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marchands forains de la Moselle, de la Meuse, de la Manche, de Maine-et-Loire, du Nord, d'Ille-et-Vilaine, de l'Aisne, de l'Oise et de la Seine-Inférieure.

En retour sur la chaussée, du côté du pont d'Austerlitz, la Marne, Seine-et-Marne, la Seine, la Moselle, la Meuse et la Manche

Le côté gauche ou du levant était occupé par les forains des départements du Cher, de la Seine, des Bouches-du-Rhône, de l'Yonne, de la Sarthe, du Rhône, de Bayonne, des Basses-Pyrénées, de la SeineInférieure, d'Eure-et-Loir, du Bas-Rhin, de la Nièvre, de la Meuse, de Saône-et-Loire et de la Marne.

Plusieurs étaux étaient décorés de lauriers enrubanés. On y voyait des cochons de lait et des porcs entiers fumés, conservés par le procédé Mouton et garantis pour deux ans.

Derrière ces étaux étaient les restaurants, les cafés, les cabarets en plein vent. Enfin, sur le boulevard Beaumarchais, place de la Bastille, rue Saint-Antoine, étaient rangés les étalages de marchands de bonbons, de gâteaux, de bonneterie, de chaussure, de lingerie et autres.

Cette foire, dont l'origine est inconnue, portait anciennement le nom de Foire au Lard.

En 1852 furent exécutés dans tout le parcours du boulevard Bourdon de grands travaux d'amélioration. Ce boulevard porte le nom du colonel du 11e régiment de dragons, tué à la grande armée, comme le boulevard Mazas porte celui du colonel du 14e régiment d'infanterie de ligne, tué à Austerlitz.

RUE DE RIVOLI. La première idée du percement d'une grande voie parallèle à la Seine, et reliant la barrière de l'Etoile à celle du Trône, remonte à l'an X. La portion de cette voie, comprise entre l'hôtel de la Marine et la rue de l'Echelle, fut dès lors inaugurée par une décision législative rendue sur la proposition des consuls, et qui autorisait l'aliénation des terrains longeant la terrasse des Feuillants.

Deux architectes, MM. Percier et Fontaine, furent chargés, en frimaire an XI, de dresser un plan de constructions uniformes à élever sur la nouvelle rue, d'une largeur de 20 mètres 87 centimètres. Ce plan fut approuvé par un décret du 30 pluviôse an XII, du premier

consul, qui ordonna la mise en vente des terrains bordant la nouvelle voie publique.

Les reconstructions avançaient très-lentement. Dans le but de les activer, Napoléon, alors empereur, rendit, le 11 janvier 1811, un décret qui dispensait, pendant trente ans, les constructions du paiement de l'impôt foncier et de celui des portes et fenêtres. Sous le, règne de Louis-Philippe, les constructions furent achevées.

Sous le gouvernement provisoire, en 1848, la question du prolongement de cette grande artère fut sérieusement remise sur le tapis.

Un décret du 22 mars 1848 nomma une commission d'architectes de la ville de Paris, chargés de procéder à l'estimation des immeubles situés sur la place du Carrousel et sur le parcours de la rue de Rivoli jusqu'à celle de la Bibliothèque. Les indemnités foncières devaient être réglées en rentes sur l'Etat.

La première partie de ce décret put seule recevoir son exécution, et ce ne fut que sous l'administration de Louis-Napoléon Bonaparte que fut repris le projet de dégagement des abords du Louvre. En vertu des dispositions d'une loi du 4 octobre 1849, qui mit les deux tiers de la dépense à la charge de l'Etat et un tiers à la charge de la ville de Paris, cette grande amélioration put être réalisée.

Ce n'était là cependant encore que la préface de l'œuvre. Mais le 4 août 1851, l'Assemblée nationale ayant autorisé la ville de Paris à contracter un emprunt de 50 millions pour faire face aux dépenses, on put espérer de voir bientôt accomplir l'œuvre entière.

Le jury appelé à fixer les indemnités à raison du prolongement de cette rue, dans les parties comprises entre les rues de la Coutellerie et Saint-Martin, et celles de la Monnaie et des Bourdonnais, entra en session sous la présidence de M. Pasquier, magistrat, directeur du jury, le 12 février 1852.

Dans la première de ces parties furent expropriées vingt maisons, renfermant trente-deux industriels.

Dans la seconde, vingt-neuf propriétés furent atteintes, dont vingtcinq en entier, et quatre pour partie seulement, renfermant cinquante-neuf industriels.

Les opérations de ce jury, qui avait à statuer sur cent quarante

affaires divisées en cinq catégories, dont deux pour la partie de la rue de la Coutellerie et celle Saint-Martin, et trois pour l'autre partie, ne furent terminées qu'à la fin de février.

Le percement de cette utile voie publique, qui devait donner de l'air et du jour à des quartiers qui en étaient privés depuis longtemps, marcha avec la plus grande rapidité, et les démolitions des parties expropriées étaient à peine achevées que les autres commençaient.

Restaient deux portions comprises entre les rues Saint-Martin et Saint-Denis, et cette rue et celle des Bourdonnais, pour lesquelles un arrêté de cessibilité fut pris le 15 février 1852 en conseil de préfecture, et fut immédiatement transmis à l'approbation du ministre de l'intérieur, pour que les démolitions pussent commencer au terme. de juillet suivant.

La vigueur avec laquelle l'opération était poussée par l'administration porta avec elle ses fruits, car l'avenir prochain [d'une artère aussi importante donna aux portions de terrain bordant la rue nouvelle une valeur qui fit enfin espérer la reprise des constructions pour la saison.

Ce résultat, vainement cherché depuis 1848, eut à la fois pour effet de relever les propriétés ébranlées et de procurer du travail à de nombreux ouvriers inoccupés, seul remède immédiatement efficace à l'amélioration de la classe laborieuse.

On peut se faire une idée de immenses démolitions que nécessita le percement de cette rue, par les indemnités offertes seulement aux propriétaires et locataires des maisons comprises entre les rues des Bourdonnais et Saint-Martin :

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Cette opération partielle comprenait à elle seule cent maisons occupant une superficie d'environ 14,800 mètres.

Cette grande démolition du vieux Paris, dans l'espace compris entre le Louvre et l'Hôtel de Ville, allait faire disparaître des rues, des maisons, scènes presque oubliées des plus terribles drames de notre vieille histoire. Nous en mentionnerons quelques-unes,

La rue Béthisy, qui doit disparaître en totalité, se continuait autrefois jusqu'à la rue de l'Arbre-Sec. La partie qui se nomma plus tard des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois s'appelait rue du Comtede-Ponthieu. Ce fut dans un des hôtels de cette rue que, le 24 août 1572, jour de saint Barthélemy, l'amiral Coligny fut massacré par une bande d'assassins que commandait le duc de Guise. Cet hôte, dont l'architecture n'offre rien de remarquable, fut occupé depuis ce fatal événement par les seigneurs de Rohan-Montbazon, dont il portait encore le nom il y a quelques années. Il a été depuis livré à l'industrie, et, en dernier lieu, il servait à une manufacture de plomb laminé.

Dans cet hôtel, dont il ne restera bientôt plus pierre sur pierre, habitait, en 1747, le célèbre peintre Vanloo.

Là aussi naquit, en 1740, la célèbre Sophie Arnoult, dans la même chambre où avait été assassiné l'amiral de Coligny. Le ciel lui avait prodigué tous ses dons. Le comte de Lauraguais, le même qui, sous le titre de duc, siégeait dans la Chambre des pairs sous la Restauration, devint éperdument amoureux d'elle. Après une escarmouche d'œillades, il lui écrivit cette lettre :

« Mademoiselle,

« Vous êtes belle à damner tous les cardinaux romains. Si j'étais Dieu, je vous offrirais le ciel et les étoiles; si j'étais roi, je vous donnerais tous les biens de la terre; je suis pauvre, je ne peux vous offrir que mon cœur.»>

Sophie Arnoult lui répondit ce seul mot : « J'accepte. »

Dans la rue des Deux-Portes-Saint-Jean, qui devait presque aussi entièrement disparaître, était aussi un vaste et fort bel hôtel, dont la construction remontait à la seconde moitié du dix-septième siècle, et qui était de la meilleure architecture de ce temps. La décoration intérieure de cet hôtel était d'une époque un peu plus récente, et avait été conservée dans son état primitif. On pouvait citer principalement les boiseries du grand salon, dont les principaux motifs d'ornementation avaient été moulés avec soin; les jolies peintures du dix-huitième siècle, qui ornaient les trumeaux des glaces, et la rampe du grand escalier, chef-d'œuvre de serrurerie. Une tradition du quartier voulait que le ministre Sully eût habité un grand logis

situé au même endroit dans cette rue, avant d'avoir fait construire par Ducerceau, sur les ruines du palais des Tournelles, rue SaintAntoine, l'hôtel de Sully, qui existe aujourd'hui.

Quoi qu'il en soit, la rue des Deux-Portes-Saint-Jean, qui n'était plus alors qu'une ruelle, avait été, jusqu'au seizième siècle, habité par des personnages marquants. Au quinzième, Tanneguy-Duchatel, prévôt de Paris, y logeait, et l'on y vit, bien plus tard, subsister quelques-unes des dépendances du vaste palais de la reine Blanche, veuve du roi Philippe VI.

A l'extrémité, la rue de l'Arbre-Sec, plus célèbre encore dans les annales historiques, à côté de cette belle fontaine qu'y fit transporter, en 1606, François Miron, était la croix du Trahoir, où étaient mis à mort les condamnés soumis à la juridiction de Saint-Germainl'Auxerrois. Ce fut dans cette rue que prit naissance; le 27 août 1648, la fameuse journée aux Barricades, du temps de la Fronde. Ce fut là que s'escrimèrent pour la première fois les galopins de Paris à faire des barricades avec de la terre pour délivrer les deux conseillers au Parlement, Potier de Blancmenil et Pierre Broussel.

Le prolongement de la rue de Rivoli, dans cette longue partie de son parcours comprise entre la rue des Poulies et l'Hôtel de Ville, nécessita la démolition de deux jolies constructions qui laissèrent quelques regrets aux archéologues et aux artistes qui s'étaient spécialement occupés de l'état de l'architecture civile pendant le quatorzième et le quinzième siècles. C'étaient deux charmantes tourelles, dont l'une était placée au coin des rues Jean-Tison et Bailleul,et l'autre, d'une plus petite dimension et chargée d'ornements plus délicats que ceux qui ornaient la première, était assise à l'angle oriental de la place de l'Hôtel-de-Ville. Depuis quelques années, plusieurs de ces tourelles, qui décoraient en grand nombre les principales maisons du vieux Paris, avaient éte démolies, et elles étaient devenues si rares aujourd'hui, qu'il en restait à peine huit à dix prédestinées à disparaître successivement par suite de l'élargissement des anciennes voies publiques où elles étaient placées.

La tourelle de la rue Jean-Tison faisait partie d'une vaste construction qui portait les nos 10 sur cette rue et 11 sur la rue Bailleul. Quoique complétement défigurée, cette maison conservait encore

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