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NOTRE-DAME-DE-LORETTE. Entre les Nos 60 et 62, de la rue du faubourg Montmartre, existait il y a quelques années une église sous le vocable de Notre-Dame-de-Lorette, beaucoup trop petite pour recevoir la population toujours croissante des deux quartiers des faubourgs Poissonnière et Montmartre.

Composée de deux parties sans rapport entre elles, cette église contristait celui qui la visitait, et le moindre village du royaume offrait à la vue du national et de l'étranger une église plus vaste et d'une architecture plus régulière. Une nouvelle église, construite en remplacement de l'ancienne, était une nécessité.

En effet, l'administration de la ville de Paris, alors présidée par M. le comte Chabrol de Volvic, préfet de la Seine, décida qu'un nouvel édifice serait élevé, et une somme fut votée pour son érection.

L'administration fit ensuite appel aux talents des artistes de Paris: dix artistes se présentèrent au concours, MM. Caristie, Chatillon, Gauthier, Godde, Guenepin, Lebas, Leclaire, Menager, Nepveu et Provost. Le 23 avril 1823, le jugement du concours fut prononcé, et le projet de M. Hippolyte Lebas fut préféré.

Le 25 avril 1823, la première pierre fut posée. Une médaille, gravée par M. Domard, fut frappée à cette occasion, Les travaux architecturaux, ceux des arts, furent commandés et exécutés successivement. Pendant que les maçons posaient les pierres, les peintres et les sculpteurs travaillaient dans leurs ateliers; aussi put-on voir, après l'élévation des murs, placer trois statues aux trois angles du fronton de l'église; le fronton, sculpté immédiatement, et les murs intérieurs se couvrirent de riches peintures.

Cette église offre donc cela de particulier, qu'elle fut entièrement décorée en même temps que bâtie, et les fidèles virent avec étonnement, le jour de la consécration de ce temple (15 décembre 1836), une brillante décoration captiver leur esprit.

La nouvelle église coûta la somme de 2,050,000 francs. Elle a, dans sa plus grande longueur, 212 pieds; dans sa plus grande largeur, 98; et dans sa plus grande hauteur, prise de la coupole, 56 pieds: elle fut construite et décorée en quatorze années.

Cette église peut contenir trois mille personnes environ. L'architecte

T. VII.

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a suivi l'ordre corinthien pour le portique, orné de quatre colonnes; et l'ordre ionique dans l'intérieur de l'édifice. On y remarque quatre rangs de huit colonnes chacun, qui séparent la nef des deux bascôtés, et l'on croirait que ces colonnes sont en marbre, tart est parfait le poli donné aux pierres.

Depuis quelque temps l'ancien bureau des cultes et beaux-arts, qui avait dans ses attributions la construction des églises, leur entretien et leur décoration, avait eu la pensée de faire chauffer les églises de Paris pendant les mois les plus rigoureux de l'hiver. Cette pensée fut pour la première fois réalisée. Un mode de chauffage réunit tous les suffrages, et la nouvelle église fut chauffée à la vapeur comme les salles de spectacle.

Cette innovation mondaine avait été, dans le nouveau temple, précédée par d'autres. Quarante-deux artistes peintres, sculpteurs, avaient concouru à son embellissement. Soixante-cinq tableaux, statues, groupes, ayant coûté 252,750 francs, des dorures à profusion, firent de cette église un vrai musée religieux, et Dieu chercha vainement sa place dans un temple que les arts avaient envahi.

Mais à cette époque, pour arrêter la foi qui s'en allait, on avait imaginé de faire des églises autant de musées. Fausse idée de l'immensité de Dieu, qui, à elle seule, doit remplir les temples et les cœurs; faux calcul que de prétendre l'y faire entrer par les œuvres des hommes. Les anciens avaient donné un bel exemple à ce sujet, en défendant d'une manière expresse que, sur les statues représentant des dieux, fussent inscrits les noms des statuaires. On croyait alors que rappeler l'œuvre de l'homme, c'était profaner la majesté divine. Aujourd'hui c'est tout le contraire, la principale chose que l'on cherche dans une statue ou un tableau c'est le nom de l'artiste, et le dieu ou le saint qui s'y trouvent représentés ne sont que l'accessoire.

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EGLISE SAINTE-ELISABETH. Fondée en 1613, sur l'emplacement d'une maison appartenant à Jeanne de la Grange, la communauté des dames de Sainte-Elisabeth avait cette église sous sa dépendance. Le 14 avril 1628, la reine Marie de Medicis, s'étant déclarée la protectrice spéciale et la fondatrice de ce monastère, posa la première pierre de l'église et de la maison qui porta dès-lors le titre de mo

nastère royal. En 1790, le couvent fut supprimé avec toutes les autres maisons religieuses, et de 1793 à 1803, l'église fut affectée à un magasin à farines.

A cette époque, par suite d'une nouvelle circonscription des paroisses de Paris, elle fut assignée pour église à une nouvelle paroisse formée du démembrement d'une partie de la paroisse Saint-Nicolasdes-Champs et de la paroisse Saint-Laurent. Un seul collatéral, celui de droite, accompagnait alors la nef, à gauche de laquelle se trouvait une grande chapelle carrée qui servait de choeur aux religieuses. L'édifice resta longtemps dans cet état. Mais, en 1823, ayant été reconnue trop petite pour la population considérable de la paroisse, on s'occupa de son agrandissement. Un second collatéral fut ajouté à l'ancien, et le chœur fut transformé en chapelle.

EGLISE SAINT-GERVAIS. L'église Saint-Gervais, dont l'architecture présente toute la hardiesse et l'élégance des édifices religieux élevés dans les quatorzième et quinzième siècles, était une de celles pour lesquelles l'administration municipale de Paris avait témoigné le plus de sollicitude depuis quelques années. Plusieurs chapelles ont été par ses soins enrichies de peintures à fresque dans cette église. Les verrières des grandes fenêtres du choeur ont été restaurées ou remplacées par des vitraux que l'on admire à côté de ceux de Jean Cousin et de Pinaigrier, qui ont beaucoup travaillé pour Saint-Gervais; enfin la magnifique chapelle de la sainte Vierge, qui est sans contredit l'un des morceaux d'architecture du style le plus gracieux et le plus fleuri que l'on puisse rencontrer dans les édifices religieux de la capitale, a été splendidement décorée, il y a six ans, sous la direction de M. D. Ballard. En février 1852, on entreprit dans cette église des travaux de maçonnerie assez importants. Les voûtes des bas-côtés qui sont d'une plus grande élévation que celle généralement adoptée dans la construction des églises de cette dimension, paraissaient être, dans certaines parties de l'édifice, menacées d'une ruine prochaine. Plusieurs chapelles furent fermées, entre autres celle de sainte Philomène, la thaumaturge du neuvième siècle, qui servait de chapelle des catéchismes. Ces travaux de consolidation qu'il était urgent d'entreprendre pour la conservation de cette belle église, dont on peut admirer les proportions architecturales depuis les démolitions opé

rées pour le dégagement des abords de l'Hôtel-de-Ville, ne devaient être terminés que dans le courant de 1853.

Voici, sur l'histoire de cette église, quelques détails qui nous paraissent de nature à intéresser nos lecteurs.

Fortunat, qui a écrit la vie de saint Germain, nous apprend que ce pieux évêque de Paris vint deux fois faire sa prière dans cette église, appelée Basilica sanctorum Gervasii et Protasii; or, saint Germain étant mort en 572, il est incontestable qu'une église existait en cet endroit dès le sixième siècle.

On ignore à quelle époque elle fut érigée en paroisse. Après cette érection, elle obtint sans doute le droit d'avoir une chapelle située dans l'enceinte de Paris. Au onzième siècle, l'église Saint-Gervais appartenait au comte de Meulan, qui en fit don au prieuré de SaintNicaise. La charte de donation énonce les églises de Saint-Gervais et Saint-Jean, situées : in vico qui dicitur Greva.

Les revenus de l'autel appartenaient à plusieurs personnes, et nous lisons que l'archidiacre Guillaume en donna la troisième partie qu'il possédait au chapitre de Notre-Dame. La cure de Saint-Gervais était à la nomination du prieuré de Saint-Niçaise de Meulan. Dévastée par les Normands, cette basilique fut réparée et dura jusqu'au roi Robert. Rebâtie en 1212, réédifiée de nouveau en 1420, elle fut considérablement augmentée en 1581, et décorée d'un beau portail, dont Louis XIII posa la première pierre le 24 juillet 1616.

Ces agrandissements successifs font de Saint-Gervais une église d'ordre composite, appartenant, par son portail, à l'architecture moderne, et au style gothique par son intérieur remarquable, ses voûtes élevées, ses nombreuses clefs pendantes, et notamment celle de la chapelle de la Vierge, formant une couronne de pierre de deux mètres de diamètre et un mètre seize centimètres de saillie, toute suspendue en l'air et d'une hardiesse surprenante; enfin, par ses fines et délicates sculptures extérieures, qui, masquées par les maisons adossées à l'édifice, sont presque inconnues de nos archéologues. Quant au chevet, il serait difficile de lui assigner une date précise, car il semble remonter au-delà du treizième siècle. C'est une réunion de plusieurs petites chapelles extérieures, à pignon élevé à peine de trois mètres, et dont les fenêtres en ogive et garnies de forts barreaux

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