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quels on se donnait à lui, et conférer en retour, avec les emplois (honores), les bénéfices ou fiefs. L'assemblée du printemps se tenait dans la Cour; l'assemblée de l'automne, moins nombreuse, et qui avait pour objet les choses du Trésor, ainsi que les affaires qui n'étaient point proprement d'Etat, mais plutôt d'administration intérieure et ordinaire (1), dut se tenir dans la Chambre.

La Cour fut le lieu de justice; la Chambre, demeure du Prince, centre de sa puissance, dépôt de son trésor, fut le lieu de faveur et de grâce. De là le pouvoir attribué souvent à la Chambre des Comptes jusque dans le XIVe siècle, en fait de concessions et rémissions.

Des deux éléments primitifs de la souveraineté, le roi et ses fidèles, le roi, avec le temps, devint de plus en plus fort. Représentant surtout de la foule des petits et des opprimés, peu à peu et par cela même, ce fut dans sa demeure, centre de toutes les plaintes et de toutes les espérances, que de plus en plus résida le pouvoir. De la Cour (forum), le gouvernement passa par degrés à la Chambre royale.

A la Chambre royale avait été préposé, sous l'autorité du Sénéchal, ministre universel, un Chambrier ou chambellan. Un temps vint où

(1) Tacit. Germ: « De minoribus rebus principes consultant, de majoribus omnes. >>

le Sénéchal se trouva réduit à présider, le båton de force et de correction en main (1), aux choses de la Cour, aux choses de guerre et de justice, bientôt partagées encore entre des officiers différents et, avec le titre de Maître de l'hôtel (hospitium), qui en dernier lieu demeura le sien, à l'administration de l'hospitalité royale. Les vivres seuls restèrent sous sa garde; le Chambrier, avec la clef qu'il portait au cou, eut le trésor proprement dit (2),

(1) Le bâton marquait la puissance; c'est pourquoi on mettait en possession par la tradition d'un bâton, et on dépossédait en le rompant (erfusticare). Le Grand Maître de l'Hôtel rompait son bâton sur le cercueil du roi défunt. Ce bâton portait de petites pommes ou boutons noirs et d'or alternatifs (V. Favyn, des Off. de la Cor., p. 135), rappelant les nœuds de la clava, qui fut la première arme et par suite le sceptre.

(2) Probablement avant lui le Bouteiller, bulicularius, garde du cellier, dont la Chambre, originairement, ne dut pas être distinguée. C'est pourquoi le Bouteiller de France fut jusqu'au XVe siècle président de la Chambre des Comptes. Du Haillan, de l'Est. des aff. de Fr., fo 299 b: « Le grand Bouteiller ou Eschançon de France a jadis esté un grand et honorable estat, mesmes contendoit de prérogative avec le connestable... et prenoit cent sols de chaque prélat de fondation royalle à sa promotion, quand il faisoit son serment de fidélité, et à cause de son office estoit l'un des deux présidents en la Chambre des Comptes, comme appert par ordonnance du roy Charles sixiesme. Et en l'Estat de Philippes le Long, le sire de Suilli, grand Bouteiller de France, estoit souverain en la Chambre des Comptes. » A. Duchesne, Antiq. et Rech. de la Fr., p. 669 : « En un vieux bouquin de la Chambre, intitulé Pater, en recitant divers droicts qui appartenoient au grand Bouteiller, on adjouste qu'il estoit souverain des Comptes. »

par suite le dépôt des titres du pouvoir et de ses actes.

Garde du trésor, le Chambrier, par une conséquence immédiate, eut d'abord dans son ministère la réception des hommages, et, par suite encore, dès qu'aux serments se joignirent des monuments qui en rappelaient la teneur, la réception et la conservation de ces monuments.

On appelait quelquefois la Cour, qui réunissait les hommes du roi, du nom de tinel, vieux mot (1) qui désignait le grand vase autour duquel tous, leur service fini, venaient, à l'ordre du Sénéchal, prendre place au royal banquet. On appelait souvent le trésor ou la Chambre, le vestiaire : c'en devint effectivement le principal que les vêtements qui y étaient amassés, non-seulement à l'usage du roi, mais aussi à l'usage de ses hommes (2). Et de là la part que le Chambrier prenait à la réception des hommages. L'hommage consistait dans la promesse qu'on faisait par serment qu'à la condition du vivre et du vêtement fournis par le seigneur, on serait son homme, ou son soldat, prêt à le servir, à l'assister en toute œuvre de justice et de guerre, en sa cour et

(1) Ducange, v. Tine ls, et A. Duchesne, Antiq. et rech. de la Fr., p. 554.

(2) Le trésor des églises, par un motif semblable, était souvent appelé aussi vestiarium, revestier.

en campagne (in curte et in campo). Celui qui prêtait hommage quittait d'abord son cheval, ensuite son vêtement, recevait du Sénéchal, sous lequel il devait combattre, un nouveau cheval; du Chambrier, garde du vestiaire, et après le bain, symbole d'un dépouillement et renouvellement total, un nouveau vêtement (vest, investiture). Le vêtement était de couleur royale, de pourpre ou d'écarlate; de là les manteaux rouges des chevaliers, des membres du Parlement, de tous ceux qui, à l'origine, avaient été, par l'hommage juré, les hommes du roi. On renouvelait ces vêtements avec les saisons: c'est ce qu'on appelait livraisons ou livrées; et jusqu'à la fin, tous ceux qui par leurs fonctions étaient comptés pour être commensaux ou convives du roi, eurent le droit qu'on appelait de « bouche à cour (1) et robe de livrée. Ce fut donc, originairement, la charge du Chambrier que d'assister à l'hommage, et, aux temps antiques, de déposer dans le Trésor les symboles qui en furent les premiers monuments (2);

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(1) Ducange, v. Buccellarius, cliens, verna, qui patroni panem edit, buccio, parasitus. Vassus, buccellarius, conviva, trois synonymes. Lehuerou, Instit. caroling., p. 149.

(2) L'investiture se fit d'abord par la tradition des symboles du pouvoir (bâton, anneau, couronne, etc.); plus tard s'y adjoignit la carta traditio, qui enfin de

puis, lorsque le temps vint, surtout, où l'hommage fut prêté, non plus pour le vivre et le vêtement seuls, mais pour tels ou tels fiefs qui devaient en tenir lieu (1), et qu'il fallut énoncer par écrit, ce fut lui encore qui reçut de la main des vassaux, pour les serrer au plus profond de la Chambre, les cédules de leurs engagements. Ce fut lui, et en même temps ceux du conseil public avec l'assistance desquels il exerçait sa charge, qui durent, au besoin, tirant de la Chambre ces cédules, réclamer l'exécution des obligations qu'elles contenaient; ce fut lui, par conséquent, qui en dut avoir et garder le dépôt. Et même après que le Chambrier eut perdu la plus grande partie de ses attributions, ce furent ceux à la tête desquels il avait autrefois veillé au trésor, et à qui demeura le soin des comptes, furent les « Gens des comptes » qui demeurèrent principalement chargés de la conservation des hommages, aveux, dénombrements, principaux titres du domaine, premier fonds du Trésor des Chartes royales, et même, par suite,

ce

meura seule. Il en fut de même pour tous les contrats. La matière des archives consista donc d'abord en symboles réels, et plus tard seulement en monuments écrits.

(1) Lehuerou, Instit. caroling., p. 138, 142, 149. Souvent, au lieu de terres, de simples pensions (fiefs de camera).

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