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tout véritable affront. Bonaparte, depuis ces dix-sept jours, avait soutenu sa renommée. militaire sans l'augmenter beaucoup. L'imagination des Français s'habituait à lui demander des victoires d'Arcole et de Rivoli. Depuis la campagne ouverte, c'était Masséna qui avait porté les grands coups: encore quelques journées semblables à celles de Tarvis, et il montait à un premier rôle. Il était fatigant pour Bonaparte d'avoir toujours à louer son lieutenant, quoiqu'il l'eût fait avec assez de grâce. L'archiduc s'approchait de ses renforts, et Bonaparte s'éloignait des siens. On sortait de cette Italie qui; après un long esclavage, s'effrayait peu du mot de révolution, et qui semblait ne pouvoir changer que pour être mieux. L'immobilité du peuple allemand égalait sa patience; sa loyauté était invariable; on ne pouvait ni lui faire aimer une révolution, ni lui faire comprendre une république. Il est à présumer que Bonaparte avait conçu un effet plus foudroyant de ses armes, et qu'il s'inquiétait de s'avancer sans être protégé par des victoires éclatantes. Pour bien apprécier l'importante résolution qu'il prit après les dixsept jours dont j'ai rendu compte, voyons ce

1797.

1797. qui se passait sur le Rhin, dans le Tyrol et dans les États venitiens.

Nouveau pas

Dans la campagne d'Italie, Bonaparte avait Avril 1797. eu à se plaindre du long retard qu'avaient

sage du Rhin.

mis les arinées de Jourdan et de Moreau à passer le Rhin. En effet, sa campagne avait commencé deux mois avant celle de ces deux généraux. Lorsqu'après la prise de Mantoue il conçut le hardi projet de se porter sur Vienne, il avait impérieusement demandé au Directoire que l'armistice sur le Rhin fût rompu; mais il s'agissait de remplacer les renforts assez considérables que Bernadotte lui avait amenés. Le passage d'un fleuve tel que le Rhin demandait de grands préparatifs après la perte du fort de Kehl et de la tête de pont d'Huningue. Il fallait que les deux armées agissent simultanément, sans quoi elles couraient le risque d'être tour à tour écrasées. Celle de Sambre-et-Meuse était fort affaiblie et fort découragée par sa retraite; il est vrai qu'elle venait de recevoir un général plein de talent, d'activité et d'ambition; c'était Hoche. Le vœu de Bonaparte ne put être rempli aussitôt qu'il le désirait. Hoche et Moreau ne se mirent en mouvement que le 18 avril,

c'est-à-dire trop tard pour influer sur l'événement de la paix. Bonaparte, et c'est lui qui nous le déclare, ne vit dans ce retard qu'un effet de la jalousie du Directoire qui redoutait pour son autorité l'entrée triomphante à Vienne d'un général dont la gloire l'inquiétait depuis long-temps. C'est l'unique motif qu'il donne à sa résolution; mais les événemens militaires du Tyrol y eurent sans doute beaucoup plus de part.

Bonaparte, en laissant trois fortes divisions pour observer et soumettre le Tyrol, semblait avoir satisfait à ce qu'exigeaient des postes d'une si haute importance. Joubert les commandait, et il avait sous lui trois généraux distingués, Delmas, Dumas et Baraguayd'Hilliers. Les innombrables obstacles que présentent de tels lieux dans une saison encore rigoureuse ne purent arrêter l'ardeur de Joubert. Il compta d'abord chaque jour de marche par des succès glorieux. Les Français poursuivaient les Autrichiens vaincus à travers les torrens et jusque sur la neige des montagnes. Après des actions terribles, Joubert s'empara successivement de Botzen, de Brixen, de Clausen et d'Inspruck, et déjà il s'apprêtait à venir communiquer par la Ca

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1797. rinthie avec la grande armée; mais l'archiduc Charles avait jugé que le salut de Vienne était dans le Tyrol, et il avait donné cette direction à des corps nombreux, et surtout fort exercés, qu'il tirait de son armée du Rhin. Le général Laudon, lorsqu'on le croyait abattu par quatre défaites, vint tenter le combat à la tête d'une armée en quelque sorte toute nouvelle; aimé dans le Tyrol, il avait réussi à soulever cette province loyale et belliqueuse. Les Français eurent à combattre tout une population de chasseurs intrépides. Plus de salut pour tout détachement qui marchait isolé. Botzen et Brixen furent bientôt repris, et l'armée française fit sa retraite par la vallée de l'Adige; dès le 6 avril, presque tout le Tyrol était abandonné. Bonaparte ne connaissait encore, au 31 mars, qu'une partie de cet événement malheureux; mais de premiers revers éprouvés dans le Tyrol devaient lui causer de vives inquiétudes sur les communications, sur les mouvemens de l'Italie et sur sa retraite même, s'il avait à l'opérer. Le danger devenait chaque jour plus pressant. On apprit que le colonel autrichien Casimir était rentré dans Trieste.

Venise donnait encore au général français

Lettre de

de plus grands sujets d'alarmes et de colère. 1797. Je diffère un moment d'en parler pour pré- Bonaparte à senter avec plus d'ensemble et de clarté la l'archiduc. suite des événemens qui amenèrent la chute d'une république aussi ancienne que la monarchie française. Bonaparte avait constamment montré tout le génie que peut donner l'audace; il montra cette fois tout le génie qui peut appartenir à la prudence. Voici la lettre de Bonaparte à l'archiduc Charles.

« Au quartier-général de Klagenfurth, le << II germinal an v.

«

« Monsieur le général en chef,

« Les braves militaires font la guerre et << désirent la paix; celle-ci ne dure-t-elle pas depuis six ans? avons-nous assez tué de << monde et fait assez de maux à la triste hu<<manité? elle réclame de tous côtés. L'Eu<< rope qui avait pris les armes contre la Ré<< publique française les a posées; votre nation << reste scule, et cependant le sang va couler « plus que jamais. Cette sixième campagne << s'annonce par des présages sinistres; quelle «< qu'en soit l'issue, nous tuerons de part et << d'autre quelques milliers d'hommes de plus; << et il faudra bien qu'on finisse par s'entendre, << puisque tout a un terme, même les passions << haineuses.

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