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Louis de Mâle, dernier comte de la Maison de Flandre, était mort en 1384 (Nouv. style) et Philippele-Hardi, duc de Bourgogne, recueillit l'héritage de son beau-père. Les villes de la Flandre maritime avaient peu de sympathie pour un prince de la Maison de Valois; mais, rudement éprouvées par la guerre et trop faibles pour reprendre l'offensive, elles se résignèrent à reconnaitre le mari de leur légitime souveraine, Marguerite de Mâle. Les documents de l'époque exposent les démarches pressantes qu'elles firent pour recouvrer leurs antiques privilèges, et Philippele-Hardi, mù par des sentiments de piété et soucieux de la paix et de la propérité de ses nouveaux états, accueillit favorablement les humbles suppliques qui lui furent adressées.

En conséquence, les villes du West-Quartier se soumettent à la grâce et ordonnance du duc de Bourgogne, « à cause des rebellions, conspiracions, » désobéissances, mesuranches, commotions et emeu»tes envers le conte de Flandre, derrain (dernière>>ment) trépassé » (1). Philippe charge Robert de Cappel, seigneur de Capple en West-Capple, rewaert (gouverneur) de Bergues, de s'entendre avec les villes et châtellenies de Bergues, Cassel, Bourbourg, Nieuport, Mardick et Gravelines (2). Le duc rendit aux

(1) Documents inédits relatifs à Bailleul. Ign. de Coussemaker, année 1384, t. I, p. 408. — Philippe-le-Hardi avait épousé Marguerite de Måle, en 1369. Dans le traité de mariage, on trouve, entre autres conditions: Pour paiement de certain nombre de gens de guerre, qu'il (le comte Louis) avoit entretenus durant les guerres passées, en la ville de GREVENINGHE, le roy Charles de France (Charles V. fils du roi Jean) lui donneroit et restitueroit Lille, Douai et Orchies avec leurs appartenances et chastellenies». (D'Oudegherst, II, 50s). V. plus haut, p. 226, Union Faulconnier 1909.

(2) Essai historique sur Yolande (Desmyttère, p. 24 et 110). Les villes de Flandre furent reçues en gràce, moyennant un subside annuel

Gravelines sous
Philippe-le-Hardi
1394-1404.
La ville recourre

ses privilèges
1384.

Préparatifs

d'une descente en Angleterre 1386.

bourgeois et habitants de Gravelines, comme il le fit pour Cassel et Dunkerque, les lois, privilèges et coutumes dont ils jouissaient avant les troubles suscités sous le gouvernement de Louis de Mâle.

La Flandre ainsi pacifiée, Philippe, duc de Bourgogne et comte de Flandre, prépara une descente en Angleterre (1386). Quinze cents navires vinrent mouiller dans nos eaux et furent ressemblés dans les ports de Flandre. Les chevaliers arrivaient de toutes parts et rivalisaient de magnificence dans leurs armements. «Mais rien n'approchait du navire du duc de Bourgogne; il était tout peint, au dehors, en or et en azur. On y voyait cinq grandes bannières aux armes du duché de Bourgogne, du comté de Flandre, du comté d'Artois, du comté de Réthel et de la cour de Bourgogne; quatre pavillons de mer, à fond d'azur et à queue blanche; trois mille étendards avec la devise du duc: Il me tarde. On l'avait aussi brodée en or sur les voiles, avec des marguerites tout à l'entour » (1). On le sait, l'expédition (2) échoua par les lenteurs calculées du duc de Berry, oncle du roi de France Charles VI. Cette magnificence coûta cher au peuple

payable jusqu'à la soumission de Gand et d'Audenarde. Bergues et sa châtellenie furent taxées à 450 francs par mois; la ville et châtellenie de Bourbourg, à 100 francs; la ville de Dunkerque à 100 francs par mois; la ville et châtellenie de Cassel, et la ville de Merville, à 450 francs par mois; la ville et châtellenie de Bailleul, à 150 francs par mois. D'autres villes furent soumises à pareilles impositions, lesquelles furent prélevées pendant quatre mois et produisirent une somme de 51.559 livres 135 francs. (V. Documents inédits, t. I, p. 108 et suiv.)

(1) De Barante (Hist. des dues de Bourgogne, I, p. 220. Ed. Paris, 1859.)

(2) A deux reprises différentes, Charles VI, roi de France, fit les préparatifs d'une expédition en Angleterre où le peuple se soulevait contre la noblesse, et les nobles contre leur roi, le faible et malheureux Richard II. Ces armements ne servirent qu'à épuiser le trésor de la France.

déjà ruiné par l'impôt. Tout ce pays, jusqu'à la mer, fut mangé, dit Froissard, par les troupes de gens d'armes français, et « les pauvres et menus métiers » les maudissaient, disant entre les dents: Ores, allez, >> allez en Angleterre, et que jamais n'en puisse-t-il » revenir pied. »

ses vues sur Gravelines 1395.

Cependant, Yolande, la dame de Gravelines, troublée Mort d'Yolande et dans la possession de ses droits, voyait se terminer ses contestations, procès et différends avec le duc de Bourgogne. En 1395 (10 mai), la noble châtelaine donnait déclaration et dénombrement des terres qu'elle tenait en foi et hommage du comte de Flandre, savoir: Cassel, Dunkerque, le bois de Nieppe, Warneton, GRAVELINES, le pont d'Estaires, Bourbourg — et celles qu'elle tenait de l'Empire: Bornhem, Roddes, Vindic, etc... Le 12 décembre de la même année, Yolande expirait pieusemeni en son castel de la Motteau-Bois, et transmettait ses nombreux domaines à son fils Robert de Bar. Il est à propos d'ajouter ici qu'Yolande avait eu, selon Guilbert (1), le projet de faire creuser un canal direct de Gravelines à la mer, pour recevoir les eaux de l'Aa, avec une écluse d'échappe et un bassin.

à Gravelines 1396.

Le duc Philippe désirait vivement que la paix fùt Le duc de Berry conclue entre la France et l'Angleterre. Le commerce des Flamands les liait aux Anglais; c'était de leur pays qu'ils tiraient la laine dont ils faisaient ces draps vendus à tant de royaumes. Et puis, le prince était trop habile pour ne pas ménager ses sujets qui avaient, dit Froissard, le cœur plus anglais que français. L'occasion se présentait favorable. Richard II, roi

(1) Dictionnaire des villes de France.

Courses sur mer

entre Gravelinois et Anglais

1396 à 1404.

d'Angleterre, avait résolu, malgré son oncle, le duc de Glocester, chef du parti de la guerre, de demander en mariage Isabelle, fille du roi de France. Après plusieurs ambassades, le contrat fut signé et, le 4 novembre 1396, Richard II épousait Mile Isabelle de France, dans la chapelle de Saint-Nicolas, à Calais.

Grandes provisions, raconte Froissard (1), se faisaient à Calais et à Guines, tant pour le roi que pour quantité de princes et barons d'Angleterre ; et, là, elles étaient envoyées par la majeure partie des ports et de la rivière de Tamise. Pareillement pour le roi de France et son frère, le duc d'Orléans, et leurs oncles, et les prélats et barons de France. On faisait grandes provisions à St-Omer, à Aire, à Thérouanne, à Ardres, à la Montoire, à GRAVELINES et en toutes les maisons et abbayes des environs ». Une première entrevue des princes et princesses français et anglais eùt lieu à l'abbaye de St-Bertin, selon le cérémonial accoutumé. « Puis, vint le roi, ajoute le chroniqueur, se loger en la bastille d'Ardres, et le duc de Bourgogne, à la Montoire; le duc de Bretagne, en la ville d'Osque, et le duc de Berry, à GRAVELINES. Les tentes et les pavillons furent tendus par les champs, et tout le pays rempli de peuple, tant de France que d'Angleterre. »

Pendant les solennités du mariage, on négocia de la paix, mais l'on ne put rien gagner sur l'esprit du duc de Glocester, et il fallut se contenter d'une simple trève. Malgré les suspensions d'armes renouvelées et les assurances pacifiques données de part et d'autre, les hostilités se poursuivaient et les Anglais se livraient à de continuelles pirateries sur les côtes de Normandie

(1) Froissard (Ed. Me de Witt, liv. IV, p. 817).

et de Bretagne, où les pêcheurs n'osaient plus paraître au large. Plus de douze cents Bretons, sous les ordres des sires de Penhouët et de Guillaume Duchâtel, leur faisaient la chasse. Le littoral de la Flandre n'était pas plus en sûreté et, dans l'intervalle de temps compris entre 1396 et 1403, les annalistes nous disent: « Les » gros dommages (dommages), pilleries et larrechins » (larcins) réciproques des Anglois et Flamens sur mer (1). Waleran de Luxembourg, comte de St-Pol, gouverneur de la Picardie, avait à venger Richard, roi d'Angleterre, son beau-frère, qu'Henri de Lancastre avait détrôné et mis à mort (2). Il envoya au monarque usurpateur ce défi : « Très-haut et trèspuisant prince Henri, duc de Lancastre; moi, Waleran de Luxembourg, comte de Ligny et de St-Pol, considérant l'affinité, amour et confédération que j'avais avec très-haut et puissant prince Richard, roi d'Angleterre, dont j'ai eu la sœur pour épouse; considérant la destruction dudit roi, dont vous êtes notoirement coupable et grandement diffamé; de plus, la grande honte que moi et ma génération, descendant de lui, en pourront recevoir au temps à venir, et l'indignation de Dieu tout-puissant, ainsi que celle de toutes les personnes raisonnables et honorables, que je mériterai si je n'emploie pas toute ma puissance à venger la mort dudit roi, dont j'étais allié; en conséquence, je je vous fais savoir par ces présentes, que je vous nuirai en toutes manières que je pourrai; tous les

(1) D'Oudegherst (ut sup.), t. II, p. 613,

(2) Henry de Derby, duc de Lancastre, cousin de Richard II, et qui régna sous le nom de Henri, Quant à Me Isabelle de France, épouse de Richard II, elle fut ramenée courtoisement à Calais, et Philippe, duc de Bourgogne, vint la recevoir avec un magnifique cortège.

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