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et quand il crut le voleur en sûreté, il dit gaiement aux siens Pourquoi tant vous tourmenter à la recherche de ce chandelier? le Seigneur l'a donné à son pauvre (1).—Une autre fois enfin, comme il se relevait la nuit pour aller à l'église, il vit deux amans couchés dans un coin; aussitôt il détacha une fourrure précieuse qu'il portait au cou, et la jeta sur ces pécheurs. Puis il alla prier pour eux (2).

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Telle fut la douceur et l'innocence du premier roi Capétien, Je dis le premier roi; car son père Hugues Capet (8), se défia de son droit, et ne vou

(1) Helgaldus, c. 9.

(2) Ibid., c. 18.

(3) Quelques-uns ont cru que le mot de Capet était une injure, et venait de Capito, grosse tête. On sait que la grosseur de la tête est souvent un signe d'imbécillité. Une chronique appelle Capet Charles-le-Simple (Karolus Stultus vel Capet. (hron. saint Florent., ap. Scr. fr. IX, 55).—Mais il est évident que Capet est pris pour Chapet, ou Cappatus.-Plusieurs chroniques françaises, écrites long-temps après, ont traduit Hue Chapet ou Chappet. (Scr. fr. X, 293, 303, 313.)-Chronic., S. Medard. Suess., ibid. IX, 56. Hugo, cognominatus Chapet. Voy. aussi Richard de Poitiers, ibid. 24, et Chronic. Andegav., X, 272, etc. Alberic., Tr.-Font., IX, 286 Hugo Cappatus, et plus loin :Cappet.-Guill. Nang. IX, 82 Hugo Capucii.-Chron. Sith., VII, 269.-Chron. Strozz. X, 273: Hugo Caputius.-Cette dernière chronique ajoute que le fils d'Hugues, le pieux Robert, chantait les vêpres revêtu d'une chappe.-L'ancien étendard des rois de France était la chappe de saint Martin; c'est de là, dit le Moine de saint Gall, qu'ils avaient donné à leur oratoire le nom de Chapelle. « Capella, quo nemine Francorum reges propter cappam S. Martini quam secum ob sui tuitionem et hostium oppressionem jugiter ad bella portabant, Sancta sua appellare solebant. » L. I, c. 4.

lut jamais porter la couronne; il lui suffit de porter la chappe, comme abbé de Saint-Martin de Tours. C'est sous ce bon Robert que se passa cette terrible époque de l'an 1000; et il sembla que la colère divine fut désarmée par cet homme simple, en qui s'était comme incarnée la paix de Dieu. L'humanité se rassura et espéra durer encore un peu; elle vit, comme Ezéchias, que le Seigneur voulait bien ajouter à ses jours. Elle se leva de son agonie, se remit à vivre, à travailler, à bâtir; à bâtir d'abord les églises de Dieu. « Près de trois ans après l'an 1000, dit Glaber, dans presque tout l'univers. surtout dans l'Italie et dans les Gaules, les basiliques des églises furent renouvelées, quoique la plupart fussent encore assez belles pour n'en avoir nul besoin. Et cependant les peuples chrétiens semblaient rivaliser à qui éleverait les plus magnifiques. On eût dit que le monde se secouait et dépouillait sa vieillesse, pour revêtir la robe blanche des églises (1). »

Et en récompense il y eut d'innombrables miracles. Des révélations, des visions merveilleuses firent partout découvrir de saintes reliques, de

(1) Glaber, l. III, c. 4, ap. Scr. fr. X, 29. Igitur infra millesimum tertio jam ferè imminente anno, contigit in universo penè terrarum orbe, præcipuè tamen in Italiâ et in Galliis, innovari ecclesiarum basilicas, licet pleræque decenter locatæ minimè indiguissent. Æmulabatur tamen quæque gens christicolarum adversùs alteram decentiore frui erat enim instar ac si mundus ipse excutiendo semet, rejectâ vetustate, passim candidam ecclesiarum vestem indueret.

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puis long-temps enfouies, et cachées à tous les yeux « Les saints vinrent réclamer les honneurs d'une résurrection sur la terre, et apparurent aux regards des fidèles qu'ils remplirent de consolations (1). » Le Seigneur lui-même descendit sur l'autel; le dogme de la présence réelle, jusque-là obscur et caché à demi dans l'ombre, éclata dans croyance des peuples: ce fut comme un flambeau d'immense poésie qui illumina, transfigura l'occident et le nord. « Tout cela se trouvait annoncé comme par un présage certain dans la position même de la croix du Seigneur quand le Sauveur y était suspendu sur le Calvaire. En effet, pendant que l'Orient avec ses peuples féroces était caché derrière la face du sauveur, l'Occident, placé dévant ses regards, recevait de ses yeux la lumière de la foi dont il devait être bientôt rempli. Sa droite toute puissante, étendue pour le grand œuvre de miséricorde, montrait le Nord qui allait ètre adouci par l'effet de la parole divine, pendant que sa gauche tombait en partage aux nations barbares et tumultueuses du Midi (2).

La lutte de l'Occident et de l'Orient, cette grande idée qui vient de tomber en paroles en

(1) Ibid., c. 6. Revelata sunt diversorum argumentorum indiciis, quorsùm diù latuerant, plurimorum sanctorum pignora. Nam veluti quoddam resurrectionis decoramen præstolantes, Dei nuti fidelium obtutibus patuêre, quorum etiam mentibus plurimum intulêre sola

men.

(2) Rad. Glaber, 1. I, c. 5.

fantines de la bouche ignorante du moine, c'est la pensée de l'avenir, et le mouvement de l'humanité. De grands signes éclatent, des multitudes d'hommes s'acheminent déjà un à un, et comme pèlerins, à Rome, au mont Cassin, à Jérusalem. Le premier pape français, Gerbert, proclame déjà la croisade; sa belle lettre où il appelle tous les princes au nom de la cité sainte (1), précède d'un siècle les prédications de Pierre-l'Hermite. Préchée alors par un Français et sous un pape français, Urbain II, exécutée surtout par des Français,

(1) Geberti epist. 107, ap. Scr. fr. X. 426. « Ea quæ est Hierosolymis, universali Ecclesiæ sceptris regnorum imperanti:

« Cùm benè vigeas, immaculata sponse Domini, cujus membrum esse me fateor, spes mihi maxima per te caput attolendi jàm penè attritum. An quicquam diffiderem de te, rerum domina, si me recognoscis tuam? Quisquam ne tuorum famosam cladem illatam mihi putare debebit ad se minimè pertinere, utque rerum infima abhorrere? Et quamvis nunc dejecta, tamen habuit me orbis terrarum optimam sui partem penès me Prophetarum oracula, Patriarcharum insigna; hinc clara mundi lumina prodierunt. Apostoli; hinc Christi fidem repetit orbis terrarum, apud me redemptorum suum invenit. Etenim quamvis ubique sit divinitate, tamen hic humanitate natus, passus, sepultus, hinc ad cœlos elatus. Sed cum Propheta dixerit : « Erit sepulchrum ejus gloriosum », paganis lóca cuncta subvertentibus, tentat Diabolus reddere ingloriosum. Enitere ergò, miles Christi, esto signifer et compugnator, et quod armis nequis consilii et opum auxilio subveni. Quid est quod das, aut cui das? Nempè ex multo modicum, et ei qui omne quod habes gratis dedit, nec tamen gratis recipit; et hic eum multiplicat et in futuro remunerat; per me benedicit tibi, ut largiendo crescas; et peccata relaxat, ut secum regnando vivas.»- Les pisans partirent sur cette lettre, et massacrèrent, dit-on, un nombre prodigieux d'infidèles en Afrique, Scr. fr. X,

la grande entreprise commune du moyen-âge, celle qui fit de tous les Francs une nation, elle nous appartiendra, elle révèlera la profonde sociabilité de la France. Mais il faut encore un siècle, il faut que le monde s'asseoie avant d'agir. En l'an 1000, un politique fonde la papauté, un saint fonde la royauté : je parle de deux Français, de Gerbert et de Robert.

Ce Gerbert, disent-ils, n'était pas moins qu'un magicien (1). Moine à Aurillac, chassé, réfugié à Barcelone, il se défroque pour aller étudier les lettres et l'algèbre à Cordoue. Delà, à Rome; le grand Othon le fait précepteur de son fils, de son petit-fils. Puis il professe aux fameuses écoles de Reims; il a pour disciple notre bon roi Robert. Secrétaire et confident de l'archevêque, il le fait déposer, obtient sa place par l'influence d'Hugues Capet. Ce fut une grande chose pour les Capets d'avoir pour eux un tel homme: s'ils aident à le faire archevêque, il aide à les faire rois.

Obligé de se retirer près d'Othon III, il devient

(1) Guil. Malmsbur., I. II, ap. Scr. fr. X, 243. Non absurdum, si iteris mandemus quæ per omnium ora volitant.... Divinationibus et incantationibus more gentis familiari studentes ad Saracenos Gerbertus perveniens, desidero satisfecit.... Ibi quid cantus et volatus avium pertendit, didicit; iri excire tenues ex inferno figuras.... Per incantationes Diabolo accersito, perpetuum pasciscitur hominum. Fr. Andreæ chronic., ibid. 289: A quibusdam etiam nigromancia arguitur ;.... à Diabolo enim percussus dicitur obisse. (hronic. reg. Francorum, ibid. 301.... Gerbertum monachum philosophum quin potiùs nigromanticum.

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