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périalistes croyaient encore à la possibilité d'une pacification générale, ou du moins ils cherchaient à se faire illusion sur les dispositions de l'Europe. Napoléon, depuis son débarquement, n'avait cessé de dire à tout ce qui l'entourait, qu'il était certain du prompt retour, à Paris, de l'impératrice et du roi de Rome; on a même vu qu'il annonçait leur couronnement dans son décret sur l'assemblée du Champ-de-Mai. Il avait écrit de Lyon à l'impératrice. Une nouvelle lettre lui fut adressée de Paris. Mais ces deux missives demeurèrent sans réponse. La chronique scandaleuse des cours prétend que déjà Marie-Louise avait non-seulement oublié ses devoirs d'impératrice, mais encore ses devoirs d'épouse. Lorsque la déclaration du congrès de Vienne fut connue en France, l'empereur essaya, au moyen d'une ruse assez grossière, d'en atténuer l'effet. Il en fit contester l'authenticité par le Moniteur. Après la journée du 20 mars, tous les ambassadeurs des grandes puissances s'étaient retirés, sans vouloir répondre aux ouvertures du duc de Vicence. Enfin, le 4 avril, Napoléon envoya aux souverains une lettre circulaire autographe, qui était le manifeste de sa politique extérieure. Il comptait beaucoup sur cette pièce longuement méditée, qui traçait une ligne profonde de démarcation entro l'ancien et le nouveau régime impérial.

LETTRE AUX SOUVERAINS.

« Monsieur mon frère, vous aurez appris, dans le cours du mois dernier, mon retour sur les côtes de France, mon entrée à Paris, et le départ de la famille des Bourbons. La véritable nature de ces événements doit maintenant être connue de Votre Majesté. Ils sont l'ouvrage d'une irrésistible puissance, l'ouvrage de la volonté unanime d'une grande nation qui connaît ses devoirs et ses droits.

« La dynastie que la force avait rendue au peuple français,

n'était plus faite pour lui. Les Bourbons n'ont voulu s'associer ni à ses sentiments ni à ses mœurs. La France a dû se séparer d'eux. Sa voix appelait un libérateur. L'attente qui m'avait décidé au plus grand des sacrifices avait été trompée. Je suis venu, et du point où j'ai touché le rivage, l'amour de mes peuples m'a porté jusqu'au sein de ma capitale.

<< Le premier besoin de mon cœur est de payer tant d'affection par le maintien d'une honorable tranquillité. Le rétablissement du trône impérial était nécessaire au bonheur des Français, ma plus douce pensée est de le rendre en même temps utile à l'affermissement du repos de l'Europe. Assez de gloire a illustré tour à tour les drapeaux des diverses nations. Les vicissitudes du sort ont assez fait succéder de grands revers à de grands succès. Une plus belle arène est aujourd'hui ouverte aux souverains, et je suis le premier à y descendre. Après avoir présenté au monde le spectacle de grands combats, il sera plus doux de ne connaître désormais d'autre rivalité que celle des avantages de la paix, d'autres luttes que la lutte sainte de la félicité des peuples. La France se plaît à proclamer avec franchise le noble but de tous ses voeux. Jalouse de son indépendance, le principe invariable de sa politique sera le respect le plus absolu pour l'indépendance des autres nations. Si telles sont, comme j'en ai l'heureuse confiance, les sentiments personnels de Votre Majesté, le calme général est assuré pour longtemps, et la justice assise aux confins des divers États suffira seule pour en garder les frontières.

« Je saisis avec empressement, etc.

Paris, le 4 avril 1845.

« Signé : NAPOLÉON. »

Les souverains alliés demeurèrent insensibles à ces ouvertures. Le 25 mars, un pacte avait été signé au congrès de Vienne, conformément à la déclaration du 13, renouvelant

TOME V.

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et développant les stipulations du traité de Chaumont. Lorsque le duc de Vicence fit connaître au congrès que, pour maintenir la paix, Napoléon acceptait les bases du traité dit de Paris imposé aux Bourbons, une conférence eut lieu, dans laquelle furent discutées les trois questions suivantes: 1° La position de Bonaparte vis-à-vis des puissances de l'Europe a-t-elle changé par les premiers succès de son entreprise, et par les événements qui se sont passés depuis son arrivée à Paris? 2° L'offre de sanctionner le traité de Paris peut-elle modifier les dispositions des puissances? 3o Est-il nécessaire de publier une nouvelle déclaration? Ces questions furent résolues négativement à l'unanimité, et les alliés préparèrent leurs moyens d'attaque pour une campagne prochaine. Le duc de Wellington fut nommé général en chef de l'armée européenne, à la formation de laquelle la Russie devait concourir pour quatre cent mille hommes, l'Autriche pour deux cent cinquante mille, la Prusse pour cent dix mille, les Anglais et les Hollandais pour quatre-vingt mille, la landwer allemande pour quarante mille, et la Suède pour trente mille. De son côté, Napoléon s'occupa de mettre sur pied ses armées. Tous les anciens soldats furent rappelés sous les drapeaux; on créa douze régiments de la jeune garde. Les régiments furent réorganisés sur quatre bataillons complets et un cinquième bataillon de cadres. Le 10 avril un décret ordonne la formation des bataillons des grenadiers et chasseurs de la garde nationale, pris parmi les hommes de vingt à quarante ans, qui doivent s'habiller et s'équiper à leurs frais. Cent quatre de ces bataillons sont mis en activité, à la disposition du ministère de la guerre. Tout Français payant un minimum de 50 francs de contribution est tenu de s'armer d'un fusil de calibre, avec sa baïonnette et sa giberne. Paris est fortifié du côté du nord, et un grand nombre de citoyens concourent aux travaux de défense, soit par des dons, soit par des corvées volontaires, en aidant les ouvriers à creuser les fossés, à élever les retranche

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