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épouvantables dont la trahison et le parjure vous ont accablés; elle ne peut penser sans terreur à tous les malheurs dont la guerre peut encore vous rendre les victimes. Français, au nom de la patrie, de vos familles, au nom de tout ce que vous avez de plus cher et de plus sacré sur la terre, levez-vous tous; joignezvous à moi pour assurer le triomphe des vues paternelles du meilleur des rois : Français ! le temps est précieux; les armées victorieuses. s'avancent; qu'un mouvement national et l'expression de notre fidélité à notre roi mettent fin à une guerre qui n'a point été entreprise par ambition et par l'amour des conquêtes, mais par la nécessité de sauver la France et l'Europe. Français! arborez l'étendard de la fidélité, et à l'instant vous me verrez au milieu de vous. >>

Signé, MARIE-THÉRÈSE.

S. A. R. le duc d'Angoulême ne fut pas plus heureux dans son expédition en Languedoc. Après avoir lutté avec courage contre les mauvaises dispositions de ses soldats, et livré quelques petits combats, il se vit dans la cruelle nécessité de se rendre à un général de Buonaparte, qui consentit à ce que S. A. R. s'embarqua sur-le-champ; mais les grossiers

paysans des environs voulurent faire la loi à leur tour, et s'opposèrent à son départ, prétendant que le prince devait rester prisonnier de guerre. Il fallut que le général écrivit à Buonaparte, qui venait de rentrer dans Paris. Comme l'usurpateur jugeait à propos alors d'affecter des sentimens d'humanité et de ne vouloir régner que pour la justice ; que d'ailleurs il savait l'horreur qu'inspirait à toute la France le crime qu'il avait commis à l'égard du prince d'Enghien, il répondit au général de laisser embarquer M. le duc d'Angoulême. Ce prince fut conduit avec beaucoup d'égards jusqu'au port de Cette, où il monta un bâtiment suédois frété exprès pour le recevoir, et fit voile pour Cadix, où il arriva le 16 avril.

Tandis que l'auguste maison des Bourbons était en proie aux vicissitudes de la fortune, Buonaparte triomphait pour quelque temps, et chaque jour son invasion lui promettait les plus heureux succès. Avant sa sortie de la seconde ville du royaume, fier des avantages qu'il avait déjà obtenus, il eut l'audace de rendre un grand nombre de décrets, tous dates de Lyon, 13 mars 1815. Le principal de ces décrets était celui qui prononçait la dissolution de la chambre des Pairs et de celle des

Représentans, et ordonnait la réunion des collèges électoraux de l'Empire, à Paris, en assemblées extraordinaires du Champ de Mai, pour arrêter une constitution, et assister en même-temps, disait-il, au couronnement de l'impératrice et du prince impérial.

Le courageux M. Lainé, publia à Bordeaux, au sujet de ce dernier décret, le 28 mars, la protestation suivante :

« Au nom de la nation française et comme président de la chambre de ses représentans, je déclare protester contre tous décrets par lesquels l'oppresseur de la France prétend prononcer la dissolution des chambres. En conséquence je déclare que tous les propriétaires sont dispensés de payer des contributions aux agens de Napoléon Buonaparte, et que toutes les familles doivent se garder de fournir par voie de conscription ou de recrutement quelconque des hommes pour la force

armée.

«Puisqu'on attente d'une manière si outrageante aux droits et à la liberté des Français, il est de tous devoirs de maintenir individuellement leurs droits. Depuis long-temps dégagés de leurs sermens envers Napoléon Buonaparte, et liés par leurs vœux et leurs sermens à la Patrie et au Roi, ils se couvri

raient d'opprobres aux yeux de la nation et de la postérité, s'ils n'usaient pas des moyens qui sont au pouvoir de chaque individu. L'histoire en conservant une reconnaissance éternelle pour les hommes qui dans tous les pays libres ont refusé tous secours à la tyrannie, couvre de son mépris les citoyens qui oublient assez leur dignité d'hommes pour se soumettre à de misérables agens. C'est dans la persuasion que les Français sont assez convaincus de leurs droits pour s'imposer ce devoir sacré, que je fais publier la présente prótestation qui, au nom des honorables collègues que je préside et de la France qu'ils représentent, sera déposée dans des archives, à l'abri des atteintes du tyran, pour y avoir recours au besoin. »

Signé LAINÉ.

« P. S. Après avoir lu le 20 mars dans la salle des séances la proclamation du Roi, au moment où les soldats de Napoléon Buonaparte entrèrent dans Paris, je suis venu dans le pays qui m'a député; j'y suis à mon poste sous les ordres de madame la duchesse d'Angoulême, occupée à conserver l'honneur et la liberté d'une partie de la France, en attendant que le reste soit délivré de la plus

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odieuse tyrannie qui ait jamais menacé un grand peuple. Non, je ne serai jamais soumis à Napoléon Buonaparte; et celui qui s'est vu honoré de la qualité de chef des représentans de la France, aspire à l'honneur d'être en son pays la première victime de l'ennemi du roi, de la patrie et de la liberté, si ( ce qui n'arrivera pas) il était réduit à l'impuissance de contribuer à les défendre. »

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Signé, LAINÉ.

Aussitôt que le Congrès eut reçu la nouvelle de l'invasion de l'exilé dans l'île d'Elbe, il lui opposa, le 135 mars, la déclaration suivante, en attendant la marche des armées de tous les souverains : «< Les puissances alliées qui ont signé le traité de Paris, réunies en congrès à Vienne, informées de l'évasion de Napoléon Buonaparte et de son entrée à mainarmée en France, doivent à leur propre dignité et à l'intérêt de l'ordre social une déclaration solennelle des sentimens que cet événement leur a fait éprouver.

«En rompant ainsi la convention qui l'avait établi à l'île d'Elbe, Buonaparte détruit le seul titre légal auquel son existence se trouvait attachée. En reparaissant en France avec des projets de troubles et de bouleversemens,

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