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lement ouvertes qu'on ajoutait et collait au bout les unes des autres, et qui formaient ainsi ces longues bandes qu'on roulait ensuite et que l'on appela, en conséquence, dans l'antiquité des volumes (volumina, eiλirápia), au moyen âge des rôles (rotuli) [1]: ce furent les premiers registres. Les suppliques, au contraire, étaient pliées en plusieurs pages et réduites ainsi au petit format des tablettes ou livrets qu'on portait avec soi pour y consigner ses notes (memoriales libclli); de là le nom de libelli ou cahiers par lequel on désignait spécialement les demandes. Quant aux rapports adressés à l'autorité par ses ministres, originairement la forme en fut celle des lettres patentes, qu'on roulait, mais qu'on ne pliait pas. Telles furent, jusqu'à César, les lettres des consuls et des proconsuls au Sénat. César, le premier, adressa au Sénat des lettres ployées en manière de cahiers, de livrets de notes (2).

Sans doute le motif en fut le développement que prenait alors la correspondance administrative, et qui obligeait d'en réduire les pièces à un moindre volume, et, d'une manière gé

(1) En Angleterre, le Garde des archives était appelé Maître des rôles, et cette dénomination subsiste encore. (2) Sueton., Cæs., 56: Epistolæ quoque ejus ad senatum exstant quas primum videtur ad paginas et formam menorialis libelli convertisse, cum antea consules duces non nisi transversa charta scriptas mitterent.

nérale, de se départir de la solennité incommode des anciennes formes. Des lettres du Sénat ou des empereurs, une partie, au moins, dut aussi, avec le temps, se rapprocher de la forme qu'avaient prise d'abord les seules lettres privées. Et enfin les registres mêmes finirent par être pliés en cahiers, et aux volumes proprement dits, ou rôles, succédèrent généralement les codes (codices). Les expéditions seules des décisions conservèrent, la plupart du temps (1), la forme ouverte, patente. Les papiers correspondants aux différentes sections du dépôt des actes du pouvoir et de leurs annexes prirent donc de plus en plus la forme qui n'avait appartenu d'abord qu'aux lettres privées et familières; ils ne laissèrent pas pour cela d'être considérés, à raison de leur nature et des objets auxquels ils se rapportaient, comme des éléments plus ou moins importants, mais tous nécessaires, des archives publiques.

6. En Angleterre, on eut de tout temps des archives pour les titres qui devaient servir aux perceptions et aux comptes : c'était le dépôt de l'Echiquier; des archives pour les actes de l'autorité : c'était le dépôt de la Tour.

(1) Certains actes impériaux eurent aussi le nom et sans doute la forme de codicilli.

Lorsque l'administration fut devenue plus vaste et plus complexe, on reconnut la nécessité de recueillir les correspondances par lesquelles les actes s'expliquent et se complètent : on créa, sous le règne d'Elisabeth, le dépôt des papiers d'Etat (State papers' office). Dans ce dépôt, il y eut deux divisions principales : dans l'une, les lettres originales adressées aux souverains de l'Angleterre, depuis le règne d'Henri VIII, et les minutes des lettres écrites par ces souverains; dans l'autre, les correspondances des ministres et des ambassadeurs.

7. En France, un même dépôt, ordinairement dénommé le Trésor des chartes, priviléges et lettres du roi, dut contenir d'abord les titres de l'autorité renfermés dans les lettres patentes et publiques de concessions ou d'hommages et les autres documents analogues qui lui étaient adressés : c'étaient les originaux que contenaient, que que contiennent encore les Layettes, et auxquels il faut joindre les registres de copies de titres, ou cartulaires; en second lieu, les actes de cette autorité, les lettres patentes émanées d'elle : ce sont les transcriptions qui composent la plus grande partie des Registres (1), les registres de la Chancellerie.

(1) A partir du registre XXXIV, qui commence à l'année 1302, la grande année des réformes administratives de Philippe le Bel. Bordier, Arch. de la Fr.,

Mais, de plus, à cette seconde division, dès le temps, à peu près, où elle fut constituée aussi régulièrement que la première, on commença de joindre une partie au moins des lettres missives, annexes et pièces justificatives des lettres patentes, des actes proprement et en tout sens publics.

Dans les inventaires du Trésor des Chartes que Du Tillet publia au XVIe siècle, on voit que le Trésor des Chartes contenait, par exemple, les instructions adressées par le Dauphin, depuis Charles V, aux ambassadeurs qu'il envoyait, en 1418, au roi Henri d'Angleterre (1); celles de Charles VII à ses ambassadeurs auprès de Henri VI d'Angleterre, en 1439, etc. (2). Parmi les papiers déposés au Trésor des Chartes, comme appartenant aux archives royales, par la veuve du trésorier Robertet, il se trouve des lettres missives de différents souverains, du cardinal d'Amboise, etc. (3). -8. De ce qui précède, il résulte que les chartes qui constituent les titres d'un pouvoir sont les

p. 149. Les registres du Trésor des chartes, en y comprenant ceux qui sont à proprement parler des cartulaires, seraient au nombre de 294, si la collection était complète; il y en a 273 aux Archives de l'Empire, 5 à la Bibliothèque impériale, et 16 sont perdus.

(1) Ibid. p. 341.

(2) Ibid. p. 367.

(3) Voyez l'inventaire de ces papiers aux Archives de l'Empire, Trésor des chartes.

premiers éléments de ses archives, puis le recueil de ses actes, puis enfin tous les documents officiels qui en forment le complément, et que si, de ces éléments divers du Trésor général des papiers publics, une grande partie est encore aujourd'hui disséminée en dehors de ce Trésor, ce n'en est pas moins un droit, ce n'en est pas moins un devoir de les rechercher partout où ils se trouvent, et de les réunir tous, autant que possible, au grand corps auquel ils ont toujours virtuellement appartenu. Et de là, enfin, cette conséquence qu'il convient de transférer aux Archives de l'Empire les pièces d'archives de toutes espèces et de toutes formes que renferment nos dépôts littéraires et particulièrement celui qui en possède incomparablement le plus grand nombre, c'est-à-dire la Bibliothèque impériale.

On en peut dire autant des pièces qui se trouveraient à la Bibliothèque impériale et qui auraient appartenu ou dû appartenir aux archives de quelqu'une des autorités publiques secondaires de l'ancienne France, dont les papiers, lors de la fondation des Archives de l'Empire, ou de celles auxquelles elles ont immédiatement succédé, leur ont été régulièrement dévolus.

9. Quent aux chartes, diplômes et autres

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