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De quel droit ose-t-il, mortel dégénéré,
Se prévaloir d'un rang qu'il a deshonoré?
Fier du nom d'Allobroge et de l'autel d'Hercule 5,
C'est envain qu'un immense, un pompeux vestibule
M'offre tous les héros dont il est descendu;

Il n'est qu'une noblesse; elle est dans la vertu 6.

Sois le fils des Drusus, des vainqueurs de Carthage; Mais par tes mœurs au moins sache leur rendre hommage; Que tes mœurs éclipsant leurs marbres, leurs tableaux, Si tu deviens consul, précèdent les faisceaux;

C'est de ton cœur d'abord qu'il faut me rendre compte;
Intègre, exact à rendre une justice prompte,
Te sens-tu pénétré de l'amour des vertus?
Je reconnais un grand. Salut, Gétulicus,
Salut, s'il est un nom plus vénérable encore,
Mortel digne des dieux et dont Rome s'honore :
Je te vois, je t'accueille avec les mêmes cris
Que l'habitant du Nil, quand il trouve Osiris 7.
Mais j'appellerais noble un mortel méprisable
Qui n'a pour lui qu'un nom dont le fardeau l'accable!
Nous disons quelquefois d'un nain, c'est un géant :
D'un nègre, c'est un cygne; et d'un chien languissant,
Décharné , que l'on voit, d'une lampe fétide,
Prêt à mourir de faim, lècher le bord aride,
Nous disons, c'est un tigre, un lion rugissant;
Prends garde, Créticus, que ce nom éclatant,

Et metues, ne tu sic Creticus aut Camerinus.

His ego quem monui? tecum est mihi sermo Rubelli
Blande. Tumes alto Drusorum sanguine, tamquam
Feceris ipse aliquid propter quod nobilis esses;
Ut te conciperet, quæ sanguine fulget Iuli,
Non quæ ventoso conducta sub aggere texit.
Vos humiles, inquis, vulgi pars ultima nostri
Quorum nemo queat patriam monstrare parentis :
Ast ego Cecropides. Vivas, et originis hujus
Gaudia longa feras: tamen ima plebe Quiritem
Facundum invenies: solet hic defendere caussas
Nobilis indocti. Veniet de plebe togata
Qui juris nodos et legum enigmata solvat.
Hic petit Euphraten juvenis, domitique Batavi
Custodes aquilas, armis industrius : at tu

Nil nisi Cecropides, truncoque simillimus Hermæ.

Ce nom dont la grandeur te chatouille l'oreille,
N'offre, en te l'appliquant, une image pareille.
Mais à qui donc s'adresse une telle leçon?
A toi, Blandus, à toi qui du sang de Néron 8
Cherches trop vainement à tirer avantage,
Comme si ta noblesse était ton propre ouvrage;
Comme si le destin, reconnaissant tes droits,
Avait dû pour ayeux te désignér des rois,
Plutôt que de marquer, au sein de l'indigence9,
La place où tes parens recevraient la naissance.
Vous autres, nous dis-tu, nés pour l'abjection,
Misérables mortels, sans patrie et sans nom,
Vous n'êtes qu'une obscure et vile populace;
Moi, l'antique Cécrops est l'auteur de ma race 10;
Et bien; fils de Cécrops, triomphe, et sois heureux;
Triomphe d'être né dans ce rang glorieux;

Mais pourtant, n'est-ce point en cet obscur vulgaire,
Que l'on voit tous les jours votre ignorance altière,
Pour venger votre honneur, pour défendre vos droits,
Pour résoudre au barreau, les énigmes des lois,
Pour démêler les nœuds de la jurisprudence,
Venir d'un orateur implorer l'éloquence?

N'est-ce point là, malgré votre injuste dédain,

Qu'on trouve les vainqueurs de l'Euphrate et du Rhin 11 ? Mais vous, fils des héros, quel fait, quel tître illustre, de vos ayeux rehausse en vous le lustre?

Du

sang

Nullo quippe alio vincis discrimine, quam quod

Illi marmoreum caput est, tua vivit imago.

Dic mihi, Teucrorum proles, animalia muta

Quis generosa putet nisi fortia ? nempe volucrem
Sic laudamus equum, facili cui plurima palma
Fervet, et exsultat rauco Victoria Circa.

Nobilis hic, quocunque venit de gramine, cujus
Clara fuga ante alios, et primus in æquore pulvis.
Sed venale pecus Corytæ posteritas et
Hirpini, si rara jugo Victoria sedit.
Nil ibi majorum respectus, gratia nulla
Umbrarum: Dominos pretiis mutare jubentur
Exiguis; trito ducunt epirhedia collo
Segnipedes, dignique molam versare Nepotis.
Ergo ut miremur te, non tua, primum aliquid da,
Quod possim titulis incidere præter honores
Quos illis damus et dabimus, quibus omnia debes.

Hæc satis ad Juvenem, quem nobis fama superbum Tradit, et inflatum plenumque Nerone propinquo.

:

Aucun votre nom seul vous tient lieu de hauts faits,
Et tels qu'une statue, ou qu'un buste d'Hermès,
Si de ce bloc muet votre image diffère,

C'est

que vous respirez, et qu'il n'est que de pierre.
Dites-moi, cependant, quels sont, Rubellius,
Entre les animaux, ceux qu'on prise le plus?
On fait cas d'un coursier qu'on voit dans la carrière,
Le premier sous ses pas soulèvant la poussière,
S'élancer, disparaitre aux yeux des spectateurs,
Et du Cirque bruyant exciter les clameurs;
Et si sur ses rivaux il l'emporte en vîtesse,
On ne va point chercher quelle fut sa noblesse;
Mais fût-il descendu des plus fameux coursiers,
Si du vainqueur jamais il n'obtint les lauriers,
Au mépris des exploits de ses nobles ancêtres,

Le lâche, au plus vil prix, passe à de nouveaux maitres;
Et livré justement à d'ignobles travaux,

Va tourner sans honneur la meule de Népos.
Veux-tu que, sans l'appui d'une gloire étrangère,
Le public, pour toi seul, t'estime et te révère?
Sur tes mâles ayeux, prends exemple, Blandus;
Ajoute ton mérite à leurs rares vertus,

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Eux à qui tu dois tout, tîtres, honneurs, richesse,
Eux qu'on estime encore et qu'on louera sans cesse.
Mais laissons un jeune homme ébloui, nous dit-on,
fier de l'honneur d'être issu de Néron :

Et

trop

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