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Mars 1809. lices, s'était porté sur le pays que nos troupes avaient traversé plutôt que conquis; il avait successivement repris Chavès, Braga, Guimaraens, et s'était mis en marche sur Amarante à la tête de vingt et un mille hommes. D'un autre côté, on venait d'apprendre qu'une division de l'armée de la Romana s'était emparée de Vigo, où étaient les dépôts et les caisses de l'armée Les Français française. Le maréchal Soult, craignant de voir coumaintiennent per ses communications avec la Galice, jugea prudent le Douro de se maintenir sur le Douro, de ne point s'engager

se

sur

Opérations de l'armée

du duc

de Bellune.

davantage dans le pays, et d'attendre des nouvelles
du maréchal Victor, chargé d'envahir le royaume
par les frontières de l'Estramadure espagnole. Vers le
milieu d'avril, une division du corps d'armée du duc
de Dalmatie s'empara de la ville d'Amarante ; une
autre prit Valencia, et en fit sauter les fortifications.
Malgré ces avantages obtenus sur quelques points, la
situation de l'armée n'en demeurait pas moins fort >
critique. Isolée à Oporto au milieu de l'insurrection
des provinces du nord, elle était menacée au sud par
une nouvelle armée anglaise qui, récemment débar-
quée à l'embouchure du Tage, se dirigeait sur Coïm-
bre, sous le commandement de sir Arthur Wellesley.
Pour surcroît de malheur, le maréchal Ney, au lieu de
venir en aide à l'armée de Soult, comme il en avait
reçu l'ordre, préférait agir isolément dans la Galice,
et refusait de concourir au plan général.

Le maréchal Victor n'avait pu obéir aux ordres de Napoléon, qui lui prescrivaient d'envahir le Portugal du côté de l'Estramadure. Les Espagnols lui barraient le chemin dans cette province, et ils avaient

de Médelin

et de

Ciudad-Real.

coupé, à Almaras, le pont du Tage, par où devait pas- Mars 1809. ser l'armée française. Le duc de Bellune se détermina à faire rétablir cette communication. Le 20 mars, il se porta sur Truxillo, dans la direction de la Guadiana; à son approche, l'armée espagnole, commandée par le général Cuesta, se replia vers Médelin, et prit position dans une plaine qui se trouve sur la rive gauche de la Guadiana, en avant de la ville. Le Batailles 28 mars, le maréchal Victor occupa Médelin, et manœuvra pour attaquer l'ennemi. Vainement les Espagnols essayèrent-ils de tenir, leur déroute fut complète. Ils perdirent douze mille hommes tués, huit mille prisonniers, dix-neuf canons et un grand nombre de drapeaux. Les Français eurent près de six mille hommes hors de combat. Vers la fin de l'action, nos soldats, exaspérés par la mort de ceux de leurs frères qui avaient été massacrés sur la route, ou durant la guerre, par les paysans espagnols, souillèrent leur victoire en achevant à coups de baïonnette un grand nombre de blessés ennemis étendus sur le champ de bataille. La veille de la bataille de Médelin, le général Sébastiani, qui guerroyait dans la Sierra-Morena, avait battu et dispersé, aux environs de Ciudad Real, quinze mille Espagnols aux ordres du duc de l'Infantado.

des Français

en

Estramadure

et en Andalousie.

Ces deux victoires, quoique brillantes, ne suffirent Situation pas pour améliorer considérablement la situation de nos armées dans l'Estramadure et en Andalousie. Le général Sébastiani ne crut pas pouvoir s'engager, sans commettre une haute imprudence, au delà de Santa-Cruz de Mudela, position située au pied de la

Avril 1809. Sierra-Morena. De son côté, le duc de Bellune reconnut qu'avec un petit nombre de combattants il serait par trop téméraire de passer la Guadiana et de marcher sur Lisbonne. Comment pénétrer dans un pays ennemi qu'il faudrait conquérir pied à pied, en laissant sur ses derrières des armées et des guérillas espagnoles qui intercepteraient ses communications? Pouvait-on se promettre d'être toujours victorieux, et convenait-il de s'exposer au sort déplorable de Dupont? Ces considérations prévalurent; et le duc de Bellune, au lieu de s'engager dans le Portugal, se borna à prendre des cantonnements dans la haute Estramadure, entre la Guadiana et le Tage. Il ignorait d'ailleurs ce qu'avait pu faire le maréchal Soult dans les provinces du nord, et il attendait de recevoir des nouvelles de son collègue, afin de concerter le plus sagement possible leurs prochaines opérations.

Soult à Oporto.

Chaque jour rendait plus difficile la position du maréchal Soult à Oporto; mais le lieutenant de Napoléon, doué d'un caractère ferme et persévérant, ne négligeait rien pour faire face aux obstacles de toute nature dont il était entouré. Pendant qu'il travaillait à organiser la résistance, il cherchait les moyens de détacher les provinces du nord de la couronne de Portugal, et de constituer, s'il était possible, ce royaume de la Lusitanie septentrionale, dont Napoléon et Godoï avaient autrefois conçu la pensée. La malveillance répandit le bruit que le maréchal convoitait pour luimême la souveraineté de ce nouvel État, et l'on fit circuler beaucoup de bruits sur la cérémonie de l'investiture de Jean-de-Dieu Soult, en qualité de roi de

Lusitanie. On ne sut jamais fort exactement à quoi Mai 1809. s'en tenir sur ce projet de l'ambitieux maréchal. L'empereur affecta de ne pas y croire; mais au fond il y ajouta foi, et traita cette affaire de folie. L'incident fut étouffé; on n'en parla plus. D'ailleurs le rêve du maréchal Soult (si c'en fut un) fut de très-courte durée. Le général Arthur Wellesley arrivait à marches forcées sur Oporto, tandis qu'une armée portugaise se dirigeait par d'autres chemins vers Amarante, pour fermer toute retraite aux Français. C'était le moment où le maréchal Ney, que les insurrections espagnoles enveloppaient dans la province de Galice, se trouvait hors d'état de secourir Oporto. Le maréchal Soult comprit qu'il était désormais bien difficile de se maintenir sur les bords du Douro; mais il ne put se résoudre à les abandonner avant d'y être contraint par des événements décisifs. L'occasion ne tarda pas à se présenter. Les Français furent attaqués, le 10 mai, par l'armée anglaise supérieure en nombre. Après des efforts héroïques, à la faveur desquels elles réussit à contenir jusqu'au soir les masses ennemies, elle se vit enfin hors d'état de garder Oporto, et la retraite commença dans la journée du 11.

Les Anglais étaient parvenus à traverser le Douro; le duc de Dalmatie, voyant son flanc gauche tourné, craignit de compromettre la sûreté de ses troupes. Il donna l'ordre de se replier sur Amarante. Il espérait y trouver le général Loison, l'un de ses plus hardis compagnons de guerre; mais les détachements que Loison commandait n'avaient pu se maintenir à Amarante contre les milices nationales de Por

L'armée

du maréchal

Soult bat

en retraite.

Mai 1809. tugal. Le maréchal Soult se jeta alors dans les défilés de Salamonde, seul passage qui ne fût pas intercepté. Dans cette retraite, qui coûta peu de monde, il se vit contraint de se débarrasser d'une partie de son artillerie et de ses attelages. Parvenu à Creusé, il s'enfonça dans un pays difficile, il traversa des montagnes réputées impraticables, et ses troupes cessèrent bien rarement de subir la plus exacte discipline. Une marche aussi pénible était retardée par des bandes de paysans qui, suivant l'armée en flanc, la forçaient de tirailler de rocher en rocher. Au pont de Saltador, nos soldats se crurent pris entre deux feux une panique se mit dans les rangs, et l'on perdit les bagages. Ce mouvement de terreur n'eut pas de suites plus funestes. Le 17 mai, l'armée française atteignit la ville de Montalègre, située à une lieue de la Galice et du territoire espagnol. Le lendemain, elle avait achevé d'évacuer le Portugal. Le 20, elle arriva à Orensé, où, pour la première fois depuis sa retraite, elle trouva des subsistances préparées. Le surlendemain, elle se porta sur Lugo, que bloquaient alors vingt mille Espagnols faisant partie des troupes de la Romana ou des milices galiciennes. En quelques instants elle dégagea cette place, où s'était enfermée une garnison Le Portugal française. Ce jour-là donc l'armée de Portugal, rejetée par sur le sol de l'Espagne, eut le bonheur de rejoindre françaises. les autres corps français; et elle se vit en mesure d'attendre de pied ferme l'ennemi, s'il osait encore la poursuivre. Ainsi s'était terminée la deuxième expédition tentée contre le Portugal.

est évacué

les troupes

Le duc de Dalmatie et le duc d'Elchingen (Ney),

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