ner Kamts Empire. Je me borne à ce qui regarde le Pais de Defcrip Kamtschatka, comme les Ruffiens Pappellent, dont tion de j'ai marqué la place dans ma Carte du Japon, Plan- chatka. che troilieme, comme je l'ai trouvée dans une grande Carte de l'Empire Ruffien, dreffée felon les dernieres informations que la Cour de Ruffie a reçues de ces endroits, & qu'on a rendu publique en Hollande depuis peu de mois. Ce Pais femble être le même que les Japonnois. appellent Oku-Jefo, ou, Jefo: Superieure, dont ils ne favent prefque rien, excepté que c'eft un Païs. Selon les meilleu res Defcriptions que les Ruffiens en ayent pu don⚫ c'eft une Prefqu'Ifle fituée entre 150 & 170 Dégrez de Longitude, & 41 & 60 de Latitude au Nord du Japon. Elle eft contigue au Nord à la Siberie,, & s'étend jufqu'au Cap Suetoinos, qui eft le dernier de la Siberie au Nord-Eft. Mais la Mer la baigne au Sud, à l'Eft, & à l'Oueft. Elle eft habitée par diverfes Nations, dont celles qui occupent environ le milieu, payent contribution aux Ruffiens, au lieu que celles qui demeurent plus au Nord, & en particulier les Olutorski, comme on les appelle dans cette Carte, en font les Ennemis déclarez. Les Kurilski, comme les Ruffiens les nomment, qui demeurent plus au Sud, étant moins barbares que les autres, font regardez par les Ruffiens comme une Colonie des Japonnois. Ce qu'il y a de certain, c'eft que, felon les Hiftoires Japonnoifes, ces Peuples dépendent de l'Empereur du Japon, fous l'autorité duquel ils font gouvernez par un Prince, qui fait fa Réfidence ordinaire à Matfumai, & qui, comme les autres Princes de l'Empire du Japon, vient tous les ans à Jedo rendre hommage à l'Empereur. Le Commerce entre la Siberie & Kamtschatka fe fait par deux routes différentes. Quelques-uns traverfent le Golphe de Kamtschatka, qui fépare ce Pais de la Grande Tartarie & de la Siberie, à près de cinquante-huit Degrez de Latitude, & ils s'embarquent d'ordinaire à Lama, ou les Ruffiens ont commencé à bâtir de grands Vaiffeaux, pour pas b 2 fer ne. fer à Pristan, Ville qu'ils ont élevée dans le Kamtschatka, & qui eft habitée par une Colonie RuffienMais, ceux des habitans de la Siberie qui demeurent aux environs du Fleuve Lena, & le long de la Mer Glaciale, font d'ordinaire par Mer le tour du Cap Suetoinos, pour ne point tomber entre les mains des Tfchalatzki & des Tfchutzki, deux Nations cruelles & barbares, qui habitent la pointe de la Siberie au Nord-Eft, & qui font ennemies mortelles des Ruffiens. Par cette Defcription, que j'ai tirée des Remarques curieufes fur l'Hiftoire Généalogique des Tartares, publiée depuis peu, il paroit I. en premier lieu, que l'Afie n'eft pas contigue à l'Amérique; mais qu'il y a une communication entre la Mer Glaciale & la Mer des Indes, & que par conféquent les Vaiffeaux Européens pourroient traverser la premiere, & paffer dans les Indes en côtoyant le Pais de Jeffo ou de Kamtschatka, & les Côtes Orientales du Japon fi ce n'étoient les vaftes montagnes de glace qui flottent fans ceffe dans ces Mers glacées, même au milieu de l'Eté; &, encore plus, la glace qui ne fond prefque jamais dans le Détroit de Weigats, de forte que le paffage de ce Détroit eft impratiquable abfolument durant toute l'année. Il paroit II.en fecond lieu, qu'il y a un Détroit qui fépare Kamtschatka du Japon. Suivant les Relations des Ruffiens, il y a dans ce Détroit plufieurs petites Ifles, dont la principale eft appellée Matmanska dans une Carte de Kamtschatka, publiée depuis quelques années par J. B Homann, & paroît être la même que la Matfumai de quelques Cartes Japonnoifes. En voila affez, je crois, pour montrer par quelle raifon j'ai fait une fle du Japon dans la Carte que j'ai jointe à cette Histoire. Après la Defcription Géographique de l'Empire du Japon, le Docteur Kæmpfer recherche l'Origine de fes Habitans, qu'il fait remonter jusqu'à à Confufion des Langues à la Tour de Babel, fuppofant, que dans cette difperfion générale des Hommes, les premiers Japonnois vinrent s'établir au au Japon, que la Providence leur accorda pour étre leur demeure & celle de leur Poftérité. Il y Que les réfute ceux qui prétendent que les Japonnois font Japonnois une Colonie Chinoife. Ses principales preuves font ne font tirées des différences nombreuses & confiderables pas une Colonie qu'on trouve entre les Langues, les Religions, les Chinoife. Moeurs, les Ufages, & les Inclinations de ces deux Nations. Et en effet, à confiderer l'humeur guerriere & active des Japonnois, & la molleffe efféminée des Chinois, on croiroit plutôt que les premiers font des defcendans des Tartares. Auffi, le Pere Couplet, Jefuite, que la connoiffance profonde de l'Hiftoire de la Chine doit faire regarder comme un Juge competent, témoigne être de cet avis, page 71. de fon Introduction à la Philofophie de Confucius, publiée à Paris en 1687. Il confirme même fon opinion par un paffage remarquable, qu'il a trouvé dans les Annales de la Chine, qui porte que, fous le Regne de Un Ye vingt-cinquieme Empereur de la Famille de Xam, qui eft la feconde, lequel monta fur le Trône l'an 1196 avant Jefus-Chrift, c'est-à-dire environ 500 ans avant la Fondation de la Monarchie Japonnoife, les Nations Barbares qui habitent au Nord de la Chine, par où on entend des Tartares, étant devenues trop nombreufes, il s'en détacha diverfes Colonies pour peupler les Ifles fituées dans l'Océan Oriental. Mais, quoi qu'il en foit, les conjectures du Docteur Kampfer, car il ne les donne que pour telles, font d'autant plus eftimables, qu'elles lui fourniffent une occafion de faire plufieurs remarques curieufes & fingulieres, dont les unes tendent à perfectionner la Géographie, & les autres. ont rapport à l'Hiftoire & aux Langues de plufieurs Nations. En même temps, pour qu'il ne manquât rien à fon Ouvrage, il rapporte les Traditions fabuleufes des Japonnois fur leur Origine. Il termine le premier Livre par l'Hiftoire-Naturelle des Metaux & des Mineraux, des Plantes, des Arbres, des Animaux, des Oifeaux, des Infectes, b 3 fectes, des Poiffons, & des Coquillages du Japon. Il feroit à fouhaiter, que fes Obfervations fur cette matiere euffent été, & plus nombreufes, & plus étendues quoique, fi on fait réflexion combien de difficultez il a eu à effuyer, il foit furprenant qu'il ait pu aller auffi loin. En effet, il a donné la Defcription & la Figure de plus de cent Plantes curieufes, qu'il avoit obfervées au Japon, bien qu'il ne pût donner qu'une partie de fon temps à la Botanique, & qu'il eût deftiné le refte à un autre ouvrage. Ses Remarques fur le Thé, fur les Manufactures de Papier des Japonnois, fur le Moxa, fur PAcupunctura, & fur l'Ambre-gris, font encore des morceaux précieux que j'ai traduits de fes Amanitates Exotica, & placez à la fin de cet ouvrage, parce qu'ils appartiennent à l'Hiftoire-Naturelle du Japon. Quoique la Monarchie Japonnoife ait été fondée longtemps après celle de la Chine, le premier Empereur du Japon n'ayant commencé à regner que 660 ans avant Jefus-Chrift; cependant, par une vanité qui leur eft commune avec la plupart des Peuples orientaux, les Japonnois fe vantent d'une antiquité qui furpaffe celle des Chinois mêmes, & commencent leurs Annales par deux Dynafties de Divinitez, qu'ils fuppofent avoir regné pendant plufieurs millions d'années. De la maniere dont les chofes font aujourd'hui au Japon on y reconnoit deux Empereurs, à parler proprement, l'un Eccléfiaftique, & l'autre Séculier. Les Empereurs Eccléfiaftiques furent revêtus durant plufieurs fiecles d'une autorité abfolue & illimitée. Une preuve de ce fait, à laquelle je ne crois pas qu'on puiffe trouver dans l'Hiftoire rien de femblable, c'eft que la Couronne Imperiale a demeuré dans une feule famille pendant plus de deux mille ans. Et même, quoique dans la fuite des temps les Generaux de la Couronne leur ayent enlevé l'Administration des affaires politiques, ils ont néanmoins confervé leur rang, leur fplendeur, leur ancien titre, leur magnificence, leur autorité dans les affaires ec clé cléfiaftiques, & une Prérogative confidérable de la Souveraineté, favoir, le droit d'accorder des titres & des honneurs. L'Hiftoire de ces Princes, qui regnerent au nombre de cent quatorze depuis 660 avant Jefus-Chrift jufqu'en 1690 depuis l'Incarnation, prife des Annales Japonnoifes, & accompagnée de remarques neceffaires pour l'intelligence de l'ouvrage, fur leurs Cours & fur la Chronologie des Japonnois, eft le fujet du fecond Livre, & fait une partie confiderable de cette Hiftoire ; parce qu'on n'avoit jamais entrepris rien de femblable, quoique, felon le Pere Couplet, les Tables Chronologiques de la Monarchie Japonnoife, imprimées en Caracteres Chinois, fe trouvaffent de fon temps dans la Biblotheque du Roi de France, & que ce Pere témoigne que le commencement de cette Monarchie y eft auffi fixé à l'an 660 avant Jefus-Chrift. A la fin du fecond Livre, est une Lifte des Empereurs Séculiers, depuis Joritomo, jufqu'à Tinajos, qui étoit fur le Trône lorsque l'Auteur alla au Japon. Les Religions floriflantes ou tolerées au Japon, & en particulier l'ancienne Religion de l'Empire laquelle differe des autres en des Articles de la derniere importance, font la matiere du troifieme Livre, où elles font décrites avec cette exactitude qu'on remarque par-tout dans les Ouvrages de l'Auteur. On trouve dans le quatrieme Livre une Defcription exacte & complete de Nagasaki, la seule Ville du Japon qui foit ouverte aux etrangers, & où on n'admet même que les Hollandois & les Chinois. Le Docteur Kampfer y rend compte de la fituation de cette Place, de fon état préfent,de fon Gouvernement, de fes Edifices remarquables, & de ce qu'il y a d'avantageux & de defavantageux dans la condition de fes habitans. .Il s'étend auffi fur le Commerce des Portugais, des Hollandois, & des Chinois, qu'il confidere dans les différens Periodes, par lesquels il a paffé. Il finit par l'expulfion des premiers, & par une relation de la contrainte |