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habitans de la campagne; on les prévenait, en feignant de les plaindre, que les dîmes et les droits féodaux allaient être rétablis ; que le roi, quand il protestait du contraire, avait une arrière pensée, et que le peuple deviendrait esclave des nobles et des prêtres. Ces assertions fausses et criminelles ne faisaient que trop d'impression sur des gens crédules et nulIement éclairés. On leur disait ensuite, comme pour calmer leur désespoir, que Buonaparte, revenu en France, pouvait seul les garantir de l'orage qui grondait sur leur tête. D'un autre côté, les conventionnels, qui craignaient toujours la punition des crimes commis par plusieurs d'entre eux, ou dont ils avaient été les provocateurs, frémissaient en apprenant indirectement qu'une nouvelle Saint-Barthélemy se préparait contre tous ceux qui avaient ensanglanté la France. Ils se rappelaient avec terreur les mesures acerbes de 1793 et 1794: A ces époques désastreuses, quand ils jugeaient à propos de faire périr des hommes honnêtes, mais jouissant d'une fortune objet de leur convoitise, ils faisaient couper pendant la nuit l'arbre de la liberté d'une commune; et le lendemain on publiait qu'une grande conspiration venait d'y avoir lieu; en conséquence, une liste de proscription était signée; on in

carcérait les victimes; le séquestre était mis sur leurs biens, et on les traînait à l'échafaud. Voilà ce que les partisans de Buonaparte auraient voulu faire.

Cet usurpateur du trône français, au milieu de toutes ces intrigues, et des siennes tout aussi dangereuses, traversait les départemens, tel qu'un nuage orageux qui renferme dans son sein la foudre et les tempêtes, tandis que l'habitant des campagnes le regardaient stupidement comme le sauveur de la patrie. Les Lyonnais redoutaient l'approche de cet homme ennemi de toute vertu, et se félicitaient de voir dans leurs murs deux des premiers princes du sang des Bourbons (M. le comte d'Artois et le duc d'Orléans). La garnison de Lyon était composée du 24°. d'infanterie de ligne, et du 13. de dragons; et elle avait été renforcée du 20°. régiment, tiré de Montbrison. Elle pouvait donc opposer une résistance avantageuse, surtout étant secondée par garde nationale, et après que les deux ponts sur le Rhône eurent été barricadés. Mais les régimens parurent très-mal disposés. Le 10

la

le comte d'Artois fit une tentative sur l'esprit des troupes. Il se montra dans tous les rangs, et eut la douleur de ne plus trouver en eux ces braves guerriers toujours prêts à dé

fendre la patrie et leur roi. Afin de les rappeler à de meilleurs sentimens, il présentait la main aux moindres soldats, et leur adressait des paroles flatteuses. Ces militaires dégénérés, loin d'être sensibles aux bontés du prince, gardaient un morne silence, et retiraient leurs mains; ils étaient bien éloignés de joindre leurs voix aux cris de vive le Roi! que faisaient retentir l'escorte du prince et la garde nationale à cheval qui l'accompagnait. S. A. R. adressant la parole à un vieux militaire que des cicatrices et trois chevrons décoraient : « Allons, camarade, un brave militaire comme toi ne peut balancer à crier vive le Roi! —Vous vous trompez, monseigneur, répondit brusquement ce dragon; aucun soldat ne combattra contre son père, et mon seul cri sera vive l'Empereur! Cette grossièreté acheva de prouver au prince et à M. le duc d'Orléans qu'ils n'avaient plus d'autres ressources que de retourner à Paris.

Buonaparte avait trop bien pris ses mesures pour ne pas entrer dans Lyon; il savait que les troupes qu'il rencontrerait sur sa route, séduites par toutes sortes de ruses, et par l'exemple de leurs camarades, ne pouvaient manquer de se ranger sous ses drapeaux. Les poutres et les arbres qui barricadaient le

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de la Guillotière, furent jetés dans le Rhône; et le voilà dans la seconde ville de France.

Mais ses invasions successives dans des départemens où il était de sa politique de ne se présenter que comme ami, ne lui procuraient point l'argent dont il avait besoin pour payer ses troupes et gratifier ses affidés. Ce grand Souverain de l'île d'Elbe, dit un bon Français, lorsqu'il débarqua, n'avait pour tout bien que l'espérance. Il d'ouvrir un emprunt à essaya Lyon; mais banquiers et négocians, tous firent la sourde oreille, ce qui irrita singulièrement Sa Majesté Impériale. Pour remplacer le crédit qu'il n'avait pas, il imagina d'émettre des bons payables sur le trésor impérial à Paris. C'est avec ce papier, qu'il paya ses soldats; c'est avec ce papier qu'il acheta tous les draps, toutes les toiles dont il avait besoin mais ces assignats impériaux ne furent pas du goût de tout le monde.

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Lorsque S. A. R. le comte d'Artois et les généraux qui l'accompagnaient, virent qu'il fallait céder à la nécessité, et abandonner, pour un temps, la défense de Lyon, le Prince ne fut accompagné que d'un seul garde national à cheval, tous ceux qui s'étaient montrés si dévoués pour la bonne cause, n'ayant osé le

suivre. L'hypocrisie de Buonaparte saisit cette occasion d'en imposer au public. ( Alors il feignit d'être généreux et magnanime.) Au moment que les jeunes gens armés de la ville de Lyon, vinrent lui présenter leurs hom. mages, et réclamer l'honneur de garder sa personne, il les reçut avec beaucoup de froideur. « Votre conduite, leur dit-il, envers le comte d'Artois, me fait juger de ce que vous feriez à mon égard, si j'éprouvais un revers. Je vous remercie de vos services. » Il les congédia après les avoir ainsi réprimandés, et fit remettre la décoration de la Légion d'Honneur au généreux citoyen qui n'avait point abandonné le Prince.

Dans ses proclamations astucieuses et hypocrites, il disait avec autant d'orgueil que de fausseté: « Je viens d'éloigner des campagnes pour toujours les souvenirs du régime féodal, du servage et de la glèbe; je ne leur apporte des bienfaits. >>

que

On l'a souvent entendu répéter: « Nous devons oublier que nous avons été les maîtres de l'Europe. Tout ce que des individus ont fait,

ou écrit depuis la prise de Paris, je l'ignorerai toujours.

La véritable façon de penser de l'usurpa

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