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teur se découvre dans son décret sur l'amnistie, rendu à Lyon, le 18 mars. Qu'on en juge, le voici :

Napoléon, Empereur des Français, considérant que plusieurs individus ont trahi nous et l'Empire; qu'ils ont appelé l'étranger ou l'ont secondé dans ses projets d'envahissement du territoire, de démembrement de l'Empire, et de subversion du trône impérial en 1814, nous avons décrété ce qui suit: Article I. Amnistie pleine et entière est accordée, 1o. aux fonctionnaires civils et militaires, qui, par des intelligences ou une connivence coupable avec l'étranger, l'ont appelé en France et ont secondé ses projets d'enva hissement; 2°. à ceux qui ont tramé ou favorisé le renversement des constitutions de l'Empire ou du trône impérial.

» Sont exceptés de ladite amnistie, les sieurs Lynch (maire de Lyon); de la Roche-Jacquelin (chef des insurgés de la Vendée); de Vitrolles; Alexis de Noailles; duc de Raguse (le maréchal); Sosthène; de la Rochefou cauld; Bourriène ( qui avait été élevé avec Buonaparte dans l'école royale et militaire de Brienne); Bellart; le prince de Benevent (Talleyrand); comte Beurnonville, comte de Jaucourt; duc d'Alberg; abbé de Montesquiou.

Ils seront traduits devant les Tribunaux, pour y être jugés conformément aux lois, et subir, en cas de condamnation, les peines portées au Code pénal.

« Le séquestre sera apposé sur leurs biens, meubles et immeubles, par les officiers de l'Enregistrement, aussitôt la publication du présent décret. >>

Signé, NAPOLÉON.

Le jeune homme de Vienne, en Autriche, n'était pas la dupe du faux éclat de la gloire, ni de tout le mérite qu'on attribuait à ce prétendu grand homme; il ne vit en lui, que le fléau de son pays, et le tyran du monde entier. Il résolut d'en délivrer sa patrie; mais il succomba dans cette entreprise. Amené devant Buonaparte, celui-ci, affectant un air calme, lui demanda quelle raison il pouvait avoir eue d'entreprendre contre sa vie, et s'il lui avait fait quelque mal dans sa personne ou dans les siens? «<Aucun, répondit l'intrépide jeune homme; j'ai même été quelque temps assez simple, pour ne voir en vous, qu'un héros ami de la liberté des peuples; mais depuis que je n'y ai vu que leur fourbe désolateur, je vous ai détesté autant que je vous ai admiré, et j'ai juré de périr ou de délivrer mon pays.

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Que diriez-vous aujourd'hui, si je vous

faisais grâce?

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Que vous me feriez fusiller demain. » En effet, on le fusilla quelques heures après.

On n'était que trop fondé, dans divers, écrits patriotiques, de le représenter comme un factieux sanguinaire, qui cherchait un appui dans le système d'anarchie et de terreur, auquel nous avons dû les années les plus affreuses de la révolution. La plupart des fonctionnaires qu'il nomma, surtout dans les derniers temps de son règne, n'étaient autre chose que des jacobins dorés. Si les habitans des villes, sur la route qu'il parcourait, le reçurent affectueusement, c'était parce que ses coureurs, ou plutôt ses émissaires, parvenaient à soulever cette lie de la populace à laquelle il ne faut que présenter l'occasion du brigandage, pour la porter à tous les excès.

L'horreur qu'il doit inspirer est peinte avec autant de force que de vérité dans la protestation suivante, adressée aux Français, le 18 mars, par M. Ambroise Rendu, avocat à la Cour royale, inspecteur-général des études:

<< Français, sachez vous estimer, et vengezvous pour la dernière fois de qui ose vous mépriser.

Vingt ans durant, l'Europe a tremblé devant vous.

« Vingt ans durant! Il n'est donc pas nécessaire à votre gloire, cet insensé qui vient aujourd'hui troubler votre repos, et celui de l'Europe!

Sans lui, avant lui, comme avec lui, la France a triomphé: la France unie triomphera toujours.

«Mais parce qu'il fut associé à nos triomphes, il voudrait s'en attribuer l'honneur !

« Ah! c'est au nom de l'honneur, à ce nom cher et sacré, que nous devons tous repousser, chasser, exterminer l'odieux tyran, qui trompa la confiance d'un peuple magnanime, pour lui imposer la servitude, dernier remède de l'opprobre.

<< Chassons, exterminons, au nom de l'honneur, l'homme dénaturé, qui, pour assouvir son ambition, assassina le descendant du grand Condé ; qui, à l'insu des trois cent mille braves qu'il dévouait à la mort, épuisa contre la royale famille d'Espagne, la scélératesse et la fourberie; qui, pour prix de vingt-cinq ans de victoires, réduisit la France à souffrir l'invasion des étrangers; l'homme enfin, que nous avons vomi du milieu de nous, il n'y a pas un an, et qui, dans ce moment même, viole

toutes les lois de l'honneur, se confie au parjuge, espère le crime, invoque la trahison, et dans son profond mépris pour le genre hu main, se flatte que la France sera le prix de

la course.

« Mais non, sa cruelle espérance será trompée..... Il cherche des complices et n'en trouvera plus; car je ne flétrirai pas de ce nom quelques soldats égarés, qui déjà se demandent: Est-ce bien la patrie que nous servirons en le défendant?

<< N'en doutez pas, Français: que ces braves si long-temps fidèles, aperçoivent nos phalanges; qu'ils reconnaissent leurs pères, leurs frères, leurs enfans, marchant contre lui, et ralliés pour toujours à la cause de la France, ils le laisseront seul avec ses crimes, l'objet du courroux céleste et de la haine de l'univers. »

Un vrai soldat français publia, à la même époque, une protestation contre Buonaparte; il suffira d'en citer quelques fragmens. «< Français, nous sommes vos frères, selon la patrie. Nous avons été citoyens avant d'être soldats', et ce titre même, en ajoutant à l'honneur, ajoute au patriotisme. L'intérêt d'une fausse renommée militaire, qui ne tendrait qu'à servir les passions et les vues d'un audacieux usurpateur, ne nous fera jamais manquer au

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