Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

qui seront remis ces mandats, seront tenus de les mettre à exécution sur le champ, sous peine de destitution.

4. Les membres du comité ne pourront ordonner l'arrestation d'aucun individu, sans être au nombre de sept, et qu'à la majorité absolue des voix.

5. Les individus arrêtés comme suspects seront d'abord conduits dans les maisons d'arrêt du lieu de leur détention; à défaut de maison d'arrêt, ils seront gardés à vue dans leurs demeures respectives.

6. Dans la huitaine suivante, ils seront transférés dans les bâtimens nationaux que les administrations de département seront tenues, aussitôt après la réception du présent décret, de désigner et faire préparer à cet effet.

7. Les détenus pourront faire transporter dans ces bâtimens les meubles qui leur seront d'une absolue nécessité; ils y resteront gardés jusqu'à la paix.",

8. Les frais de garde seront à la charge des détenus, et seront répartis entre eux également : cette garde sera confiée de préférence aux pères de famille et aux parens des citoyens qui sont ou marcheront aux frontières. Le salaire en est fixé, par chaque homme de garde, à la valeur d'une journée et demie de travail.

9. Les comités de surveillance enverront sans délai, au comité de sûreté générale de la Conven

tion nationale, l'état des personnes qu'ils auront fait arrêter, avec les motifs de leur arrestation, et les papiers qu'ils auront saisis sur elles.

10. Les tribunaux civils et criminels pourront, s'il y a lieu, faire retenir en état d'arrestation, comme gens suspects, et envoyer dans les maisons de détention ci-dessus énoncées, les prévenus de délits à l'égard desquels il serait déclaré n'y avoir pas lieu à accusation, ou qui seraient acquittés des accusa¬ tions portées contre eux.

Visé par l'inspecteur. Signé PÉRARD.

No XIV.

Lettre de Richer Serisy, rédacteur de l'Accusateur Public, à un grand seigneur.

Mais oses-tu penser que les Serviliens,

Les Cosses, les Métels, les Pauls, les Fabiens,
Et tant d'autres enfin de qui les grands courages
Des héros de leur sang sont les vives images,
Quittent le noble orgueil d'un sang si généreux,
Jusqu'à pouvoir souffrir que tu règnes sur eux?
Parles, parles, il est temps.

CORNEILLE.

Abandonné, monsieur le duc, à la témérité des jugemens publics, et aux effets qui en sont la suite ordinaire, vous ne répondrez, je n'en doute point,' que pour désavouer un projet aussi criminel qu'il

est insensé; et déjà je me reprocherais la familiarité du début, si je ne savais que, comme poëte et fier républicain, j'ai sous ce double titre le droit de tutoyer les princes et les dieux.

Je n'abuserai pas cependant du privilége; puissai-je même préserver cet écrit du ton aigre et morose bien naturel à celui qui parle au fils de Philippe. Il est difficile pour un bon Français, dans sa haine implacable, de pouvoir les séparer l'un de l'autre : le nom du fils nous rappelle les forfaits du père. Je vous laisse méditer cette idée, qui peut être de quelque poids dans la balance de l'ambition.

Cependant, monsieur le duc, l'alarme est universelle; depuis quelque temps des journaux de l'intérieur et de l'étranger, qui n'ont point été désavoués par le gouvernement, et qui devaient l'être, s'ils étaient mensongers, répandent sans relâche les bruits les plus étranges.

Sur ce trône réduit en poudre, nageant dans le sang de son maître, de deux femmes et de trois millions de Français; sur ce trône qui ne serait plus qu'une infâme sellette pour l'usurpateur sans pudeur et sans âme qui oserait s'y asseoir devant le grand jury du genre humain, se présentent pour y monter, nous dit la sottise, et le prince Isidore, et l'archiduc Charles, et Yorck, et Brunswick, et vous, monsieur le duc.

Sans croire absolument à tous ces bruits populaires, la prudence aussi me prescrit, dans une

révolution si féconde en crimes et en phénomènes, de ne pas non plus absolument les rejeter. Je vais , donc supposer un moment leur réalité, examiner leurs fondemens, les moyens, les dangers, l'impossibilité du succès ; et parlant à vous, monsieur le duc, convaincre vous et vos prétendus rivaux de l'inanité de ces atroces projets.

Depuis une longue année que nous gémissons sous la Constitution nouvelle, nous ignorons, dans son inertie, si c'est à elle ou bien aux hommes qui nous gouvernent que nous devons les maux dont nous sommes la proie. Dans cette désolante incertitude, des secousses violentes agitent l'intérieur; les conspirations se multiplient sous les livrées du patriotisme; parmi les complices dont les chefs restent constamment ignorés, se rencontrent parfois les cliens stipendiés de votre père; quelquesuns même, revêtus du pouvoir, se déclarent hautement les ennemis de la Constitution nouvelle : une tendre prédilection pour certains émigrés nous étonne, lorsqu'un acharnement inhumain pour certains autres nous révolte; l'un pleure de joie au seul nom de la Constitution de 93; celui-ci prône celle de 91. L'abbé de Beaugénie, du haut des nuages, nomme la dernière ba bé bi bo bu; et tous à l'envi semblent vouloir entraver sa marche, el, pour la rendre odieuse, ajouter à nos misères.

Au milieu de ce flux et reflux de factions et de désastres, une lettre vraie ou simulée de la femme

perverse qui présida à votre enfance, est jetée habilement parmi nous : celui-ci vante vos vertus, qui sont encore à naître, cet autre peint votre déplorable misère, et il ignore sans doute quels sont les trésors que votre père plaça sur les banques étrangères. Le Faublas est convenu de crier parfois contre vous moyennant des appointemens honnêtes. Bavius feint de vous hair, lorsqu'il presse avec respect vos traits chéris que recèle, sous le secret, sa bonbonnière d'écaille noire; et tous vous représentent errant douloureusement sous le beau ciel de Philadelphie, quand depuis votre fuite vous n'avez pas quitté l'Europe, Hambourg et les villes du nord, où vous trouvez des appuis. Un vaisseau suédois, nous dit-on, vient recueillir vos deux frères; non que je désapprouve l'hospitalité sainte ; mais le duc de Sudermanie, ce mystérieux régent, tendre allié d'abord de la France, neutre aujourd'hui, demain son ennemi, est grand-maître de l'ordre des franc-maçons au nord, comme Philippe l'était à l'orient.

Si l'on considère ensuite votre conduite envers le chef et les princes de votre famille, l'on vous voit constamment éloigné, ne faire aucun effort pour vous réunir à eux, comme si le premier prince du sang, disent les royalistes, ne devait point y trouver sa place, ne devait point trouver grâce en faveur de sa jeunesse et de son repentir.

Que si j'examine ce projet sous des couleurs fa

« ZurückWeiter »