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de la révolution qui a placé cet homme à la tête du gouvernement, n'est point connue. Il a trouvé le secret de n'en laisser transpirer que ce qui convenait à son orgueil et à ses desseins. Il crut pouvoir étouffer la vérité, comme il avait étouffé la lumière. Il supprima tous les journaux, dont les auteurs, doués de courage et de talent, excitaient sa défiance et ses inquiétudes. Sa police eut ordre de surveiller avec une minutieuse attention, les théâtres, les cafés, les gens de lettres et leurs ouvrages, les maisons d'éducation et l'enseignement public; les poètes, les historiens, les libraires, les imprimeurs; en un mot, les hommes et les choses qui pouvaient mettre le moindre obstacle à ses vues, à ses projets, à son ambition. Il s'ensuivit que tous les canaux de la vérité furent obstrués, que tous les faits furent altérés, que tous ceux qui avaient quelque chose à dire, furent contraints de se

taire, et que tous ceux qui avaient quelque chose à savoir, restèrent dans une ignorance complète, ou, ce qui était encore plus déplorable, n'apprirent que des fables et furent la dupe des plus grossières impostures.

C'est pour détromper les uns et pour éclairer les autres, que nous publions aujourd'hui les documents que nous avons recueillis dans le temps et sur la scène même des événements.

Nous avons vu ce que nous avons écrit ; mais nous n'avons pas écrit tout ce que nous avons vu. Quelque indépendante que soit notre plume, nous avons senti que nous étions encore trop près de certains événements pour les bien voir, et de certains hommes pour les bien juger.

Cette première partie de notre ouvrage était achevée, et aurait pu paraître il y a quatorze ans. On s'apercevra aisément que nous ne savons pas décrire froidement des

proscriptions et des massacres, et nous ne nous en défendons pas; mais nous dirons,

en même temps, que si nos réflexions sont quelquefois empreintes d'un peu d'amertume, jamais nos récits n'ont été souillés de l'ombre même du mensonge. Nous avons cherché de bonne foi la vérité et nous l'avons dite avec franchise, sans autre intérêt que celui d'en rétablir les droits, et de faire connaître à nos concitoyens abusés, et aux nobles étrangers qui sont venus nous délivrer, par quels degrés de profonde astuce, de méchancetés combinées, d'infidélités de toute espèce, cet homme était parvenu à nous enchaîner avec des chaînes d'acier, après nous avoir hébêtés dans le cercle hideux de ses superstitions politi

ques.

DU DIX-HUIT BRUMAIRE

ET DE BUONAPARTE.

CHAPITRE Ier.

Agonie de la république française. Le directoire expirait dans les convulsions; l'assemblée législative s'égarait de plus en plus dans des routes inconnues; tous les partis, fatigués de leurs propres fureurs, attendaient un changement; la France, déchirée dans tous les sens, soupirait après un libérateur.

Depuis la fatale journée, connue dans nos fastes révolutionnaires sous le nom de 18 fructidor, la France était soumise au pouvoir d'un avocat encyclopédiste, devenu par les plus misérables intrigues l'un des membres du directoire. Ses collégues n'étaient que ses acolytes: Barras s'occupait de ses plaisirs; La ReveillèreLepaux, de sa nouvelle religion; Reubell, de ses trésors Merlin gouvernait en effet.

Il serait fort inutile aujourd'hui de recher

proscriptions et des massacres, et nous ne nous en défendons pas; mais nous dirons,

en même temps, que si nos réflexions sont quelquefois empreintes d'un peu d'amertume, jamais nos récits n'ont été souillés de l'ombre même du mensonge. Nous avons cherché de bonne foi la vérité et nous l'avons dite avec franchise, sans autre intérêt que celui d'en rétablir les droits, et de faire connaître à nos concitoyens abusés, et aux nobles étrangers qui sont venus nous délivrer, par quels degrés de profonde astuce, de méchancetés combinées, d'infidélités de toute espèce, cet homme était parvenu à nous enchaîner avec des chaînes d'acier, après nous avoir hébêtés dans le cercle hideux de ses superstitions politi

ques.

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