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il s'est privé lui-même de la protection des lois, et a manifesté à la face de l'univers, qu'il ne saurait y avoir ni paix ni trêve avec lui.

« Les puissances déclarent, en conséquence, que Napoléon Buonaparte s'est placé hors des relations civiles et sociales, et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s'est livré à la vindicte publique.

Elles déclarent en même-temps que, fermement résolues de maintenir intact le traité de Paris du 30 mai 1814, et les dispositions sanctionnées par ce traité, et celles qu'elles ont arrêtées ou qu'elles arrêteront encore pour le compléter et le consolider, elles emploieront tous leurs moyens et réuniront tous leurs efforts pour que la paix générale, objet des vœux de l'Europe et but constant de leurs travaux, ne soit troublée de nouveau, et pour la garantir de tout attentat qui menacerait de replonger les peuples dans les désordres et les malheurs des révolutions.

pas

« Et quoique intimement persuadés que la France entière, se ralliant autour de son souverain légitime, fera incessamment rentrer dans le néant cette dernière tentative d'un délire criminel et impuissant, tous les souverains de l'Europe, animés des mêmes sentimens, et guidés par les mêmes principes,

déclarent que si, contre tout calcul, il pou vait résulter de cet événement un danger réel quelconque, ils seraient prêts à donner au roi de France et à la nation française, ou à tout autre gouvernement attaqué, dès que la demande en serait formée, les secours néces saires pour rétablir la tranquillité publique,

et à faire cause commune contre tous ceux

qui entreprendraient de la compromettre....»

Le 18 du même mois, on attribua au congrès une seconde déclaration conçue en ces termes : « Les puissances alliées entreront amicalement en France, et l'arme en bandoulière; elles ne feront pas la guerre à ce royaume, mais au seul homme qui, en violant tous les traités, s'est mis hors de la loi de toutes les nations. En conséquence, elles déclarent: 1o. Qu'elles s'arrêteront dans leur marche aussitôt que Napoléon Buonaparte leur aura été livré; 2o. dans le cas où Buonaparte ne serait pas livré, s'il se trouvait des officiers qui, ayant prêté serment de fidélité au Roi, seraient pris les armes à la main pour le service de Buonaparte, ils seraient à l'instant passés par les armes; 3o. toute ville dont les

citoyens auraient pris part à la résistance faites aux armées alliées, aura une partie de ses habitans passée au fil de l'épée. »

Il est visible que cette déclaration, contenant des menaces de carnage et de mort, n'était point l'ouvrage du Congrès; celui qui l'avait rédigée n'a pu en imposer à personne.

Le 19 mars, Louis XVIII, voyant que, pour le moment, il ne pouvait s'opposer avec succès aux ennemis de la patrie, et que sa personne royale était même exposée, adressa aux Français cette proclamation:

« La divine Providence qui nous a rappelé au trône de nos pères, permet aujourd'hui que ce trône soit ébranlé par la défection d'une partie de la force armée qui avait juré de le défendre; nous pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l'immense majorité des habitans de Paris pour en disputer l'entrée aux rebelles; mais nous frémissons des malheurs de tous genres qu'un combat dans ses murs attirerait sur ses habitans.

« Nous nous retirerons avce quelques braves que l'intrigue et la perfidie ne parviendront point à détacher de leurs devoirs, et puisque nous ne pouvons point défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces et chercher sur un autre point du royaume, non pas des sujets plus aimans et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais

des Français plus avantageusement placés pour se déclarer pour la bonne cause.

« La crise actuelle s'appaisera, nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés dont la défection livre nos sujets à tant de dangers, ne tarderont pas à reconnaître leurs torts, et trouveront dans notre indulgence et nos bontés la récompense de leur retour.

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Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple, à qui nous ramènerons encore une fois la paix et le bonheur.

« A ces causes, nous ordonnons ce qui suit:

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Art. I. Aux termes de l'art. 50 de la charte constitutionnelle et de l'article 4 du titre II de la loi du 24 août 1814, la session de la chambre des pairs et celle de la chambre des députés des départemens pour 1814, est déclarée terminée. Les pairs et les députés qui composent ces chambres se sépareront à l'instant.

« II. Nous convoquons une nouvelle session de la chambre des pairs et la session de 1815 de la chambre des députés.

<< Les pairs et les députés des départemens se réuniront le plus tôt possible au lieu que nous indiquerons pour le siège provisoire de notre Gouvernement.

Toute assemblée d'une ou de l'autre chambre qui aurait lieu ailleurs, sans notre autorisation, est dès-à-présent déclarée nulle et illicite. »

Signé, LOUIS.

Cette proclamation fut affichée dans tout Paris, le 20 mars, à six heures du matin. Dans la soirée de ce jour, elle fut déchirée et arrachée par la populace qui courait les rues en criant vive l'Empereur, et qu'on avait réduite dans un état visible d'ivresse.

Ce placard qui annonçait le départ du Roi, jeta la consternation dans le cœur des bons citoyens. Les honnêtes gens se renfermèrent chez eux, afin de se livrer, au sein de leur famille, à la douleur et aux regrets. Dans ces momens critiques, la garde nationale montra la plus grande activité; des patrouilles nombreuses circulèrent dans les rues de la capitale, et parvinrent à maintenir l'ordre.

Lorsque Buonaparte quitta Lyon, après s'y être reposé deux jours, il était si content de la persuasion qu'il éprouvait de les avoir séduits, qu'il leur adressa ces paroles, qui eussent été si touchantes dans la bouche d'un véritable souverain: Lyonnais, je vous aime. Pendant tout le voyage (car c'en était un,

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