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une autre à un petit théâtre de société, et le théâtre fut transformé en salle de danse, sous le nom de Prado, qu'il conserve encore.

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RUE DES CHANTRES. Au-dessus de la grande porte d'une maison située rue des Chantres, no 1, et dont la principale façade donne sur le quai Napoléon, on lit l'inscription suivante, barbouillée en lettres jaunes sur un fond vert:

ABÉLARD, HÉLOÏSE HABITÉRENT CES LIEUX.

Dans l'intérieur de la cour, on lit aussi :

ABÉLARD, HÉLOÏSE, 1118.

Les bâtiments qui entourent la cour paraissent très-anciens. Un escalier en spirale, dont les marches en bois ont tous les caractères d'une vétusté de plusieurs siècles, a peut-être été témoin des tendres adieux des deux illustres amants. On croit aussi qu'une petite pièce qui donne sur cet escalier, était ce fameux cabinet de travail d'Héloïse, où, selon Abélard, «il avait plus souvent la main au sein qu'aux livres. » Le reste de cette maison est évidemment récent et n'accuse pas une existence de plus d'un siècle.

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PLACE DES BARNABITES. A cette place était la maison du père de Jean Châtel, qui attenta à la vie de Henri IV, le 27 décembre 1594.

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RUE DE LA CALANDRE. Dans la maison de cette rue, portant aujourd'hui le no 10, vint au monde, à ce que l'on assure, saint Marcel, évêque de Paris. Pendant le jour de l'Ascension, le clergé de NotreDame, portant en procession la châsse de ce saint, faisait une station devant cette maison.

RUE DES MARMOUSETS.- Suivant une tradition très-ancienne, il y avait dans cette rue un barbier qui coupait la gorge à quelques-uns de ceux qu'il rasait et livrait leurs corps à un pâtissier, qui en faisait des pâtés dont il avait un grand débit. Ces crimes ayant été découverts, le barbier et le pâtissier furent punis de mort, leurs maisons rasées et une pyramide érigée en leur place, et qui a été détruite. Par lettres patentes de 1536, François Ier donna à Pierre Balut, conseiller au parlement, cet emplacement pour y faire bâtir.

RUE DU MILIEU-DES-URSINS. Dans cette rue a demeuré Guillaume des Ursins, l'un des plus grands magistrats et des plus vertueux ci

toyens dont l'histoire de France fasse mention. Il vivait à cette terrible époque du quinzième siècle, lors des luttes des maisons de Bourgogne et d'Orléans, connues sous les noms des Armagnacs et des Bourguignons. Chancelier de France pendant ces grands désastres du royaume, il rétablit l'ordre dans les affaires, réprima les abus de la féodalité, lutta contre la tyrannie du duc de Bourgogne et les entreprises du duc d'Orléans. A la mort de Charles VI, lorsque l'infâme Isabeau de Bavière et ses amants princiers eurent vendu Paris aux Anglais, ces derniers dépouillèrent Guillaume des Ursins de ses biens, et l'on vit l'impassible vieillard sortir de son hôtel, dont l'entrée principale se trouvait dans la rue Haute-des-Ursins, et en haillons, nu-pieds, aller chercher au loin un refuge pour sa femme et ses onze enfants.

Son frère, Jean-Juvénal des Ursins, archevêque de Reims à cette époque, fut nommé pour recevoir la sentence prononcée contre la plus noble et la plus grande figure de l'histoire de France, Jeanne d'Arc. Il est l'auteur d'une histoire du règne de Charles VI, depuis 1380 jusqu'en 1422.

ILE NOTRE-DAME. Quelques auteurs ont cru que c'était sous le règne de Charles VI que vivait un chien, dont la mémoire mérite d'être conservée à la postérité, par un monument qui a subsisté longtemps sur la cheminée de la grande salle du château de Montargis.

Aubri de Montdidier, passant seul dans la forêt de Bondi, est assassiné et enterré au pied d'un arbre. Son chien resta plusieurs jours sur sa fosse et ne la quitta que pressé par la faim. Après avoir mangé il recommence ses cris, va à la porte, tourne la tête pour voir si on le suit, revint à cet ami de son maître, et le tire par son habit comme pour lui marquer de venir avec lui. La singularité de tous les mouvements de ce chien, sa venue sans son maître qu'il ne quittait jamais, ce maître qui, tout à coup a disparu; et peut-être cette distribution de Justice et d'événements, qui ne permet guère que les crimes restent longtemps cachés; tout cela fit que l'on suivit ce chien. Arrivé au pied de l'arbre où son maître était enterré, il redoubla ses cris en grattant la terre, comme pour indiquer de le chercher à cet endroit. On y fouilla et l'on y trouva le corps du malheureux Aubri.

Peu de temps après, le chien aperçoit par hasard l'assassin de son maître, que tous les historiens nomment le chevalier Macaire. Il lui saute au cou et l'on a bien de la peine à lui faire lâcher prise. Chaque fois qu'il le rencontre, il l'attaque et le poursuit avec la même fureur. L'archarnement de ce chien, qui n'en veut qu'à cet homme, commence à paraître extraordinaire; on se rappelle l'affection qu'il avait marqué pour son maître, et en même temps où ce chevalier Macaire, avait donné des preuves de sa haine et de son envie contre Aubri de Montdidier. Quelques autres circonstances augmentent les soupçons. Le roi, instruit de tous les discours que l'on tenait, fait venir le chien qui paraît tranquille jusqu'au moment où, apercevant Macaire au milieu d'une vingtaine d'autres courtisans, il tourne, aboie et cherche à se jeter sur lui.

A eette époque, on donnait le combat entre l'accusateur et l'accusé, lorsque les preuves du crime n'étaient pas convaincantes. C'était ce qu'on appelait les jugements de Dieu, dans la persuasion que le ciel ferait plutôt un miracle que de laisser succomber l'innocence.

Le roi, frappé de tous les indices qui se réunissaient contre Macaire, jugea qu'il échéait gage de bataille, c'est-à-dire, qu'il ordonna le duel entre ce chevalier et le chien. Le champs-clos fut marqué dans l'lle Notre-Dame, qui n'était alors qu'un terrain vague et inhabité. Macaire était armé d'un gros bâton, le chien avait un tonneau percé, pour sa retraite et ses relancements. On le lâche; aussitôt il court, tourne autour de son adversaire, évite ses coups, le menace tantòt d'un côté, tantôt de l'autre, le fatigue, et enfin s'élance, le saisit à la gorge, le renverse et l'oblige de faire l'aveu de son crime en présence du roi et de toute la cour.

RUE DES ÉCOLES, RUE DE L'UNIVERSITÉ, PRE-AUX-CLERCS. — La rue des Écoles qui, de la place de l'École-de-Médecine au Jardin des Plantes, va relier les établissements scientifiques où la jeunesse complète son éducation, donne un véritable intérêt de circonstance à ce qui a précédé à Paris le système actuel d'enseigment, et aux habitudes étranges de ces maîtres et de ces écoliers du vieux temps, qui avaient fait de l'Université de Paris, au moyen-âge, la première école d'enseignement de l'Europe.

Anciennement l'Université était très-puissante dans l'État. Dès

qu'il lui semblait qu'on donnait quelque atteinte à ses priviléges, elle fermait les écoles; les prédicateurs cessaient de prêcher; les médecins abandonnaient leurs malades; le peuple se plaignait et criait: la cour était obligée de céder et de satisfaire l'Université.

L'origine de l'Université est fort ancienne, et il est assez difficile d'en constater la date précise. Seulement, avec un peu de bonne volonté, l'Université, prise pour un corps, ayant son chef, ses magistrats, ses lois, ses priviléges, peut remonter jusqu'à Charlemagne comme école, par une succession constante de maîtres et de disciples, dont la mémoire a été conservée depuis Alcuin, chef de l'école du palais de ce prince, jusqu'à Guillaume de Champeaux, maître.d'Abailard.

Charlemagne fit venir un si grand nombre de savants étrangers, pour illustrer l'école de son palais d'Aix-la-Chapelle, que « c'était, dit Alcuin, une nouvelle Athènes autant au-dessus de l'ancienne que la doctrine de Jésus-Christ est au-dessus de celle de Platon. »

Toutes les études se rapportaient à la religion : le but de la grammaire était de lire l'Écriture-Sainte et de la transcrire d'une manière plus correcte; celui de la rhétorique et de la dialectique, d'entendre les Pères et de réfuter les hérésies; celui de la musique, de pouvoir chanter dans les églises; car, alors, on était muscien quand on savait le plain-chant. On y enseignait encore l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie, et toutes ces sciences composaient les arts libéraux, qu'on appelait trivium (carrefour à trois rues), parce que ces connaissances n'étaient que des moyens pour arriver à de plus sublimes. Tel était l'esprit de Charlemagne, qui, par imitation de l'Évangile, donnait un air de jugement dernier à l'examen qu'il faisait lui-même des écoliers. Il mettait les bons à sa droite, et à sa gauche les paresseux, « qui, dit le moine de Saint-Gal, étaient tous les enfants des « nobles. » Il disait aux premiers : « Puisque vous avez été fidèles à «<mes ordres, je vous donnerai les évêchés et les abbayes les plus «< considérables de mon royaume. » Et aux autres : « Si vous ne

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« regagnez par le travail ce que vous a fait perdre votre négligence, jamais vous n'obtiendrez la moindre faveur. »

«

Cette école, qui n'avait pas sa résidence dans Paris, mais qui suivait la cour sous le nom d'Ecole palatine, est appelée peu après École de Paris, sans que l'on sache à quelle occasion ni en quel temps. Ce ne 41

T. VIII.

fut cependant qu'au douzième siècle qu'elle eut une forme réglée, constante, et qu'elle commença sa grande célébrité. Les humanités y furent portées à une assez grande perfection; la dialectique y fut cultivée; la théologie y prit une forme stable; on y enseigna le droit canon et le droit civil; la médecine, peu cultivée jusqu'alors, y cut son enseignement; et, peu à peu, cette École constitua un véritable gouvernement, avec son chef, ses lois, ses priviléges, et devint ce qu'on a appelé l'Université.

Parmi certains usages singuliers de ce corps célèbre, il y en a un dont peu d'auteurs ont fait mention, et qui concerne les étudiants nouveaux venus, appelés les Béjaunes. Ils avaient à leur tête un intendant ou supérieur, qu'on appelait le chapelain des Béjaunes, et qui devait s'acquitter de deux fonctions le jour des Innocents: le matin, il montait sur un âne et conduisait les Béjaunes en procession par toute la ville; l'après-dîné, il les rassemblait tous dans un même lieu, et là, avec de grands seaux d'eau, il faisait sur eux une aspersion trèsabondante; sorte de baptême qui les faisait enfants de l'Université.

A ces époques, c'était moins par les règlements des rois que par les bulles des souverains pontifes, que se formait et gouvernait l'Université de Paris; les papes entraient, à ce sujet, dans des détails que n'aurait pas jugés dignes de lui un lieutenant de police. Comme il n'y avait alors aucun collége pour les séculiers, les écoliers étaient obligés de se loger dans des maisons bourgeoises; les propriétaires voulaient louer cher, et les écoliers être logés à bon marché. Il fut donc ordonné, par une bulle de Grégoire IX, que le prix des loyers serait taxé, et le souverain pontife nomma les commissaires qui devaient présider à cette estimation. Il arrivait souvent qu'au premier étage étaient des écoliers, et au rez-de-chaussée des lieux de débauche. Les abus qui résultèrent de cette sorte de communauté d'habitation, donnèrent l'idée de la fondation des colléges pour réunir, sous un même toit et sous l'autorité d'un maître commun, les jeunes étudiants d'un même pays ou d'un même ordre.

Les premiers colléges établis à Paris furent fondés par des religieux. L'Université ayant eu des démêlés avec les rois, les Dominicains ou Jacobins, et les religieux de Saint-François, qui avaient déjà quelques colléges à Paris, essayèrent de la supplanter. Ils établirent

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