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Ce droit, laissé aux expropriés, et presque toujours reclamé par eux, rendait la ville de Paris propriétaire de nombreux terrains qui, placés sur les alignements nouveaux qu'elle traçait dans l'intérêt de la bonne viabilité de ses rues, étaient vendus par elle dans des conditions favorables et venaient ainsi, conjointement avec le prix des démolitions qu'elle opérait, réduire d'autant les sacrifices énormes que les évaluations du jury d'expropriation lui imposaient.

C'est ainsi que de nombreux terrains, placés sur le nouvel alignement de la rue de Rivoli, furent livrés par la ville à la spéculation particulière. C'est ainsi que dans le quartier du Temple, en février 1852, elle put revendre les terrains qui étaient restés à sa charge, par suite de l'expropriation des maisons nécessaires pour l'élargissement de la rue du Temple, entre la rue des Blancs-Manteaux et la rue Rambuteau. Toute la portion de la rue du Temple nouvellement alignée, c'est-à-dire la partie comprise entre la rue Sainte-Croix-de-laBretonnerie et la rue des Blancs-Manteaux, fut complétement rebâtie à neuf. D'autres maisons, sises rue du Temple, furent démolies : l'on construisit en même temps de nouvelles façades: les bâtiments appartenant à la ville, par suite de l'abandon qui lui en fut fait par les propriétaires, furent vendus en quatre lots, sur une mise à prix totale de 230,000 francs.

Grâce à cette opération, la rue du Temple allait avoir une largeur égale depuis la place de l'Hôtel-de-Ville jusqu'à la rue Rambuteau.

Travaux généraux.

Depuis quelque temps l'administration municipale se préoccupait vivement de grandes voies de communication à établir dans l'intérieur de la ville. A une époque où les chemins de fer servaient à Paris un flot toujours croissant de voyageurs, où la circulation des voitures augmentait chaque jour, elle avait pensé qu'il était urgent d'ouvrir de larges rues au travers des quartiers étroits du centre de la ville. Tout rendait opportune cette immense entreprise, le souvenir des troubles civils qui commandait partout un accès facile à la force publique, la nécessité plus impérieuse que jamais de donner de l'air et de la lumière aux habitations des quartiers pauvres, l'espoir en

fin de ranimer l'industrie féconde du bâtiment frappée, après la révolution, d'une paralysie complète.

Les opérations de grandes voies qui furent abordées de 1849 à 1852 peuvent se résumer ainsi :

La zône de maisons et de rues qui s'étendait, au nord de la Seine, depuis le Louvre jusqu'à l'Hôtel de Ville, devait être percée dans tous les sens. Non-seulement la rue de Rivoli s'ouvrit, dans toute cette étendue, sur une largeur de 22 mètres, mais entre la rue de Rivoli et la ligne des quais, un grand nombre de larges voies transversales furent ménagées à la circulation. La rue Saint-Martin, la rue Saint-Denis s'aplanirent et s'élargirent jusqu'au quai; l'ouverture de la rue Sainte-Opportune, l'élargissement des rues Tire-Chape, de la Tonnellerie et Lenoir; le nivellement de la place du Louvre, la suppression des maisons situées sur l'emplacement des halles projetées, devaient compléter ce gigantesque travail. A l'ést, l'ouverture de la rue de Lyon, sur le boulevard Mazas, l'une des grandes pensées de Napoléon, qui reliait le pont d'Austerlitz à la barrière du Trône; au centre, le dégagement de la rue Aumaire; l'élargissement des rues Sainte-Avoye, Coquillière et Montmartre; au midi, sur la rive gauche de la Seine, les rues de La Harpe et des Mathurins-Saint-Jacques élargies, la rue Neuve-Saint-Germain-des-Prés, ouverte pour achever une longue et importante voie de communication entre le quai Malaquais et la rue de Vaugirard, à travers la place Saint-Sulpice; la rue des Ecoles, qui allait porter l'air et la lumière dans les plus mauvais quartiers du 12 arrondissement: tel était l'ensemble des améliorations qu'on allait apporter dans le système de voies publiques parisiennes. En juin 1852, le nombre des maisons acquises et démolies pour l'exécution de ces diverses opérations était de six cent cinquante-deux : elles occupaient une superfie de 108,850 mètres; la dépense totale, alors presque entièrement liquidée, s'était élevée à 48,800,000 francs. Ces opérations diverses complétées devaient amener un déplacement de trente à quarante mille habitants, c'est-à-dire la population d'une grande ville de second ordre.

Les autres travaux, exécutés depuis quelque temps dans Paris par l'Etat avec le concours de la ville, eurent pour objet le perfectionnement de la navigation de la Seine, notamment la construction d'un

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barrage éclusé vis-à-vis de la Monnaie; l'amélioration des quais Saint-Michel, Conti, Montebello, Malaquais, de la Tournelle, de l'Hôtel-Dieu, des Grands-Augustins, du Marché-Neuf; la restauration du pont Marie, du pont de la Tournelle, du pont Neuf. Enfin on avait construit, dans ces trois années, 4,000 mètres d'égout et 10,000 mètres de trottoirs; on avait relevé le pavé de plus de soixante voies publiques, et l'on avait exécuté un pavage neuf dans dix ou douze rues prolongées ou nouvellement ouvertes. Le macadam, appliqué d'abord aux boulevards intérieurs et au faubourg Saint-Antoine, avait été. successivement étendu à dix voies publiques.

A cette époque, la longeur totale des égouts était de 180,000 mètres; la surface des trottoirs, à la charge du budget municipal, était de 810,000 mètres; la superficie du pavé, à l'entretien de la ville, était d'environ 3,000,000 de' mètres, et les superficies empierrées étaient de 600,000 mètres.

La gare du chemin de fer de l'Ouest ayant été placée sur le boulevard Montparnasse, la ville de Paris se mit en instance auprès du gouvernement pour le percement d'une large rue en face de cette gare jusqu'au carrefour des rues Notre-Dame-des-Champs, du Regard et de Vaugirard.

Cette importante amélioration allait être prochainement entreprise aux frais de l'Etat, de la ville et d'une compagnie. Cette nouvelle voie devait communiquer avec les Tuileries, par la rue du Bac et le pont Royal, et avec les halles, par le pont Neuf, la rue de Vaugirard, la rue de Tournon, etc. A cette occasion, la ville devait reprendre un projet déjà ancien, et que l'encombrement de la rue Dauphine rendait chaque jour plus indispensable: l'élargissement de la rue de Nevers, entre la rue Guénégaud et la rue Dauphine, et sa prolongation jusqu'à la rue Jacob et au carrefour des rues de Seine et de l'Echaudé.

Dans la même direction, la rue du Four, qui fait communiquer la Croix-Rouge avec le quartier de l'Abbaye, verrait son tracé élargi. Toutes ces opérations pouvaient être commencées vers les premiers mois de 1853. Elles compléteraient d'une manière satisfaisante le système d'amélioration que la villé avait entrepris pour les voies de communication de la rive gauche.

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Voici quelle était la situation des travaux de la capitale au 15 mai 1852:

L'embarcadère du Montparnasse était à peu près terminé.

Le gros œuvre de l'église Sainte-Clotilde, place Belle-Chasse, était terminé; on faisait les ravalements intérieurs et tous les travaux de détail.

La tombe de l'Empereur, sous le dôme des Invalides, une des merveilles architecturales de l'époque, touchait à sa fin.

Le beau palais du Ministère des Affaires étrangères, sur le quai d'Orsay, recevait ses travaux de décoration et de détail.

On achevait quelques embellissements au Ministère de l'Intérieur. La restauration du petit cloître de Marie de Médicis, au Luxembourg, touchait à sa fin.

On regrattait et l'on remettait à neuf le palais de la Légion-d'Hon

neur.

On allait terminer dans cette campagne la construction du quai Conti et du barrage éclusé de la Monnaie, la restauration du Pont-Neuf et la reconstruction du Petit-Pont.

Les travaux d'agrandissement et de restauration du Palais de Justice allaient être vigoureusement entrepris durant cette campagne. On allait réparer à neuf la cour des Tuileries, dont on avait déjà enlevé l'ancien pavé.

La restauration du vieux Louvre et la décoration de la cour du Louvre, de Perrault et de Louis XIV, allaient être terminées dans la présente campagne.

On achevait à l'Hôtel de Ville les décorations de la splendide galerie des Fêtes, et on redallait la cour de Louis XIV.

On terminait les derniers bâtiments de la caserne des Gardes républicains du quai des Célestins.

Deux grandes casernes avaient été commencées : l'une, rue de Rivoli, derrière l'Hôtel de Ville; l'autre, rue Notre-Dame-des-Victoires. On décorait une vingtaine de chapelles dans Saint-Eustache, et on reconstruisait le grand orgue.

Le premier bâtiment des Halles centrales, devant Saint-Eustache, montait à vue d'œil.

Le grand hôtel du Timbre, de l'enregistrement et des domaines, rue de la Banque, devait être inauguré dans quelques jours.

On terminait le grand portail, précédé d'un splendide perron, au Conservatoire des Arts et Métiers.

On restaurait l'ancienne et curieuse église qui en dépend.

Les démolitions pour le prolongement de la rue de Rivoli, pour dégager le marché Neuf et le Petit-Pont, pour élargir les rues SainteAvoye et des Mathurins-Saint-Jacques, marchaient avec une trèslouable activité.

On terminait le bel hôpital de la République sur les terrains SaintLazare.

Enfin on agrandissait l'embarcadère du chemin de fer de Versailles (rive droite).

En mars 1852, tous ces travaux prirent un développement immense. Il régna sur divers points de Paris une recrudescence de travaux de construction. Les démolitions marchaient rapidement aux abords du Louvre et de l'Hôtel de Ville; au petit pont de la Cité, qui allait être immédiatement reconstruit; au Palais de Justice, dans la rue des Mathurins-Saint-Jacques et entre les deux points extrêmes de la ligne, d'un assez grand parcours, qui aboutit de la place du Louvre à celle de l'Hôtel de Ville, pour le prolongement de la ruc de Rivoli. Le marteau fut également mis dans cette partie de l'ancienne rue Sainte-Avoye qui ne formait plus, avec celle du Temple, qu'une seule voie publique, et qui se trouve comprise entre les rues des Blancs-Manteaux et de Rambuteau.

En même temps que des démolitions s'effectuaient, des maisons; construites dans des conditions de salubrité qui n'excluaient pas l'élégance, s'élevaient dans différents quartiers. C'est ainsi que, dans les 10e et 12e arrondissements, la nouvelle rue Saint-Germain-des-Prés, dite Entre-les-Deux-Places, et la première section de la rue du Cardinal-Lemoine, étaient presque entièrement bâties. Dans le 9e, des constructions nouvelles couvraient déjà le sol de la rue de Rivoli prolongée, et le quai Saint-Paul, qui, à partir de la rue de l'Etoile, n'offrait à la vue que d'horribles masures faisant saillie sur la voiê publique, se borda de maisons aussi élégamment construites que celles des quartiers les plus brillants de la capitale.

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