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alliées; fermes dans la sagesse de leurs principes, et résolues de maintenir le traité de Paris, que l'honneur encore plus que la politique, leur faisait une loi de défendre, elles ne voulurent pas même recevoir ses envoyés ou émissaires; ses couriers furent arrêtés sur les frontières; elles refusèrent d'avoir aucune correspondance avec lui. Qu'était-il en effet à leurs yeux, et dans l'opinion éclairée de tous ceux qui savent réfléchir ? sinon qu'un aventurier qui osait enfreindre la convention qu'il avait jurée, et qu'il avait la mauvaise foi de qualifier de ruse de guerre; comme si les sermens et les obligations légalement signés pouvaient être traités de ruse.

Voici la lettre autographe qu'il osa écrire aux souverains, le 4 avril 1815, elle est restée sans réponse :

<< Monsieur mon frère, vous aurez appris dans le cours du mois dernier, mon retour sur les côtes de France, mon arrivée à Paris, et le. départ de la famille des Bourbons. La véritable nature de ces événemens doit maintenant être connue de V. M. Ils sont l'ouvrage d'une irrésistible puissance, l'ouvrage de la volonté unanime d'une grande nation qui connaît ses devoirs et ses droits. La dynastie que la force avait rendue au peuple français, n'était plus faite pour lui. Les Bourbons n'ont voulu s'asso

cier ni å ses sentimens ni à ses mœurs: la France a dû se séparer d'eux. Sa voix appelait un libérateur : l'attente qui m'avait décidé au plus grand sacrifice a été trompée. Je suis venu, et du point où j'ai touché le rivage, l'amour de mes peuples m'a porté jusqu'au sein de ma capitale. Le premier besoin de mon cœur est de payer tant d'affection par le maintien d'une honorable tranquillité. Le rétablissement du trône impérial était nécessaire au bonheur des Français. Ma plus douce pensée est de le rendre en même-temps utile à l'affermissement du repos de l'Europe. Assez de gloire a illustré tourà-tour les drapeaux des diverses nations; les vicissitudes du sort ont assez fait succéder de grands revers à de grands succès. Une plus belle arène est aujourd'hui ouverte aux souverains, et je suis le premier à y descendre. Après avoir présenté au monde le spectacle de grands combats, il sera plus doux de ne reconnaître désormais d'autres rivalités que celle des avantages de la paix, d'autre lutte que la lutte sainte de la félicité des peuples. La France se plaît à proclamer avec franchise ce noble but de tous ses vœux. Jalouse de son indépendance, le principe inviolable de sa politique sera le respect le plus absolu pour l'indépendance des autres nations. Si tels sont, comme j'en ai l'heureuse confiance,

les sentimens personnels de V. M., le calme général est assuré pour long-temps; et la justice, assise aux confins des divers Etats, suffira seule pour en garder les frontières.

« Je saisis avec empressement, etc. >>

Il n'y avait qu'à se fier aux promesses d'un homme qui se jouait de ses sermens et de tout ce qu'il y a de plus sacré, le monde eût été bientôt agité de troubles, et ce tyran universel n'aurait pas manqué de prétextes pour rallumer le flambeau de la guerre! D'ailleurs cette lettre, où il prêche d'une manière si ridicule et où il affecte des sentimens si éloignés de sa pensée, est l'ouvrage de la maladresse et de l'ineptie. Il rappelle aux souverains qu'il cherche à se concilier, les victoires qu'il a remportées sur eux; il a la simplicité de dénigrer la dynastie des Bourbons qu'ils ont rétablie sur le trône de France, et qu'il est de leur honneur d'y maintenir. Il va, tel qu'un lutteur, descendre dans l'arène, pour apporter la paix à l'Europe: cette expression impropre ne lui serait point échappée, s'il eût pensé ce qu'il écrivait.

M. de Caulaincourt, dans une circulaire qu'il adressait aux ambassadeurs, ministres et autres agens de France à l'extérieur, le 30 mars, avait aussi cherché à en imposer sur les sentimens des Français à l'égard des Bourbons, et

sur les intentions de Buonaparte à ne jamais troubler la paix de l'Europe.

M. de Caulaincourt, le 13 avril, fit un rapport sur les dispositions des puissances alliées. Nous n'en citerons que ce passage, qu'on peut regarder comme un morceau historique : « Il était réservé à l'époque actuelle de voir une société de monarques s'interdire simultanément tout rapport avec un grand Etat, et fermer l'accès à ses amicales assurances. Les courriers expédiés de Paris le 30 mars pour différentes cours, n'ont pu arriver à leur destination. L'un n'a pu dépasser Strasbourg, et le général autrichien qui commande à Kell, s'est refusé à lui ouvrir un passage, même avec la condition de le faire accompagner d'une escorte. Un autre, expédié pour l'Italie, a été arrêté à Mayence, et maltraité par le commandant prussien. Ses dépêches ont été saisies par le général autrichien qui commande en chef dans cette place.

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M. de Caulaincourt est forcé, dans ce rapport, de dévoiler à la France que toutes les puissances européennes sont liguées contre elle, à cause de la perfidie de Buonaparte.

Le ministre de la police générale, M. le duc d'Otrante, en adressa aussi un à Buonaparte, le 7 mai, qui est un morceau historique d'au

tant plus curieux, que le ministre y fait connaître l'insurrection de plusieurs départemens, insurrection qui, jusqu'alors, avait été un mystère pour le public.

Un article officiel du Congrès, daté du 28 avril, inséré dans les journaux étrangers, et dont nous allons extraire quelques passages, répondit victorieusement aux sophismes, aux mensonges captieux élevés contre la déclaration du 13 mars (1) par le Gouvernement français. « L'article par lequel on prétend la combattre, y est-il dit, offre l'abus le plus scandaleux qu'on ait jamais fait de la parole et de la raison humaine au milieu d'un peuple éclairé.....

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« Le Congrès n'a point délibéré sur des hypothèses. a proscrit Buonaparte. Cet homme ne peut et ne doit plus trouver un asile parmi les peuples civilisés. Il peut encore moins les gouverner. Tel est le principe de l'acte de proscription lancé contre lui. Il se fonde sur la justice, autant que sur les intérêts légitimes des nations. Il est donc irrévocable.

« On a offert des secours à la nation française et à son Gouvernement (Louis XVIII). On lui

(1) Nous l'avons rapportée plus haut.

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