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On commença, en 1805, la construction d'un égoût destiné à recevoir les eaux qui se déversaient précédemment dans la Panne; cet égoût partait de la place Napoléon et se jetait dans le port, en face de la rue des Pierres, en passant par la rue Neuve-Saint-Louis (rue Neuve). Bientôt interrompu, ce travail fut repris en octobre 1807.

De nouvelles constructions furent édifiées, en 1808, sur l'emplacement de l'ancien canal, depuis le port jusqu'à l'église des Récollets à laquelle on avait déjà accès par le Vieux-Marché-au-Beurre, grâce à la démolition d'une maison qui donnait passage au RaspHuys (maison de correction).

MM. Noël et Pétillion ayant acquis de la ville le terrain occupé autrefois par la Panne, à l'extrémité sud de la rue Neuve-Saint-Louis, firent construire en 1808, sur l'ancien lit, trois maisons avec façade sur la place Napoléon. La Marine suivit cet alignement en faisant abattre son ancienne boucherie; elle y éleva, la même année, une muraille à hauteur d'appui avec une grande porte et un grillage provisoire en bois. La place, déjà assainie par la disparition du canal qui la traversait, devint plus régulière et gagna beaucoup comme aspect.

LA FRANC-MAÇONNERIE

A DUNKERQUE

PAR

M. HENRI LEMATTRE

Membre Actif

Partisan ou adversaire de la Franc-Maçonnerie, on doit s'incliner devant l'élévation des idées philosophiques qui ont présidé à la fondation de l'œuvre.

Les vertus évangéliques, qui dérivent de la croyance en Dieu, étaient dans le principe acceptées et mises en pratique par les frères maçons.

L'institution était, alors, une société de secoursmutuels qui avait pour but l'accomplissement du bien et la diffusion de nobles sentiments.

Cette sublime maxime : « Aimons-nous les uns les autres », avait inspiré la rédaction du premier article des statuts du Grand-Orient de France, qui était conçu en ces termes :

«L'ordre de la Franc-Maçonnerie a pour but: » l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la morale. >> universelle, des sciences et des arts, et la pratique » de toutes les vertus.

» Elle a pour principe: l'existence de Dieu, l'im» mortalité de l'àme et la solidarité. Elle regarde la

>> liberté de conscience comme un droit propre à >> chaque homme et n'exclut personne pour

ses

>> croyances. Elle a pour devise: Liberté – Egalité» Fraternité. »

L'article 2 était ainsi libellé :

«La Franc-Maçonnerie, respectant la foi religieuse >> et les opinions de chacun, interdit dans les assem» blées toutes discussions politiques et religieuses. >>

Cette morale tolérante, qui répond aux aspirations des âmes généreuses, devait amener à la nouvelle doctrine de nombreux adhérents. Ce fut l'âge d'or de l'institution, mais les passions humaines, qui dominent la sagesse, devaient en troubler l'existence.

Les néophytes, subissant l'heureux ascendant des dignitaires éclairés et prudents, pratiquaient la bienfaisance et venaient au secours de toutes les infortunes.

Le triomphe des vertus préconisées n'était qu'un beau rêve, qui devait s'effondrer dans les dissentiments politiques et religieux.

Le Grand-Orient, qui exerçait un souverain pouvoir sur les divers rites français et écossais, avait adopté cette devise: Union, Force, Sagesse. Cette direction absolue exigeait de tous les Frères, avant leur initiation aux mystères de l'Ordre, le serment suivant:

«Je jure solennellement d'obéir, sans restriction, >> aux statuts et règlements généraux, et de rester » inviolablement attaché au G..-O.., seul législateur » et régulateur de l'Ordre maç.. en France. »

Dunkerque a été le berceau de la Franc-Maçonnerie en France, en 1721 (1). Son créateur fut un anglais, le

(1) La seconde loge fut créée à Paris en 1725.

duc de Montagu; doué d'un esprit très cultivé, il fit hommage, à la Loge qu'il avait fondée en notre ville, d'un merveilleux manuscrit sur parchemin, orné de délicates enluminures (1). Par suite d'un don, cette œuvre précieuse, qui fait l'admiration des bibliophiles, est devenue la propriété de notre bibliothèque communale, à la condition expresse qu'elle n'en sorte jamais.

Nous allons retracer brièvement les phases de prospérité et de décadence qu'ont traversées les Loges dunkerquoises, depuis leur origine jusqu'à nos jours.

Au XVIII siècle, il existait à Dunkerque six Loges maçonniques, régulièrement constituées, qui étaient : L'Amitié et Fraternité, La Trinité, La Trinité Unitaire, La Vertu, La Modeste et Les Vrais Bataves.

LOGE «L'AMITIÉ ET FRATERNITÉ »

Cette Loge, qui est l'aînée de toutes les loges de France, a été fondée le 1er du 2 M 5736 (2) (13 octobre 1721 de l'ère vulgaire), par Jean, duc de Montagu, grand maître de la Loge de Londres, sous le titre de: Loge chapitrale et écossaise de Saint-Jean de l'Amitié et Fraternité, ayant pour devise: « Spe, fide et charitate ». Le Frère Romalet en fut le premier vénérable. Les autres Loges n'étaient que des satellites, gravitant autour d'elle et subissant son impulsion.

L'ancienneté de sa création et l'importance de ses

(1) Cet ouvrage est un exemplaire du Thrésor de toutes choses, écrit en français, vers 1260, par Brunetto Latini, le maître de Dante.

(2) L'ère maçonnique date de la création du monde; l'année commence au mois de mars du calendrier grégorien.

travaux lui valurent le titre de Mère-Loge de toute la Flandre maritime.

La loge L'Amitié et Fraternité, dirigée par des dignitaires d'un grand savoir, jouissait, dans le monde maçonnique, d'un brillant renom. Ses pouvoirs étaient presque illimités; c'est ainsi qu'elle contribua à la fondation d'une Loge à Gravelines et lui décerna le titre de Saint-Jean du Désert (1).

La Loge, qui était fréquentée par de grands personnages, ne recevait dans son sein que des adeptes à l'esprit cultivé. La Franc-Maçonnerie était, à son origine, un ordre aristocratique qui n'admettait pas le nivellement des classes. En 1767, un marchandcordier du nom de Sallé, fut exclu du temple, sous prétexte que sa profession et son éducation étaient trop inférieures. Ce rigorisme était en désaccord avec les principes de l'Ordre, qui prônait l'Egalité et l'Indépendance.

La réception d'un néophyte donnait souvent lieu à un banquet auquel les Frères n'étaient pas tenus d'assister; mais il existait deux banquets obligatoires: l'un, en janvier, pour la St Jean d'hiver, l'autre, sans jour fixe, pour la fête du patron de l'Ordre, St Jean de Jérusalem.

Jusqu'à la Révolution, les Francs-Maçons dunkerquois ont toujours été les défenseurs du trône et de l'autel. Lorsque l'un d'eux venait à mourir, la Loge faisait dire une ou plusieurs messes avec illumination pour le repos de l'àme du défunt, dans l'église paroissiale ou dans une chapelle d'un couvent, et

(1) Gravelines a possédé une autre loge portant le nom de Philadelphie, fondée en 5778 de l'ère maçonnique.

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