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» ces bienfaits de la paix refleurissent, parce » qu'un grand peuple ne sauroit être tran>> quille qu'autant qu'il est heureux. Les puis»sances confirment à l'Empire français une » étendue de territoire que n'a jamais connue » la France sous ses rois, parce qu'une nation » valeureuse ne déchoit pas pour avoir à son > tour éprouvé des revers dans une lutte opi» niâtre et sanglante, où elle a combattu avec >> son audace accoutumée.

» Mais les puissances aussi veulent être heu»reuses et tranquilles. Elles veulent un état » de paix qui, par une sage répartition de » forces, par un juste équilibre, préserve dé>>sormais leurs peuples des calamités sans » nombre qui depuis vingt ans ont pesé sur » l'Europe.

>> Les puissances alliées ne poseront pas les » armes sans avoir atteint ce grand et bienfai» sant résultat, noble objet de leurs efforts. » Elles ne poseront pas les armes avant que >> l'état politique de l'Europe ne soit de nou» veau raffermi, avant que des principes im>> muables n'aient repris leurs droits sur de >> vaines prétentions, avant que la sainteté des » traités n'ait enfin assuré une paix véritable » à l'Europe. >>

»

On n'étoit point accoutumé à ce ton de dignité, de franchise et de modération de la part de potentats si puissans. Le but moral de la guerre étoit tout entier en leur faveur, et il devenoit accablant pour Napoléon. La déclaration de Francfort l'isoloit de la nation française. Il le sentit, et s'empressa de faire notifier par M. de Caulaincourt, son nouveau ministre des relations extérieures, qu'il adhéroit à l'ouverture d'un congrès, et aux bases générales et sommaires communiquées en Allemagne au baron de Saint-Aignan (1).

Mais la marche des négociations alloit être subordonnée aux opérations militaires, aux incidens politiques.

L'approche seule des premières colonnes de l'armée du nord de l'Allemagne vers les frontières de la Hollande, y fit éclater une révolution subite.

La France avoit aussi absorbé la Hollande, comme tant d'autres Etats monarchiques et républicains : le despotisme de Napoléon s'étoit hâté de consommer cet envahissement, commencé au nom d'une liberté trompeuse. Autrefois puissante et riche, la Hollande, considé

(1) Voyez Pièces justificatives, No. V.

rée dans les quatre parties du monde, se , trouva perdue pour ainsi dire dans l'immensité de l'Empire français: son nom même avoit disparu sur les cartes géographiques.

La défection de huit bataillons des 3 et 4° régimens étrangers, et de deux bataillons composés de Hollandais, formant la majeure partie de la division française du genéral Molitor, laissa la Hollande maîtresse d'elle-même. La reprise des couleurs chéries des Hollandais, et le cri d'Orange Bowen devinrent à Amsterdam, à La Haye, le signal de l'insurrection et du salut de la Hollande. Les autorités françaises et les agens français évacuèrent avec précipitation un pays que sa réunion impolitique à la France avoit réduit à l'état de détresse le plus déplorable.

Une révolution si brusque ne fut souillée d'aucun excès, ni d'aucune violence, soit envers celui qui gouvernoit les Hollandais au nom de Napoléon (1), soit envers les troupes qui les avoient long-temps opprimés. Ainsi les Hollandais indiquoient à la France et à l'Europe la différence qu'il importoit d'établir entre les instrumens et le moteur de tant de

(1) L'archi-trésorier Lebrun.

désastres. Honneur à la sagesse des Bataves dont le généreux exemple, l'esprit de modération et de prudence, ont peut-être garanti la France, les alliés, l'Europe de plusieurs années de guerre, de crimes et de repentir!

Par l'affranchissement de la Hollande, la Belgique se trouvoit menacée, compromise, tant vers le Rhin et le Vaal, par le corps russe du général Winzingerode, que par des corps anglais et hollandais vers les bouches de l'Escaut.

Napoléon fit renforcer aussitôt, de toutes les troupes disponibles dans le Nord, le corps d'armée du maréchal Macdonald, duc de Tarente, chargé de la défense du Rhin depuis Cologne jusqu'à Nimègue. Plusieurs bataillons de la garde impériale furent dirigés sur Anvers, ainsi que d'autres corps qui devoient former, pour couvrir cette ville importante, une armée de vingt à vingt-cinq mille hommes, sous les ordres du général Decaen.

Outre la formation de deux armées pour garantir la Belgique, on songea également à la défense des places fortes. Le général Molitor jeta garnison dans Noorden, et le général Rampon se renferma avec quatre mille hommes dans Gorcum. Des troupes furent aussi jetées

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dans Bois-le-Duc, et Berg-op-Zoom reçut cinq mille hommes.

Ces dispositions militaires étoient inefficaces contre des tentatives tellement rapides, qu'elles déconcertoient toutes les combinaisons. Bientôt les contrebandiers belges et des insurgés hollandais se réunirent aux troupes légères du corps de Winzingerode, qui, après avoir franchi le passage du Moerdyk, parurent en force entre Gertruidemberg et Breda. Toute la Belgique fut dès lors en fermentation. Les habitans des campagnes s'émurent, et l'épouvante frappa ceux mêmes qui dirigeoient, à Anvers, les opérations militaires. Le général en chef Decaen, redoutant un soulèvement général, ordonna l'évacuation des places de Willemstadt et de Breda, afin d'augmenter les moyens de défense d'Anvers. On abandonna Willemstadt si précipitamment, qu'on y laissa les poudres, l'artillerie et une partie de la flotille. Les alliés, réunis aux insurgés, s'emparèrent des deux places; et, Willemstadt étant devenu un point de débarquement, le général Thomas Graham y aborda avec cinq mille Anglais.

En vain Napoléon voulut cacher son dépit, ses regrets, ses alarmes sur le soulèvement de

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