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la bonne heure, dit-il, il ne faut pas que Jean de l'épée se donne une entorse aujourd'hui; il faut qu'avant il soit Jean de Paris. »

Le 5, Buonaparte coucha à Gap avec dix hommes de cavalerie et quarante grenadiers.

Avant de quitter ces habitans, qu'on avait séduits sans beaucoup de peine, il leur exprima en ces termes toute sa satisfaction :

Aux habitans des Départemens des Hautes et Basses Alpes.

"

Citoyens, j'ai été vivement touché de tous les sentimens que vous m'avez montrés; vos vœux seront exaucés. La cause de la Nation triomphera encore (1). Vous avez raison de m'appeler votre père; je ne vis que pour l'honneur et le bonheur de la France. Mon retour dissipe toutes vos inquiétudes; il garantit la conservation de toutes les propriétés. L'égalité entre toutes les classes, et les droits dont vous jouissiez depuis vingt-cinq ans, et après lesquels nos pères ont tous soupiré, forment aujourd'hui une partie de votre existence..... »

On imprima à Digne plusieurs milliers des

(1) Elle vient de triompher pour toujours, le 8 juillet 1815, , par le rétablissement de Louis XVIII sur le trône, le vrai père des Français: mais ce n'est pas comme cela que Buonaparte l'entendait.

proclamations de Buonaparte à l'armée et au peuple français. On trouvera à la fin de notre ouvrage ces étranges proclamations, qu'on peut regarder comme des modèles de mensonges et de fausseté, avancés avec une impudence. dont on n'avait pas eu d'idée jusqu'ici. Voici un passage qui aurait besoin d'un commentaire : «Tout ce que des individus ont fait, écrit ou dit depuis la prise de Paris, je l'ignorerai toujours, cela n'influera en rien sur le souvenir que je conserve des services importans qu'ils ont rendus, car il est des événemens d'une telle nature qu'ils sont au-dessus de l'organisation humaine. >>

Il est probable que Buonaparte prêta sa plume aux généraux et officiers de sa garde qui adressèrent aussi une proclamation à l'armée française. On y trouve le même esprit de fausseté que dans les précédentes, et le même ton d'assu

rance.

Il n'est pas bien prouvé qu'on ait opposé à Grenoble toute la résistance possible, malgré la défection de plusieurs régimens, qui s'empressaient de grossir l'armée de Buonaparte. Il y avait dans cette ville une forte garnison; le ci-devant Empereur y trouva, entre autres, le quatrième régiment d'artillerie de ligne, ce même régiment dans lequel, 25 ans auparavant, Buonaparte avait

été fait capitaine : il était difficile que des guerriers, dont il était si connu, se décidassent à arrêter sa marche; aussi a-t-on prétendu qu'ils n'avaient pas été réunis sans dessein sur son passage.

La porte de Bonne où il s'était présenté se trouva fermée, et comme les clés tardèrent à venir, les sapeurs et les soldats se mirent à l'enfoncer, et l'auraient mise en pièces, si on ne l'eût enfin ouverte.

A son entrée dans Grenoble, le maire et plusieurs fonctionnaires voulurent le conduire à l'hôtel de la préfecture, mais il les remercia, et leur dit qu'il avait à Grenoble un de ses anciens guides, nommé Labarre, qui tenait l'hôtel des trois Dauphins, et que son intention était de loger chez ce brave, parce qu'il y avait bien des années qu'il ne l'avait vu. Il venait à peine de s'établir chez son nouvel hôte, lorsqu'un grand bruit l'attira sur le balcon; les habitans vinrent au bruit des fanfares déposer sous le balcon des trois Dauphins, les débris de la porte de Bonne, qu'ils avaient chargés sur leurs épaules, et l'un d'eux s'écria : « Napoléon, nous n'avons pu

t'offrir les clés de ta bonne ville de Grenoble; mais en revanche voici les portes. >>>

En quittant Grenoble, Buonaparte ne manqua pas d'adresser aux habitans du département de

l'Isère une proclamation, où il représentait, suivant sa coutume, la France très - malheureuse sous le Gouvernement de Louis XVIII, et l'appelant à grands cris pour changer sa destinée.

Comme dans sa marche de Grenoble à Lyon, sa voiture allant toujours au pas, était environnée d'une foule de paysans criant des chansons qui exprimaient leur sot enthousiasme, le cidevant Empereur, extrêmement flatté, leur adressa ces paroles : « Ah! je retrouve ici les sentimens qui, il y a vingt ans, me firent saluer la France du nom de la grande Nation. Oui, vous êtes encore la grande Nation, et vous le serez toujours. » La flatterie était aussi un de ses moyens. Ce ne fut le 6 mars, que dans l'après dîner, qu'un bruit sourd annonça les premières nouvelles que Buonaparte était débarqué sur les côtes de Provence. Cette nouvelle parut quelque temps douteuse, à cause des croiseurs répandus sur les parages entre l'île d'Elbe et la France. Lorsqu'on en eut acquis la plus grande certitude, par les lettres qui arrivèrent en foule, on se rassura en songeant au petit nombre de troupes qui l'accompagnait, et personne ne douta qu'on apprendrait bientôt son entière défaite, sa prise ou sa mort. On était loin de s'attendre à la défection des généraux et des soldats, accoutumé que l'on était à regarder le militaire français comme

été fait capitaine : il était difficile que des guerriers, dont il était si connu, se décidassent à arrêter sa marche; aussi a-t-on prétendu qu'ils n'avaient pas été réunis sans dessein sur son

passage.

La porte de Bonne où il s'était présenté se trouva fermée, et comme les clés tardèrent à venir, les sapeurs et les soldats se mirent à l'enfoncer, et l'auraient mise en pièces, si on ne l'eût enfin ouverte.

A son entrée dans Grenoble, le maire et plusieurs fonctionnaires voulurent le conduire à l'hôtel de la préfecture, mais il les remercia, et leur dit qu'il avait à Grenoble un de ses anciens guides, nommé Labarre, qui tenait l'hôtel des trois Dauphins, et que son intention était de loger chez ce brave, parce qu'il y avait bien des années qu'il ne l'avait vu. Il venait à peine de s'établir chez son nouvel hôte, lorsqu'un grand bruit l'attira sur le balcon; les habitans vinrent au bruit des fanfares déposer sous le balcon des trois Dauphins, les débris de la porte de Bonne, qu'ils avaient chargés sur leurs épaules, et l'un d'eux s'écria: « Napoléon, nous n'avons pu t'offrir les clés de ta bonne ville de Grenoble; mais en revanche voici les portes. »

En quittant Grenoble, Buonaparte ne manqua pas d'adresser aux habitans du département de

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