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leur domicile sans cause légitime, et fera exécuter à leur égard, s'il y a lieu, le décret impérial du 11 mars dernier. »

Quand on lut cet arrêté, lors de sa publication, on se flatta qu'il deviendrait nul avant qu'il fût peu. Aujourd'hui nous nous félicitons de ce qu'on n'en rendra jamais de semblable. A qui avons-nous obligation de cette heureuse certitude? N'est-ce pas au retour du Roi? Les ingrats l'on peut-être déjà oublié..... Mais ce le seul oubli dont ils se soient rendus

n'est pas coupables.

On a attribué à M. le feld-maréchal prince de Blücher, généralissime des armées prussiennes, une déclaration, digne d'être citée après l'arrêté révolutionnaire qu'on vient de lire: elle n'est sûrement pas de M. de Blücher; un si grand capitaine connaît trop la véritable gloire, pour se permettre des menaces aussi vexatoires. La déclaration dont il s'agit, est adressée à MM. les Administrateurs des départemens que doit occuper l'armée prussienne, entrant en France, pour le maintien de la paix de Paris, du 30 mai 1814.

« MESSIEURS,

« Je vous préviens que j'ai nommé des per

sonnes dignes de ma confiance, à l'Administration des départemens que je traverserai en entrant en France, pour le maintien de la paix de Paris.

« J'ai assigné à ces personnes, des forces suffisantes pour faire respecter leur autorité, et je vous engage, Messieurs, à seconder leur administration, en tout ce qui pourra dépendre de vous, pour le bien et la tranquillité du pays.

<< Non-seulement les personnes dont j'ai fait choix, jouissent de l'estime publique et de ma confiance, mais elles connaissent à fond les différentes parties de la France, que j'ai à tra

verser.

« Le pouvoir dont je les ai revêtues dans les districts que je leur ai répartis, embrasse l'Administration totale tant civile que financière.

« Je tiendrai la main à ce qu'il ne se commette aucun excès de la part de mes soldats,

« J'ai donné un ordre du jour qui défend le pillage, sous peine de mort.

« Je ne ferai la guerre qu'à Buonaparte et à ses complices.

<< L'habitant du pays n'aura point à se plaindre de mon armée.

« Je veux que le fléau de la guerre ne soit supporté que par ceux qui nous ont attirés à

vos frontières, en trahissant leur foi et leurs

sermens.

<< J'aurai soin de faire établir des magasins, pour nourrir mon armée dans les bivouacs.

« Ces magasins seront fournis à l'aide de réquisitions, mais dont la valeur sera payée surle-champ, en bons du trésor de France, garantis par mon armée.

« Ces bons seront reçus en payemens des biens que je ferai confisquer sur les fauteurs de Buonaparte, et dont la vente aura lieu sur-lechamp.

<< Nulle autre monnaie ne sera reçue à l'acquisition de ces biens, et nul autre que les Français ne pourra les acquérir.

« Ces biens seront pris non-seulement sur ceux qui suivent Buonaparte, comme soldat de ligne, ou comme garde national, mais aussi sur ceux qui l'aident de ses conseils ou de leur influence.

<< Aussitôt mon entrée en France, je ferai publier à cet effet une déclaration déjà imprimée, qui ordonne à tout soldat réfractaire à son serment, et à tous les Français en général, qui suivent le parti de Buonaparte, de rentrer dans leurs foyers, et il leur sera accordé quinze jours de temps pour s'y conformer.

L'ostracisme le plus absolu sera prononcé

contre tous ceux qui n'obéiront pas strictement à cet ordre, et leurs biens seront déclarés biens nationaux, et mis à l'instant à l'enchère.

« C'est à l'acquisition de ces biens nationaux, que les bons du trésor de France, garantis par mon armée, seront exclusivement reçus.

« Ces bons seront donnés en payement de toutes les fournitures dont l'armée aura besoin, et ils auront valeur numéraire pour l'achat de ces biens confisqués par les droits de la guerre, et dans l'intention la plus paternelle pour la France et pour ses habitans.

« Si, comme je l'espère, la totalité de ces bons n'aurait pas été employée à l'achat de biens confisqués, il sera pourvu à leur remboursement, immédiatement après la guerre, et d'après leur cours au jour du remboursement..

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<< Mon but, messieurs, en vous prévenant de mes intentions, est, que vous en fassiez part à vos concitoyens, afin qu'ils sachent dans quel esprit et à quel fin les alliés reparaissent en France. Contribuez à détruire l'opinion donnée par les avis de Buonaparte, et qu'ils sachent que nous ne venons que pour les affranchir du joug le plus honteux, et remplir envers eux le traité de Paris, en tout ce qui concerne et leurs droits et leur liberté. »

Avec quelle bonté s'exprimait le roi dans ses

proclamations! Le lecteur nous saura sûrement gré d'en rapporter encore quelques-unes. Cet excellent prince disait à l'armée française, et il l'avait écrit de sa main, le 18 mars: «< Officiers et soldats, j'ai répondu de votre fidélité à toute la France, vous ne démentirez pas la parole de votre roi; songez que si l'ennemi pouvait triompher, la guerre civile serait aussitôt allumée parmi nous, et qu'à l'instant plus de trois cents mille étrangers (1), dont je ne pourrais plus enchaîner les bras, fondraient de tous côtés sur notre patrie. Vaincre ou mourir pour elle, que ce soit là notre cri de guerre.

<< Et vous qui suivez en ce moment d'autres drapeaux que les miens, je les miens, je ne vois en vous que des enfans égarés: abjurez donc votre erreur, et venez vous jeter dans les bras de votre père; et j'y engage ici ma foi, tout sera sur-lechamp mis en oubli.

<<< Comptez tous sur les récompenses que votre fidélité et vos services yous auront méritées. »

Signé, Louis.

Ce n'était pas de la sorte que s'exprimait Buonaparte dans ses décrets, où il parlait aux

(1) Le Roi ignorait alors la levée prodigieuse de soldats que devaient faire les alliés.

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