittés. Français ! quel est celui de vous qui voudrait porter les armes contre moi? Je ne suis point votre ennemi, je suis votre roi, je suis le frère de Louis XVI. Je viens, comme Henri IV, combattre et vaincre une nouvelle ligue; je viens, une seconde fois, vous rapporter la paix et le

bonheur. »

Signé, Louis.

Ce bon père, pendant ses jours d'absence et de douleur, ne cessait de s'entretenir avec ses enfans égarés, dans l'espoir de leur faire entendre la voix de la raison et du devoir. Il disait aux soldats français, le 10 avril : «< Soldats, que me reprochez-vous? Est-ce moi qui, pendant dix ans, ai constamment acheté la victoire au prix de votre sang?

<< Est-ce moi qui ai couvert tous les champs de l'Europe des ossemens de vos compagnons d'armes ? Vous ai-je abandonné dans les sables de l'Egypte, ou sous les neiges de la Russie? Non, soldats, dans l'exil ou sur le trône, je

fus toujours votre père; sur le trône ou dans l'exil, je ne vis en vous que mes enfans. Je le conçois, dans le repos où s'indignait votre valeur, une fausse lueur de gloire a pu vous égarer au bord du précipice. Si votre erreur n'est que passagère, elle est honorable; mais si elle se prolonge, vous perdez en peu de jours le fruit de dix ans de travaux.

<< Soldats! votre honneur, le bonheur de la France, le repos de l'Europe entière l'exigent, fuyez cet aigle qui dévore les générations; accourez sous la bannière des Bourbons, sous celle des Lis, toujours chère à la nation et respectée de la victoire. Soldats! je vous attends pour vous pardonner : si je viens avec mes alliés, il me faudra punir. >>

*、,།

Signé, Louis.

Le 20 avril, le roi nous fit encore entendre sa voix paternelle. « L'heure de votre délivrance approche; restez paisibles; l'ennemi de la France ne sera bientôt plus, je vous en suis garant. Si la voix de votre souverain légitime a fait quelquefois tressaillir vos cœurs de joie, ne l'oubliez pas, soyez-lui fidèles; il ne veut que votre bonheur s'il pouvait l'obtenir au prix de sa vie, il est prêt à mourir pour le bonheur des Français. >>

Signé, Louis.

Est-ce là le langage d'un mauvais prince? Buonaparte aurait-il pu l'employer, malgré son excès d'hypocrisie? Les expressions tendres et affectueuses qui doivent partir du cœur ne se présentent jamais à l'idée d'un despote. Louis confirma l'assurance de ses sentimens paternels dans sa déclaration du 15 avril, et dont voici les propres expressions:

<< Au moment de revenir au milieu de notre peuple, nous croyons devoir à la face de l'Europe une déclaration solennelle de nos sentimens et des intentions de nos alliés.

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<<< Quand le ciel et la nation nous rappelerent au trône, nous fimes à Dieu et à la France la promesse bien douce d'oublier les injures et de travailler sans relâche au bonheur de nos sujets les fils de Saint-Louis n'ont jamais trahi, ni le ciel ni la patrie. Déjà notre peuple avait retrouvé par nos soins au-dedans l'abondance et le repos, au-dehors l'estime de toutes les nations. Déjà le trône ébranlé par tant de secousses, commençait à se raffermir, lorsque la trahison nous a forcé de quitter notre capitale, et de nous chercher un refuge aux confins de nos Etats.

Cependant l'Europe fut armée, l'Europe fidèle à ses traités ne veut reconnaître pour roi de France que nous; et un million deux cent mille soldats vont marcher pour assurer le re

pos du monde, et délivrer une seconde fois. notre belle patrie. Dans cet état de choses un homme, dont l'artifice et le mensonge font aujourd'hui toute la puissance, cherche à égarer l'esprit de la nation, par des promesses fallacieuses, à la soulever contre son roi légitime, et à l'entraîner avec lui dans l'abîme, comme pour accomplir son effroyable prophétie de 1814: Si je tombe, on saura ce que coûte la chute d'un grand

homme.

« Au milieu des alarmes que les dangers de la France ont fait naître dans notre cœur, la couronne que nous n'avons jamais regardée que comme le pouvoir de faire le bien, eût perdu à nos yeux tous ses charmes, et nous aurions repris avec orgueil la route de cet exil, où vingt ans de notre vie furent employés à rêver le bonheur des Français, si la patrie n'était menacée dans son avenir de toutes les calamités auxquelles notre retour avait mis un terme, et si nous n'étions envers les souverains la plus sûre garantie de la France. Les souverains qui nous donnent aujourd'hui une marque si grande de leur affection, ne peuvent plus être abusés par le cabinet de Buonaparte, dont le machiavélisme leur est connu.

<< Unis par l'amitié et l'intérêt de leurs peuples, ils marchent sans hésiter au but glorieux où le ciel a placé la paix générale et la félicité

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