Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

autres corps devoient tourner Sainte-Croix par la droite et par la gauche. Le 23 décembre les vedettes et les piquets sont surpris et tués ; mais la grand'garde, forte d'un escadron, et soutenue par plusieurs détachemens, résiste en avant de la ville, et dans la ville même aux charges répétées des hussards bavarois et autrichiens.

Quelques fantassins qui s'étoient jetés dans Sainte-Croix, accueillent les alliés par unevive fusillade. Le capitaine Wolf, des hullans de Schwartzenberg, tombe frappé à mort, tandis qu'une balle casse le bras du lieutenant baron Malovitz. La cavalerie autrichienne, repoussée et ne pouvant, à cause d'un épais brouillard, reconnoître la position des Français, se retire, et le lieutenant général Harding reprend les positions qu'il avoit occupées la veille.

Ainsi le premier combat livré sur le sol français tourna à l'avantage de la bravoure nationale. Les journaux de Paris exagérèrent l'importance de ce succès éphémère, qui ne pouvoit arrêter la marche de l'ennemi. Le combat de Sainte-Croix ne fut d'ailleurs qu'une simple reconnoissance, pendant laquelle le colonel Scheibler, avec cent cinquante cósaques et cinquante hussards, s'avançoit jusqu'à

Dessenheim, où il rencontra et culbuta succes sivement deux partis français, qu'il poursuivit jusque sous les glacis de Neubrisack.

A la tête de quatre cents hommes de cavalerie austro-bavaroise, le comte de Lichtemberg poussoit ses reconnoissances sur la route de Lure et de Besançon. Toutes les autorités françaises, à l'approche des alliés, évacuoient les villes, les bourgs, et abandonnoient le pays que les habitans refusoient de défendre, malgré les efforts des commandans militaires.

Le 27 décembre, le comte de Wrede détacha le lieutenant de chevau-légers bavarois, baron de Gagern, sur la route de Béfort à Vesoul. Cet officier rencontra, près de Lure, un piquet de vingt-six chasseurs et de vingt gendarmes français qui, à son approche, battirent en retraite derrière cette ville, où le baron Gagern les attaqua et les mit en fuite.

Les préludes d'une campagne si mémorable furent encore signalés par l'événement plus important de la prise de Genève. Cette ancienne république, réunie à la France depuis plus de vingt ans, devoit à son alliance révolutionnaire, non-seulement la perte de son indépendance, mais encore celle de toutes les sources de sa prospérité: aussi les Gene

[ocr errors]

vois étoient-ils impatiens de secouer le joug de Napoléon.

Le 30 décembre, une avant-garde autrichienne, commandée par le général comte Bubna, et forte de trois mille hommes munis d'échelles, de fascines et d'artillerie, s'approche de Genève par la Suisse, pour donner l'assaut. Le général Jordy défendoit la place avec douze cents hommes. Genève, démantelée, ne pouvoit opposer une défense régulière et efficace; la bourgeoisie, d'ailleurs, maîtresse de la ville, par l'opinion et par son influence, vouloit la préserver des horreurs d'un assaut.

Le général Jordy, vieux et brave militaire, frappé comme d'un coup de foudre par des événemens si imprévus, tombe sans connoissance au milieu de son état-major, et l'officier qui prend le commandement à sa place, dépourvu d'instructions, ne songe pas même à capituler; il laissé éclater librement les voeux unanimes des Genevois. Le drapeau blanc est arboré, la garnison et les autorités françaises abandonnent Genève, et la bourgeoisie ouvre ses portes aux Autrichiens, au moment même où des renforts arrivoient de Grenoble. Il n'étoit plus temps: cent dix-sept canons, et une

[ocr errors]

ville importante par sa position, restent au pouvoir des alliés.

Maître de Genève, le comte Bubna envoie aussitôt sur la route de Gex et de SaintClaude divers détachemens pour s'assurer le passage du Jura; il envoie également des partis depuis Martigny jusque vers le Simplon et le mont Saint-Bernard..

La prise de Genève, une des portes de l'empire de Napoléon, ouvroit à l'armée autrichienne la route de Lyon et les passages de l'Italie. Désormais, plus de communications directes entre la France, les plaines de la Lombardie et du Piémont.

Napoléon, au désespoir que Genève eût cédé sans défense, destitua le préfet, baron Capelle, pour avoir abandonné la ville, et oublié que les préfets ne sont pas de simples intendans des finances, puisqu'ils ont aussi la haute police dans leurs départemens.

Ainsi, le Rhin et le Rhône étoient franchis, et les frontières de l'Est envahies sur plusieurs points. Aucun corps de troupes, régulières ou irrégulières, ne se présentoit pour les défendre. Ainsi, on étoit à la veille de voir se décider cette grande question: si la France avoit encore des ressources morales ou phy

siques; ou, en d'autres termes, si elle pouvoit résister à la coalition formidable qui l'attaquoit sur son propre territoire.

Un sentiment d'honneur et de gloire distingua toujours les Français. On les vit également défendre l'intégrité de leur territoire sous les règnes belliqueux de Philippe-Auguste et de Charles VII, sous le règne du chevaleresque François Ier, sous le bienfaisant Henri, sous le fastueux Louis XIV; et de nos jours, dans les temps les plus orageux, au milieu même des plus grands déchiremens, n'avoit-on pas été témoin de l'effet magique de ce principe sacré de l'honneur national ?

[ocr errors]

En admettant que les Français eussent la volonté de défendre leur pays, en avoientils les moyens ? leur population virile n'étoitelle pas épuisée? avoient-ils des armes, des munitions suffisantes? La réunion d'une foule de causes naturelles et accidentelles, avoit tellement déterminé l'accroissément de la population, qu'elle se trouvoit comparativement plus forte qu'en 1789, malgré les pertes et les désastres de tant de guerres; elle sembloit plus capable, d'ailleurs, de défendre ses foyers, la plupart des Français ayant vécu dans les camps. Les arsenaux de la France étoient épui

« ZurückWeiter »