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saient ailleurs, et défendue par le triple bou clier de la puissance, deslumières et de l'esprit public (1).

Tant que la France ne parviendrait pas à subjuguer l'Angleterre et la Russie, l'indépendance des autres états de l'Europe conservait toujours deux ancres sur lesquels leur résistance pouvait se former et s'affermir.

L'Angleterre fidèle à ses principes avait déjà fait sentir au cabinet d'Autriche que le traité de Campo Formio n'était qu'une honteuse collusion et une transaction d'autant plus humiliante pour lui, qu'elle l'avait dépouillé d'une partie très réelle de ses états pour des indemnités illusoires.

De son côté le premier consul, qui regrettait toujours ses conquêtes d'Italie, ne songeait qu'à les ressaisir, et employait à cet effet les pamphlets, les insinuations, les promesses et tous les genrés de corruption, dont il avait fait une étude approfondie. Des agents envoyés par lui à Gènes, à Milan, à Florence, à Turin ne cessaient d'exciter les gouverneurs à la guerre contre les Français, et les peuples à la révolte contre leur gouvernement. Chaque jour on im

(1) Le camp de Boulogne en 1804, et la campagne de Moscou en 1812, ont mis ces deux vérités au grand jour.

primait dans le Moniteur un manifeste rempli d'injures contre l'Autriche; chaque jour on faisait partir pour l'Italie tantôt des brochures incendiaires, dans lesquelles on peignait l'Autriche comme un vautour altéré de sang, et tantôt des chansons, dans lesquelles on la représentait comme expirante et prête à tomber dans l'abîme que son ambition avait creusé sous ses pas. Les peuples d'Italie sont plus souples, mais beaucoup moins crédules que celui de Paris. Ils savent prendre leur parti devant la force qui exige leur soumission, mais ils refusent nettement de croire à l'imposteur qui leur débite des absurdités.

Il leur parut absurde que les français encore teints du sang qu'ils avaient versé à Milan, à Pavie, à Lugano, etc., et chargés des dépouilles qu'ils avaient extorquées par les moyens les plus violents, leur prêchassent de Paris une doctrine de modération qu'ils n'avaient jamais mise en pratique, et rejetassent sur l'Autriche, les vols, les massacres, les emprunts forcés, le pillage, dont ils s'étaient rendus coupables pendant les trois années qu'ils avaient gouverné militairement l'Italie (1). Ils s'en souve

(1). On trouve dans le Mercure britannique, No. X, un relevé fort étendu, et qu'on assure authentique, des sommes que

naient, et l'Autriche accusée par Buonaparte fut acquittée par eux.

La guerre n'en fut pas moins déclarée, ou, pour parler comme l'histoire, la guerre continua avec plus d'ardeur que jamais. Moreau qui avait déjà passé le Rhin, reçut ordre d'aller combattre le prince Charles : et Buonaparte partit de Paris le 15 floréal an VIII, à trois heures du matin, pour aller se mettre à la tête de l'armée de réserve, qui marchait à grands pas vers l'Italie.

les Français ont enlevées d'Italie pendant trois ans. (Voyez les Pièces justificatives, No. I.)

CHAPITRE II.

"Campagne du premier consul en Italie; Bataille de Marengo.

L'ARMÉE autrichienne, sous le commandement du feld - maréchal, M. de Mélas, manœuvrait en Piémont, dès les premiers jours d'avril, pour empêcher la jonction des généraux français, Suchet, Miollis et Masséna. Savone venait d'être prise; et par une nouvelle méthode de faire la guerre, le général Suchet ordonna à la garnison retirée dans la citadelle de brûler la ville, si l'ennemi ne l'évacuait sur le champ (1). La garnison aima mieux se rendre et Savone fut sauvée de l'incendie. De son côté Miollis fut attaqué et battu dans la rivière du Levant. Masséna, surnommé le fils aîné de la victoire, ne fut pas plus heureux à Nice et à Conegliano. Obligé de se retirer dans Gènes, il y soutint avec honneur un siége long et meurtrier.

(1) Voyez la lettre du lieutenant-général Suchet, dans le Moniteur, floréal an VIII.

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Il était temps que le premier consul vînt avec son armée de réserve rétablir les affaires en Italie. L'ennemi, maître de la Corniche et du Mont-Cénis, ne lui avait laissé d'autre chemin à prendre que celui du Grand-SaintBernard, au pied duquel il arriva dans les dernier jours de floréal (le 12 mai 1800).

A la vue de cette haute montagne, qu'il fallait escalader, l'armée française hésita. « Soldats, s'écria le général Berthier, l'armée » du Rhin remporte des victoires éclatantes; » celle d'Italie, commandée par le premier ❝ consul en personne, laissera-t-elle flétrir ses

lauriers? non, non, vous êtes toujours les >> braves qui se sont illustrés dans les armées. >> Les grandes promesses et de larges distributions d'eau-de-vie suivirent cette proclamation, les grenadiers donnèrent l'exemple de l'audace, toute l'armée les suivit et la montague la plus escarpée des Alpes fut escaladée, en huit beures.

Ce fut le premier prodige de cette campagne, et non le seul. Il était même plus difficile de descendre la montagne que de la gravir. La descente était à pic, à travers des précipices et des crevasses formées par la fonte des neiges. Le froid était excessif, la route n'était point tracée. Comment faire descendre des chevaux,

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