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débarque avec les généraux Berthier, Murat, Lasnes, Marmont, Bessières et Andréossy, et les trois savants Bertholet, Monge et Arnaud.

Son départ d'Egypte fut un secret pour son armée, et peut être regardé comme une lâche désertion de son poste, ainsi que l'en accusa depuis l'infortuné Kléber, qui a payé de sa vie sa courageuse franchise. On sait qu'il fut assassiné par un Arabe; mais tout le monde crut que la main de cet Arabe avait été conduite par Buonaparte.

Voici, au reste, en quels termes l'administration générale du Var a raconté l'histoire de son arrivée.

<< Buonaparte ayant pris la résolution de revenir en Europe, ne confia son dessein qu'au général Berthier, chef de son état-major, et de plus, son historiographe. Il donna ordre en même temps au vice-amiral Gantheaume d'armer les frégates la Muiron et la Carrière, l'aviso la Revanche et la tartane l'Indépendance, sans toutefois lui dire les motifs de cet

armement.

» Cela fait, il adressa un billet cacheté à tous ceux qu'il voulait emmener, avec ordre de ne l'ouvrir que tel jour, à telle heure, et sur le

bord de la mer.

» Le 5 fructidor était le jour fixé

pour l'em

barquement; tous ceux qui avaient reçu le billet l'ouvrirent au lieu désigné, et y trouvèrent l'ordre de s'embarquer sur-le-champ: ils obéirent sans délibérer, laissant leurs chevaux sur la plage et leurs effets dans leur tente.

» Lorsque tout le monde fut à bord, on fit l'appel: deux étrangers s'étaient glissés dans le vaisseau de Buonaparte; ils furent reconnus et remis à terre. On lève l'ancre, les vaisseaux sont sous voile, mais les vents contraires ne permettent de sortir d'Aboukir que le 7.

» Au moment de partir, Buonaparte laissa à l'adresse de Kléber un paquet qui ne devait être ouvert que vingt-quatre heures après, et dans lequel celui-ci devait trouver sa nomination au commandement de l'armée d'Egypte et quelques avis sur la manière de se conduire.

» Le même bonheur qui l'avait accompagné dans sa première traversée, le fit échapper aux croiseurs anglais et aux tempêtes de la Méditerranée.

» Il arriva le 9 vendémiaire à Ajaccio sans avoir fait aucune rencontre. Les vents contraires le retinrent dans cette ville où il avait pris naissance, jusqu'au 15 du même mois. Le 16, il débarqua à St.-Rapheau; deux heures après il était à Fréjus. Le 17, à six heures du soir, il se mit en route pour Paris avec le général

Berthier et les trois savants que nous avons nommés plus haut. En comptant la relâche de sept jours en Corse, son trajet s'est exécuté en cinq semaines.

Avant de le suivre dans la vaste carrière où dès ce moment il s'élança avec une inconcevable audace, nous croyons devoir revenir sur nos pas, et raconter succinctement l'histoire des premières années de cet homme, que l'antiquité n'eût pas manqué de mettre au rang des monstres fabuleux, mais qui, sous quelque point de vue qu'on le considère, a laissé de profondes traces après lui.

CHAPITRE IV.

Histoire des premières années de Buonaparte. NAPOLÉON, Ou Maximilien Buonaparte, naquit à Ajaccio, en Corse, le 15 août 1769 (1), de Charles Buonaparte, d'abord huissier, puis procureur du roi dans la même ville, et de Lætitia Raniolini, qui pouvait passer pour une jolie femmé dans sa jeunesse.

Malgré les bontés dont M. de Marbeuf, commandant dans l'île pour le roi, ne cessa de combler sa famille, il suça avec le lait et il a nourri toute sa vie la haine que la plus grande partie de ses compatriotes ont vouée à la France (2).

(1) Nous n'ignorons pas que cette date est contestée, et postérieure, dit-on, de dix-huit mois à celle de sa naissance. Pourquoi se rajeunissait-il de dix-huit mois ? Pour se donner un air français, attendu qu'en 1767 la Corse n'était pas encore réunie à la France. Cette raison nous paraît bien légère pour motiver un faux; mais pour un homme qui, pendant toute sa vie, s'est fait un jeu de la foi publique et des lois les plus respectées parmi les hommes, un faux de plus ou de moins n'est qu'une goutte d'eau dans l'Océan.

(2) Les Romains ne voulaient pas de Corses pour esclaves, Lisez le portrait que Juvenal nous a laissé de ces insulaires. 8 Brum. Ire. p.

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M. de Marbeuf l'avait pris en amitié et daigna le traiter comme son fils. Il l'envoya à l'âge de huit ans au collège d'Autun, puis à l'école militaire de Brienne, et enfin le fit recevoir à celle de Paris, en 1783, pour y achever ses études.

Il avait la conception lente et l'esprit paresseux. Sa jeunesse n'eut rien d'extraordinaire qu'un goût assez marqué pour les jeux militaires, et une extrême aversion pour la société de ses camarades (1). Il s'était arrangé dans un coin de terrain abandonné, un petit jardin fermé de palissades, dans lequel il allait toujours seul, et toujours d'humeur farouche, passer tout le temps de ses récréations.

Il était sous-lieutenant dans le régiment de la Fère (artillerie) lorsque le tocsin de la révolution sonna. Il en adopta tous les principes. Il se tourna contre le roi, aux dépens de qui il avait toujours été élevé, vêtu, nourri. Tous les vices sont dans le coeur de l'ingrat, a dit un moraliste ; et Buonaparte l'a prouvé.

(1) Il fut soupçonné d'avoir empoisonné une jeune fille qu'il avait séduite; la protection de M. de Marbeuf et le défaut de preuves empêchèrent qu'on ne le chassât du collége de Brienne; mais il en fut question, et M. le comte Dupont, ators' son camarade, pourrait, dit-on, donner quelques renseignements à ce sujet.

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