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qu'un effet insensible. Il fallait aux hommes opiniâtres, assez égoïstes pour avoir embrassé la cause de l'oppresseur des nations, il fallait l'affreux spectacle d'un déluge de sang, et surtout le sentiment de leurs propres malheurs, pour leur arracher un tardif repentir.

La bonté de Louis lui inspira d'adresser encore cette proclamation aux armées françaises, persuadé qu'elles écouteraient enfin la voix de leur roi, celle de la patrie et de l'hon

neur :

« A NOS BRAVES ARMÉES, SALUT:

<< Braves soldats, la gloire et la force de notre royaume, c'est au nom de l'honneur que votre roi vous ordonne d'être fidèles à vos drapeaux; vous lui avez juré fidélité, vous ne trahirez pas vos sermens. Un général que vous auriez défendu jusqu'au dernier soupir, s'il ne vous avait pas déliés par une abdication formelle, vous a rendus à votre roi légitime. Confondus dans la grande famille dont il est le père et dont vous ne vous distinguerez que par de plus éclatans services, vous êtes redevenus mes enfans, je vous porte tous dans mon cœur; je m'associai à la gloire de vos triomphes, alors même qu'ils n'étaient pas

pour ma cause; rappelé au trône de mes pères, je me suis félicité de le voir soutenu par cette brave armée, si digne de le défendre. Soldats, c'est votre amour que j'invoque, c'est votre fidélité que je réclame : vos aïeux se rallièrent jadis au panache du grand Henri; c'est son petit-fils que j'ai placé à votre tête; suivez-le fidèlement dans les sentiers de l'honneur et du devoir; défendez avec lui la liberté publique qu'on attaque; la charte constitutionnelle qu'on veut détruire; défendez vos femmes, vos pères, vos enfans, vos propriétés contre la tyrannie qui les menace. L'ennemi de la patrie n'est-il pas encore le vôtre; n'a-t-il pas spéculé sur votre sang; trafiqué de vos fatigues et de vos ressources? N'est-ce pas pour satisfaire son insatiable ambition qu'il vous conduit à travers mille dangers à d'inutiles et meurtrières victoires?

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«Notre belle France ne lui suffisant plus, il épuiserait de nouveau la population entière, pour aller aux extrémités du monde payer de votre sang de nouvelles conquêtes. Défiezvous de ses perfides promesses: votre roi vous appelle, la patrie vous réclame. Que l'honneur vous fixe invariablement sous vos drapeaux. C'est moi qui me charge de vous rócompenser; c'est dans vos rangs, c'est parmi

l'élite des soldats fidèles, que je vous choisirai des officiers: la reconnaissance publique paiera tous vos services; encore un effort, et vous jouirez bientôt de la gloire et du repos glorieux que vous avez mérités.

« Marchez donc sans balancer, braves soldats, à la voix de l'honneur., Arrêtez vous. mêmes le premier traître qui voudra vous séduire. Si quelques uns d'entre vous avaient déjà prêté l'oreille aux perfides suggestions des rebelles, il est encore temps qu'ils rentrent dans les sentiers du devoir. La porte est encore ouverte au repentir: c'est ainsi que plusieurs escadrons qu'un coupable voulait égarer, près de La Fère (1), l'ont eux-mêmes forcé à s'éloigner. Que cet exemple profite à toute l'armée; que ce grand nombre de corps restés purs, qui ont refusé de se réunir aux rebelles, serrent leurs bataillons pour attaquer et repousser les traîtres, et persévèrent dans leurs bonnes dispositions. Soldats, vous êtes Français, je suis votre roi; ce n'est pas en vain que je confie à votre courage et à votre fidélité le salut de notre chère patrie. »

Des militaires parjures à leur serment, ne tiennent qu'au chef pour qui ils ont abjuré

(1) Petite ville en Picardie.

leur pays et leur honneur; ils se laissent entraîner par l'espoir d'un avancement prochain, et par l'habitude de la vie tumultueuse des camps et du pillage; d'ailleurs leur chef, tout méprisable qu'il peut être, est un héros, un grand homme à leurs yeux, et il leur serait bien difficile d'obéir à un autre: les soldats d'Attila eussent été de mauvais guerriers sous un général modéré et vertueux.

Louis XVIII eut au moins à se louer du zèle et du dévouement de la garde nationale de Paris. Le 9 mars, S. M. passa la revue des douze légions de cette garde patriotique et guerrière forte chacune d'environ 2,500 hommes; elle présentait alors une masse d'à-peu-près 30,000 hommes d'une belle tenue et dans le meilleur ordre, rangée sur six colonnes dans les cours du château. Les troupes de ligne, infanterie et cavalerie, étaient postées sur la place du Carousel. Comme le roi se trouva incommodé ce jour-là, il parut seulement à son balcon; les cris de joie se firent entendre dans tous les rangs; les soldats citoyens mirent leurs chapeaux au bout de leurs baïonnettes, pour exprimer la satisfaction qu'ils avaient de voir leur monarque chéri. M. le duc de Berri, parcourut les rangs à la tête de son état-major; et les troupes ayant ce prince à leur tête, défilèrent

devant le pavillon du roi, dans le meilleur ordre possible.

Monsieur, comte d'Artois, en qualité de colonel général de la garde nationale parisienne, et de retour du voyage inutile qu'il avait fait à Lyon, en passa en revue les légions dans différens quartiers. Les 11. et 12o. étaient dans le jardin du Luxembourg: elles accueillirent toutes leur illustre colonel avec de grands cris de joie.

Toutes ces marques d'un véritable attachement pour les Bourbons, n'en imposaient point aux agens ou plutôt aux complices de Buonaparte, qui étaient surtout en grand nombre à Paris. Semblables au digne chef qu'ils favorisaient, ils semaient des bruits absurdes et mensongers. La calomnie était le moindre de leurs moyens. Ils faisaient circuler dans les départemens des listes de proscription, dans lesquelles figuraient principalement les acqué reurs de biens nationaux, qu'un massacre général devait envelopper. Ces impudens anonymes adressaient des circulaires aux individus qui avaient occupé des places dans le temps du régime révolutionnaire; et on les avertistissait que bientôt ils seraient tous égorgés. Non contens de ces infâmes mesures, d'autres circulaires anonymes parvenaient aux maires, aux

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