Que le pas été connu des & des difficultez qu'on fait effuyer aux derniers. Le cinquieme & dernier Livre eft un ample Recueil des Obfervations faites par l'Auteur dans fes deux voyages à la Cour de l'Empereur en 1690 & en 1691, précedé de quelques remarques fur la maniere de voyager dans le Japon, & fur ce que les voyageurs rencontrent de confiderable fur leur route. & Ce que j'ai traduit des Amanitates Exotica, que j'ai infere dans l'Appendix de cet ouvrage, a été touché ci-deffus, entant qu'il a du rapport à l'Hiftoire-Naturelle. Ainfi, je n'ai plus qu'un mot à dire de la fixieme & derniere Piece de ces Additions. L'Auteur y avance un Paradoxe fingu, lier, & le prouve par l'exemple de la Monarchie Japonnoife. C'eft qu'un Etat peut être, & plus heureux, & plus floriffant, lorsqu'on lui ôte toute forte de communication & de commerce avec les Nations Etrangeres, que s'il étoit ouvert à ces Nations. Il ne paroît pas vraisemblable que les Anciens Japon n'a ayent connu le Japon. Du moins, ils n'en avoient aucune connoiffance du temps de Ptolemée. Ce Anciens. Géographe floriffoit fous les Regues de Trajan d'Hadrien, & d'Antonin le Pieux, à Alexandrie Ville fameufe par fon Ecole, par le grand Commerce qu'on y faifoit, & par l'abord des marchandifes des Indes, dont elle étoit le Marché. Il perfectionna la Géographie, autant qu'il étoit poffible alors de le faire, en corrigeant les Ouvrages de Strabon, de Pline, de Pomponius Mela, de Marinus de Tyr, & des autres Géographes qui l'avoient précedé, & en réduifant les Parties du Monde connu de fon temps fous leurs degrez de Longitude & de Latitude. Or cet Ecrivain parle des Pais habitez par les Seres & les Sina, qui font fans doute l'Empire de la Chine, avec peut-être une partie de la Grande Tartarie au Nord, & les Royaumes de Tunquin & de la Cochinchine au Sud, comme des dernieres Régions de l'Afie, à l'Eft, qui étoient connues de fon temps. Il dit même en propres termes, que les Seres avoient pour limites à l'Eft, & les Sina à l'Eft & au Sud, y yo, une Terre inconnue ; ce qui démontre, ce me femble, que les Anciens ignoroient que la Chine fût bornée à l'Eft par l'Ocean Indien d'où il s'enfuit, qu'ils ne favoient rien des Terres ou Iles, qu'on a découvertes depuis au delà des frontieres orientales de cet Empire. : Je fai bien que plufieurs Commentateurs de Ptolomee ont été d'un autre fentiment : & em effet ce Savant avoit laiffé un beau champ à leurs conjectures, en ce qu'il a indiqué & nommé plufieurs Iles dans l'Ocean Indien, dont il n'a pas fixé la position d'un ton affimatif; ce que, pour dire la verité, il ne pouvoit pas faire avec affez d'exactitude. Monfieur De l'Ifle, que je citerai feul, a témoigné une extrême complaifance pour les anciens Géographes, dans fa Carte de ces Par ties du Monde, qu'il fuppofe leur avoir été connues. Selon lui, les Infula Maniola, que Ptolemée dit être habitées par des Antropophages ou Cannibales, font les Iles Philippines, dont la principale a confervé jufqu'à préfent le nom de Manilhas ou Manille. Les trois Infula Satyrorum font les Iles du Japon. Quant au Sinus Magnus, & à la Terra Incognita, de laquelle il parle au quatrieme Chapitre du feptieme Livre de fa Géographie, il faut entendre par le premier, la Baye de Tun> quin; & par la feconde, Jeffo ou Kamtschatka, comme les Ruffiens l'appellent, Pays qui étoit inconnu il n'y a que quelques années. Je me ferois foumis volontiers à une autorité aufi confidérable, dans un article dont la décifion demande quelque chofe de plus que des conjectures ; fi ce n'eft, qu'après avoir confulté le Texte original de Ptolemée, ce fyftême m'a femblé trop incompatible avec les pofitions fixées par ce célebre Géographe, pour qu'on puiffe les concilier enfemble, même en relâchant quelque chofe, fur ce bs que Réfle que la Géographie étoit alors dans fon enfance, pour ainfi dire. Ptolemée place, par exemple, les Infula Maniola à quinze degrés à l'Ouest de la Cherfonnefe d'Or, que chacun s'accorde à prendre pour la prefqu'Ile de Malacca ; & à vingt de grés du Sinus Magnus, il met les Infula Satyrorum à l'oppolite du Sinus Magnus; & enfin, il veut que les unes & les autres foient au Sud de la Ligne Equinoxiale. Par conséquent, on ne fauroit croire, & il est même impoffible, que ces Iles foient celles des Philippines & du Japon. Marc Pol, qui vivoit à la fin du treizieme Siexions fur cle, & qui defcendoit d'une famille noble de VeMarc Pol, nife, eft fans doute le prémier Ecrivain Eurole prémier péen, qui ait dit quelque chofe d'affure fur les Ecrivain Européen Iles du Japon. Sa Relation des Pays Orientaux qui ait eft paffable au fonds, & furpafle ce qu'il étoit na parlé du turel d'attendre de l'Age tenebreux où il vivoit. japon. Il est vrai qu'il eut pour réuffir plufieurs avanta ges extraordinaires, & qu'un Voyageur rencontre rarement. Il commença fes Voyages l'an 1275, âgé de dix-huit ou dix-neuf àns. Il eut pour Guides dans la Tartarie, & à la Chine, Nicolas fon Pere & Mathieu fon Onc'e, deux Voyageurs experimentez, qui avoient deja parcouru ces Ré gions. Si on peut l'en croire il entendoit les quatre Langues qu'on parloit dans les Etats du Cublai, Souverain des Tartares, qui regnoit alors; & il demeura dix-fept ans au fervice de ce Prince, dont les Annales Chinoifes parlent comme d'un Empereur prudent, magnanime, & protecteur des Sciences, bien qu'il ait ufurpé & con quis l'Empire de la Chine. Il eut divers Em, plois confiderables à cette Cour, & fut fouvent envoyé avec des Commiffions importantes en des endroits éloignez de l'Empire. Il alla par terre en Tartarie & à la Chine, d'où il revint par un chemin où aucun Européen ne l'avoit jamais pré cédé, favoir par les Indes Orientales, d'où il paffa à Conftantinople, & enfuite à Venife, vers l'an 1295. 11 parle du Japon dans le troifieme Livre de fes Voyages, & l'appelle Zipangri. Ce nom a beaucoup d'affinité avec celui de Nipon qui eft la principale des diverfes lles dont eft compofé l'Empire du Japon, & que les habitans du Tunquin & des Provinces méridionales de la Chine nomment encore aujourd'hui Sijpon ou Zipon. Il avoue, à la verité, qu'il n'a pas pénétré jufques dans cet Empire, & il en tire une excufe pour la briéveté & peut-être pour les défauts de fa Defcription. Cependant, il a rapporté plufieurs particularités dont les dernieres Relations confirment la certitude. Tel eft ce qu'il raconte du commerce que les Habitans de Mangi, Province de la Chine meridionale, qui eft peut-être le Tunquin, font avec les Japonnois, des grandes richeffes de cette lle, particulierement en Or & en Perles, du Gouvernement Monarchique qui eft établi, de la couleur, de la ftature, & de Religion des habitans, & de la multitude des moindres Iles qui environnent la grande Ile Zipangri, & qu'il dit que les matelots faifoient monter de fon tems à 7440. Il fait mention d'un évenement, que j'aurois tort de paffer fous filence, parce qu'il a beaucoup d'affinité avec le tujet de la préfente Hiftoire, & qu'il eft d'ailleurs une forte preuve de la veracité de Marc Pol. C'est une Expédition entreprise contre le Japon durant fon féjour à la Chine. L'ambitieux Monarque Tartare, non content d'avoir conquis le puiffant Empire de la Chine, n'eut pas été plutôt informé des richeffes & de l'opulence de l'Ile voifine Zipan gri, qu'il réfolut de l'ajouter à fes grandes & nom Breufes Conquêtes, & qu'il y envoya une Flotte formidable avec une puiflante Armée, fous les or dres de deux Généraux fameux, Abatan & Nonfachum. Les Annales des Chinois & celles des Japonnois parlent de cette Expédition. Le Pere Couplet, dans fes Tables Chronologiques de la Mo narchie Chinoife, la place fous le Regne de l'Empereur Xicu, le prémier Souverain de la Famille d'Yven, qui est la vingrieme des Empereurs de la Chine. Ce Prince acheva la Conquête de cet Empire en la 17e. année du 67e. Cycle Chinois, ou l'an de Jefus Chrift 1281, environ 4000 ans depuis la Fondation de cette Monarchie; & il eft le même que Cublai, à la Cour duquel Marc Pol demeura plufieurs années. Les Annales Japonnoifes rapportent cet evenement fous le Regne de Gouda, quatre-vingt-dixieme Empereur du Japon, qui monta fur le Trône l'an 1275 de Jefus-Chrift, 1935 ans depuis la Fondation de la Monarchie Japonnoife. Il est vrai qu'il y a quelques différences entre les unes & les autres de ces Annales par rapport aux circonftances de cette Expédition, & en particulier touchant les forces des Tartares, que les Japonnois relevent, felon la coutume des Vainqueurs, & font monter à 4000 voiles & à 240000 hommes. Mais du refte, les unes & les autres conviennent que cette entreprise échoua. Le Pere Couplet fe borne à l'indiquer, fans parler du fuccès, bon ou mauvais, qu'elle eut. Les Annales des Japonnois, qui s'étendent davantage, attribuent leur bonheur à la protection de leurs Dieux, qui, indignés de l'infulte éclatante que les Tartares leur faifoient, exciterent une tempête furieufe, fubmergerent leur Flotte, & détruifirent leur nombreuie Armée, dont il n'écha pa que quelques perfonnes pour porter cette trifte nouvelle à la Chine. Marc Pol confirme les terribles effets de cette tempête ; & ajoute, que les diffenfions & la mesintelligence des deux Généraux Tartares furent une des principales caufes du malheur qu'ils eurent, & de la perte des Places qu'ils avoient déja conquifes. Peu de tems après le retour de Marc Pol en Europe, la République de Venife ayant quelques differends avec celle de Genes, on lui donna le commandement d'une Galere. La Flotte Venitienne étoit commandée par André Dandolo Procurateur de Saint Marc, & celle des Genois par Lampa Doria. Marc l'ob fignala fon courage pour la défense de fa Patrie, & avança bravement contre l'Ennemi. Mais la Flot te |