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racomodé le géant que lon a faict marcher en la procession à la Sainct-Jean, 6 livres. >>

Tels sont les petits traits d'histoire et de mœurs que nous avons pu tirer d'un seul registre. On voit quelle abondante moisson peut fournir l'étude de toute la collection. C'est de quoi reconstituer presque toute l'histoire et l'évolution des mœurs dunkerquoises. Ils nous mettent même au courant des petites querelles intérieures, des rivalités de pouvoir, car le magistrat municipal est jaloux de son autorité et de son autonomie et il ne souffre pas facilement les ingérences étrangères : « Au pensionnaire Jongherycx ayant faict ung voyage à Parys par ordre de la Loy et pour maintenir le faict de leur jurisdition contre Guillin Van Itterson et le lieutenant de la marine, 262 liv. 10. » Le croirait-on? On vous dit même combien il a fallu payer à l'occasion du « renouvellement de la Loy ». On ne voit pas très bien pourquoi la ville intervient dans ces sortes de dépenses qui devraient, semble-t-il, incomber uniquement à ceux qui doivent profiter de ces honneurs. Il est vrai que les nouveaux élus y vont aussi de leurs générosités particulières : gouverneur royal, lieutenant du roi, mayor, commissaire royal délégué au renouvellement, les valets même de ce commissaire, tous avaient part à ces cadeaux. On ne nous dit pas s'ils aimaient ces sortes de cérémonies lucratives, mais ce n'est pas douteux :

« Au rendant pour autant quil a déboursé par ordre de la Loy, à savoir à Mons' gouverneur Destrades, affin quil conserveroit les intérêts de la bourgeoisie ; après le renouvélement de la Loy, par forme de courtoisie, 1.725 livres ; 900 livres à Monsieur St-Quentin, lieutenant du Roy; 300 livres au mayoret 1.058 livres

à Monsieur du Fot, comissaire du Roy, député au renouvellement de ladite Loy (par dessus ce que les eschevins luy ont donné en leur particulier); et encorres 19 livres 5 pour le secrétaire, page et vallets dudit comissaire; par ensemble, 4.002 livres 5 solz ».

Ce total n'est-il pas respectable et instructif? D'aucuns trouverons que ces temps-là ressemblaient déjà beaucoup aux nôtres : ils auront raison. Alors comme maintenant, le seigneur Argent était tout-puissant ; il n'y a qu'une différence de degré entre les deux époques. Alors, l'argent avait quelque influence, mais elle était cachée: il n'était que bourgeois; aujourd'hui, il est anobli: c'est le roi du jour, roi adoré et reconnu de tous.

DOCUMENTS

I. Préambule du Registre (1er feuillet)

Léopolde Guillaume, par la grâce de Dieu, archiducq d'Austrice, ducq de Bourgogne, etc., lieutenant, gouverneur et capitaine général des Pays-Bas et de Bourgogne, etc.

Comme à cause de la réduction de la ville de Duncquerque à lobéissance du Roy Monseigneur, il convient à son service de faire renouveller le Magistrat de laditte ville, nous avons comis et comectons par cestes le marquis de Lède, du Conseil de guerre de sa Majesté, capitaine général de son armade navale, gouverneur de laditte ville de Duncquerque et surentendant des places maritimes, etc, pour procéder au plutost au

renouvellement dudit Magistrat et y comectre les plus catholicques jeleux (?) et affectionnez au service de Sa ditte Majesté et au bien, repos et tranquillité publicque et aultrement idoines et souffisans quil pourra trouver celle part sans y mectre auquuns infectez ou suspects d'auquune secte, erreur ou hérésie, ny de ceux que se sont meslez de troubles passez ou des entreprinses et dessings que les ennemis françois peuvent avoir eu durant les dernières années que laditte place a esté par eux occupée ou aultrement ont favorisé leur partye au préjudice et désavantage de Sa Majesté et de ses bons subjects, prenant ou faisant prendre par celluy qui appartiendra leur serment à ce deu et pertinent, et procédant par après à laudition des comptes de ceux qui, les années passées du depuis que lon ny compta, ont eu l'administration des biens et revenu de laditte ville, en passant et allouanĮ en iceux les parties justes et raisonables, royant et modérant celles qu'il trouvera excessives et derraisonables et envoyant la copie d'Iceulx comptes finalement soubs son scel à la Chambre des Comptes de Sa Majesté à Lille pour y en estre faict ce quil appartiendra et de ce faire de ce qu'en despend. Avons donné et donnons audict marquis de Lède plain pouvoir et autorité et mandement espécial ordonnans partant au nom de Saditte Majesté a tous les justiciers, officiers et subjects quil appartiendra quà luy ce faisant ilz obéissent et entendent diligemment. Faict à Cassel, le XXV de septembre 1652, et estoit signé : LÉOPOLDE.

Et plus bas estoit escript: Par ordonnance de S. A. et signé : COLBRANT (avecq paraphe).

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Ce compte a été cloz et arresté par laudition de Sadite Excellence le marquis de Lède à ce comis par acte plus amplement repris... à protestation de navoir passé ny alloué qui puisse préjudicier aux droits, hautheurs et authorité de Sa Majesté comme seigneur souverain de ceste ville de Duncquerque.

Ce 23 décembre 1652, et estoit signé :

Mgr. DE LÈDE (avecq paraphe).

Accordé avec son original, tesmoing le soussigné conseillier :

L. JONGHERYCX.

BIBLIOGRAPHIE

UNION FAULCONNIER, SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE Dunkerque et
DE LA FLANDRE MARITIME. Hommage à Jean Bart &
Poccasion du 250o Anniversaire desa naissance, 1650-1900.
(Dunkerque, Chiroutre-Cauvry, S. D. in-8").

AUTOUR DE JEAN-BART (

L'Union Faulconnier est la principale Société historique de la Flandre maritime. Elle a son siège à Dunkerque, patrie de Jean Bart. Le 250° anniversaire de la naissance du hardi marin tombait l'an passé, et, désirant célébrer dignement cet anniversaire, le Comité de l'Union Faulconnier recourut, comme il est d'habitude aujourd'hui, à toutes les notabilités un peu marquantes de la politique, des lettres, des arts, de l'armée et de la marine, pour leur demander leur opinion motivée sur Jean Bart.

Vous m'objecterez que cette opinion était connue d'avance et qu'il n'y a pas un seul Français qui ne professe pour le grand marin dunkerquois la plus sincère et la plus vive admiration. Je ne vois effectivement que Jeanne-d'Arc qui pourrait lui disputer la prééminence dans la faveur publique. Encore, seraitil plus vrai de dire que leurs deux gloires sont jumelles, et que Jean Bart et Jeanne d'Arc sont, par excellence, des héros populaires. L'espèce en est plus rare qu'on ne croit, mais Jean Bart et Jeanne d'Arc

(1) Extrait du Grand Echo du 14 avril 1901.

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