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menacés, s'ils résistaient, de perdre leurs places. Comment se conduisit-il au faîte du pouvoir suprême? comme un homme qui ignorait, qu'il est du devoir d'un prince de faire le bonheur des peuples et de leur assurer continuellement les douceurs de la paix. Son ambition nullement satisfaite par de vastes conquêtes, il tenta de se faire nommer notre Providence; quelques-uns de ses courtisans lui donnèrent en particulier ce titre orgueilleux et ridicule.

Que ne se faisait-il appeler, comme un nouvel Attila, le Fléau de Dieu? Mais n'a-t-il pas surpassé toutes les horreurs commises par les tyrans exécrés dans l'histoire? Les Tibère, les Caligula, les Néron ne firent couler que le sang des Romains: Buonaparte répandit à grands flots celui de toute l'Europe.

Chaque trait de sa vie annonce la férocité de son caractère.

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Il écrivait au général Tilly, après la chute de Robespierre, en date du 20 thermidor an II: J'ai été un peu affecté de la catastrophe de Robespierre le jeune, que j'aimais et que je croyais pur; mais fût-il mon père, je l'eusse moi-même poignardé, s'il eût aspiré à la ty

rannie. "

Un magistrat osait, devant lui, donner quelques signes d'attendrissement sur les malheurs

du peuple : « Un homme d'Etat, lui dit-il, doit << avoir son coeur dans sa tête. »

Il affectait le plus insultant mépris pour les hommes, et son plus grand plaisir était de les outrager. On l'a souvent entendu dire, en présence de ses ministres et de ses grands offificiers: « Le Monarque seul est quelque chose; <<< les autres ne sont que des valets. >>

Après l'affaire de Wagram, il parcourut le champ de bataille et le voyant couvert de morts: «< Voilà, dit-il froidement, une grande consommation. >>

Il appelait les soldats de la chair à canon. Jamais tyran, n'eut moins de respect pour la vie et la propriété des hommes; sa maxime était de dire : « Je suis maître de tout; le der<< nier homme et le dernier écu m'appartien

<<<nent. >>

Parmi les moyens qu'il employait pour se procurer des soldats; il faut citer celui-ci : il faisait fermer les ateliers. Les ouvriers pris ainsi par famine, étaient obligés de s'enrôler comme militaires; abandonnant leurs familles au désespoir. On cite à cette occasion un mot d'un de ses favoris. Il disait à son maître : « Sire, voulez-vous des soldats? il faut que la misère

«

<< augmente. »

Quand on annonça à Buonaparte que l'in

tention du Gouvernement français était qu'il se retirât à l'île d'Elbe; « Pourrai-je, dit-il, y lever << la conscription? »

Avant l'entrée des troupes alliées on percevait aux barrières de Paris des droits sur les bestiaux, que les malheureux habitans des campagnes ramenaient dans l'intérieur de la ville. On croyait que l'esprit du fisc ne pouvait faire mieux; mais il trouva le moyen d'enchérir encore sur cette mesure; en vertu d'ordres supérieurs, lorsque le droit d'entrée était acquitté, on mettait en réquisition les bestiaux, et on les prenait sans payer.

Rien n'était respectable aux yeux de l'usurpateur. Oubliant la reconnaissance qu'il devait au vénérable Pie VII, il le dépouilla de ses Etats, se saisit de sa personne sacrée, le traîna de prisons en prisons; l'abreuva d'amertumes, le frappa même de sa main, parce que le SaintPère voulait rester fidèle à sa conscience et à l'Eglise dont il est le chef suprême. Les cardinaux furent traînés d'exil en exil, réduits à vivre de la charité des fidèles. Le Pape, détenu dans le palais de Fontainebleau, n'était guère moins malheureux, et peu de personnes parvenaient à l'approcher.

Lorsque Buonaparte fut de retour de sa sanglante et désastreuse expédition de Moscou, il

lui vint tout-à-coup en fantaisie de se réconcilier avec le souverain pontife, et de terminer à sa manière toutes les affaires ecclésiastiques il se rendit subitement à Fontainebleau, et feignant les sentimens les plus tendres et même les plus pieux, il conjura son vertueux prisonnier de se rendre à ses ardentes prières. Pie VII, qui le connaissait parfaitement, ne répondit que ce mot: comœdia.

Buona parte, furieux d'être démasqué, se livra au dernier excès de l'emportement; et poussa l'oubli de tous les devoirs jusqu'à porter la main sur le pape, vieillard aussi respectable par la sainteté de sa vie, que par son caractère sacré. Le souverain pontife, avec le même calme, et ce sang-froid de la vertu résignée, ne lui dit que ce seul mot : tragedia.

On peut juger de l'idée qu'il se formait des vertus d'un souverain, par son opinion sur notre bon Henri IV. C'est, disait-il, le roi de la canaille.

Selon le Journal de Paris, un poète trèsdistingué, en parlant de ce personnage, s'écria: Il est même déchu de l'honneur!

Buonaparte avait coutume de dire que les hommes étaient pour le souverain ce que les pions sont pour les joueurs d'échecs. On les

place suivant les chances de la partie; on les jette quand on n'en a plus besoin.

La pensée d'un certain philosophe, est beaucoup plus juste et mieux exprimée : « Tous les hommes, disait-il, sont égaux; ils sont semblables aux pièces du jeu d'échecs; on les met pêle-mêle dans la même boîte, quand la partie est finie. »

Ne crains-tu pas, disait à Buonaparte son frère Lucien, que la France, ne se révolte contre l'indigne abus que tu fais du pouvoir! Ne crains rien, répondit le barbare; je la saignerai tellement au blanc, qu'elle en sera de long-temps incapable.

Une dispute violente s'étant élevée entre Lucien et Buonaparte, au sujet de l'assassinat du duc d'Enghien, petit-fils du prince de Condé; Lucien tire sa montre, la jette à terre, la brise sous ses pieds, et dit à son frère : Voilà comme tu seras écrasé.

Buonaparte faisait transporter par milliers des blessés à Paris, des champs de bataille de la Champagne et de la Brie, sans qu'on eût soin de les panser auparavant, ni même de pourvoir à leur nourriture pendant la route. Quelque horrible que soit ce tableau, lit-on dans le Journal de Francfort, du 4 mai 1814, il n'est rien en comparaison de ce que nous

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