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plutôt qu'une invasion, par la facilité des peuples à croire les mensonges qu'il leur débitait), l'usurpateur courait toujours en avant la poste dans une calèche découverte, la même qui l'avait conduit de Fontainebleau dans l'île d'Elbe, presque seul, ou avec très-peu de monde. Son escorte ne consistait qu'en quelques lanciers polonais, qui s'étaient montés en route avec les chevaux qu'ils avaient pu se procurer. A quatre heures du matin il arriva à Fontainebleau: son armée était alors de quatre divisions, et composée de plus de vingt mille hommes. hind

Le 25 mars, les souverains alliés signèrent un traité, par lequel ils s'engagèrent à se défendre mutuellement, et à maintenir de toutes leurs forces le traité de Paris.

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Le 19 mars, veille du jour où le Roi sortit de Paris, il ne cessa de déplorer le sort qui menaçait sa capitale et tout le royaume. Ce bon prince se montra au peuple plusieurs fois, comme de coutume; il lui souriait, le saluait, le regardait affectueusement: les cris de vive le Roi! retentissaient de toutes parts, et tous les yeux se remplissaient de larmes, en songeant qu'un prince si digne d'être aimé, éprouvait les plus vives afflictions. A une heure de

l'après-midi, il reparut sur le balcon du côté du jardin, pour la dernière fois; les cris de joie qu'inspirait le plaisir de le voir étaient entre-coupés par des gémissemens, et chacun se retira le coeur gonflé de tristesse, et en s'essuyant les yeux.

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Les nouvelles qui parvenaient au château de moment en moment sur l'approche de Buonaparte, et de la foule des rebelles, firent sentir au roi que toute résistance était inutile, et il ordonna les apprêts du départ. La garde nationale était auprès de sa personne, (et c'était la 11°. alors de service) qui ne l'abandonna point: elle lui fut toujours sincèrement attachée. A minuit, les voitures entrèrent dans la cour. La garde se douta que le prince allait partir, et elle forma des groupes autour de ces voitures. Le roi ne tarda pas à paraître, et leur adressa des expressions de bonté et de regrets: Je ne vous abandonne que pour peu

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temps, os, leur dit-il; je vous reverrai bientôt, Pour la sûreté de ma personne, pour celle de la brave garde nationale, et celle de mon peu ple, je me retire dans une ville de France, où je serai non pas plus aime ni plus chéri qu'au milieu des bons Parisiens, mais où ma personne sera à l'abri des traîtres qui menaçaient mies jours. En achevant de parler de la sorte,

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il embrassa plusieurs officiers, et leur dit adieu les larmes aux yeux : tous les gardes nationaux fondaient en larmes; on baisait ses mains, ses habits, on se lamentait sur le sort actuel d'un si bon prince; enfin, cet excellent monarque partit, en réitérant ses adieux, et en adressant encore à la garde nationale des paroles consolantes. Il était accompagné de sa maison militaire. S'il avait eu un caractère sévère, s'il avait fait justice des perfides qu'il laissa vivre dans Paris, même autour de sa personne sacrée, eût-il été forcé de se réfugier momentanément loin de sa capitale? Les bons princes sont les seuls qui peuvent être malheureux.

Sa Majesté partit le 19 à minuit, et fut suivie une heure après par sa maison militaire, sous les ordres de Monsieur et de Mgr. le duc de Berri.

(Nous allons extraire du Journal Universel, publié à Gand, sous l'autorité du roi, la suite des événemens concernant S. M. et sa famille royale.)

«< Arrivé à Abbeville le 20 à cinq heures de l'après midi, le roi comptait y attendre les troupes de sa maison; mais le maréchal Macdonald ayant rejoint S. M. le 21 à midi, démontra au roi la nécessité de s'éloigner davantage. D'après son rapport, S. M. prit la résolu

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tion de se renfermer à Lille; il envoya à sa maison militaire l'ordre de l'y rejoindre par la route d'Amiens.

« Le 17, on avait reçu une nouvelle désastreuse. Le maréchal Ney (prince de la Moskowa,) que l'on avait envoyé à la poursuite des rebelles, s'était joint à eux; son infâme proclamation (que nous allons rapporter à l'instant) appelait les troupes à partager son déshonneur. Ce maréchal, qui commandait à Besançon, pouvait y seconder les opérations de Monsieur, lorsque ce prince partit le 6 mars au matin pour se rendre à Lyon. Le perfide maréchal vint prendre congé du roi. En baisant la main de S. M., il lui dit avec le ton du dévouement et un élan qui semblait partir de la franchise d'un soldat Si j'atteins l'ennemi du roi et de la France, je le ramènerai dans une cage de fer. L'événement a prouvé quelle basse dissimulation lui inspirait alors le projet d'une perfidie que tous les militaires de l'Europe n'apprendront qu'avec horreur. »

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Voici l'infâme proclamation de cet homme faux et déloyal; elle est adressée aux troupes de son Gouvernement le 3 mars; nous ne la plaçons ici que pour montrer jusques à quel point de perversité peut parvenir ún militaire capable d'oublier les sentimens d'honneur qui

doivent être le partage d'un vrai militaire. « Officiers, sous officiers et soldats! La cause des Bourbons est à jamais perdue. La dynastie légitime que la nation française a adoptée va remonter sur le trône : c'est à l'Empereur Napoléon, notre souverain, qu'il appartient seul de régner sur notre beau pays. Que la noblesse des Bourbons prenne le parti de s'expatrier encore, ou qu'elle consente à vivre au milieu de nous, que nous importe? La cause sacrée de la liberté et de notre indépendance ne souffrira plus de leur funeste influence. Ils ont voulu avilir notre gloire militaire, mais ils se sont trompés: cette gloire est le fruit de trop nobles travaux, pour que nous puissions jamais en perdre le souvenir.

<< Soldats! les temps ne sont plus où l'on gouvernait les peuples en étouffant tous leurs droits : la liberté triomphe enfin, et Napoléon, notre auguste Empereur, va l'affermir à jamais. Que désormais cette cause si belle soit la nôtre et celle de tous les Français ! que tous les braves que j'ai l'honneur de commander se pénètrent de cette grande vérité!

"Soldats! je vous ai souvent menés à la victoire; maintenant je veux vous conduire à cette phalange immortelle que l'Empereur Napoléon conduit à Paris, et qui y sera sous

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