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vacante, ainsi que la dignité impériale. Il prévient à Rome les fils de Louis-le-Germanique,

les gagne de vitesse (1) et dérobe pour ainsi dire le titre d'empereur. Mais le jour même de Noël où il tromphe dans Rome sous la dalmatique grecque (2), son frère, maître un instant de la Neustrie, triomphe lui aussi dans le propre palais de Charles; le pauvre empereur s'enfuit d'Italie à l'approche d'un de ses neveux, et meurt de maladie dans un village des Alpes (877) (3).

Son fils, Louis-le-Bègue, ne peut même conserver l'ombre de puissance qu'avait eue Charlesle-Chauve. L'Italie, la Lorraine, la Bretagne, la Gascogne, ne veulent point entendre parler de lui. Dans le nord même de la France, il est obligé d'avouer aux prélats et aux grands, qu'il ne tient la couronne que de l'élection (4). Il vit peu, ses fils encore moins. Sous l'un d'eux, le jeune Louis,

(1) Annal. Fuld., ap. Scr. fr. VII, 181. Quanta potuit velocitate Romam profectus est.

(2) Ibid. De Italiâ in Galliam rediens, novos et insolentes habitus assumpsisse perhibetur: nàm talari dalmaticâ indutus, et baltheo desuper accinctus pendente usque ad pedes, necnon capite involuto serico velamine, ac diademate desuper imposito, dominicis et festis diebus ad ecclesiam procedere solebat.... Græcas glorias optimas arbitrabatur....

(3) Annal. Fuldens., ap. Scr. fr. VII, 183. Suivant l'annaliste de saint Bertin (ibid. 124), il fut empoisonné par un médecin juif. Voy. aussi les Annales de Metz, ibid. 203.

(4) Annal. Bertin., ap. Scr. fr. VIH, 27. Ego Ludovicus mìsericordiâ Domini Dei nostri et electione populi rex constitutus..... pol. liceor servaturum leges et statuta populo, etc.

l'annaliste jette en passant cette parole terrible, qui nous fait mesurer jusqu'où la France était descendue : « Il bâtit un château de bois; mais il servit plutôt à fortifier les payens qu'à défendre les chrétiens, car ledit roi ne put trouver personne à qui en remettre la garde (1).

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Louis eut pourtant, en 881, un succès sur les Northmans de l'Escaut. Les historiens n'ont su comment célébrer ce rare événement. Il existe encore en langue germanique un chant qui fut composé à cette occasion (2). Mais ce revers ne les rendit que plus terribles. Leur chef Gotfried épousa Gizla, fille de Lothaire II, se fit céder la Frise; et quand Charles-le-Gros, le nouveau roi de Germanie, y eut consenti, il voulut encore un établissement sur le Rhin, au cœur même de l'Empire. La Frise, disait-il, ne donnait pas de vin; il lui fallait Coblentz et Andernach. Il eut une entreve avec l'Empereur dans une île du Rhin.

(1) Annal. Bertin., ann. 881, ibid., 35. Castellum materiâ ligneâ.., quod magis ad munimen paganorum quàm ad auxilium christianorum factum fuit, quoniam inverire non potuit cui illud castellum ad custodiendum committere posset.

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Un chroniqueur, postérieur de deux siècles, ne craint pas d'affirmer qu'Eudes, qui faisait la guerre pour Louis, tua aux Normands cent mille hommes. Marianus Scotus, ap. Scr. fr. VIII.

Là il élevait de nonvelles prétentions au nom de son beau-frère Hugues. Les impériaux perdirent patience et l'assassinèrent. Soit pour venger ce meurtre, soit de concert avec Charles-le-Gros, le nouveau chef Siegfried alla s'unir aux Northmans de la Seine, et envahit la France du Nord, qui reconnaissait mal le joug du roi de Germanie, Charles-le-Gros, devenu roi de France par l'extinction de la branche française des Carlovingiens.

Mais l'humiliation n'est pas complète jusqu'à l'avènement du prince allemand (884). Celui-ci réunit tout l'empire de Charlemagne. Il est empereur, roi de Germanie, d'Italie, de France. Magnifique dérision. Sous lui, les Northmans ne se contentent plus de ravager l'Empire. Ils commencent à vouloir s'emparer des places fortes. Ils assiègent Paris avec un prodigieux acharnement. Cette ville, plusieurs fois attaquée, n'avait jamais été prise. Elle l'eût été alors, si le comte Eudes, fils de Robert-le Fort, l'évêque Gozlin, et l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, ne se fussent jetés dedans, et ne l'eussent défendue avec un grand courage. Eudes osa même en sortir pour implorer le secours de Charles-le-Gros. L'Empereur vint en effet, mais il se contenta d'observer les barbares, et les détermina à laisser Paris, pour ravager la Bourgogne qui méconnaissait encore son autorité (885-886). Cette lâche et perfide connivence déshonorait Charles-le-Gros.

C'est une chose à la fois triste et comique, de voir les efforts du moine de saint Gall pour ranimer le courage de l'Empereur. Les exagération s ne coûtent rien au bon moine. Il lui conte que son aïeul Pépin coupa la tête à un lion d'un seul coup; que Charlemagne (comme auparavant Clotaire II), tua en Saxe tout ce qui se trouvait plus haut que son épée (1); que le débonnaire fils de Charlemagne étonnait de sa force les envoyés des Northmans, et se jouait à briser leurs épées dans ses mains (2). Il fait dire à un soldat de Charlemagne qu'il portait sept, huit, neuf barbares embrochés à sa lance comme de petits oiseaux (3). Il l'engage à imiter ses pères, à se conduire en homme, à ne pas ménager les grands et les évêques. « Charlemagne ayant envoyé con-sulter un de ses fils qui s'était fait moine, sur la manière dont il fallait traiter les grands, on le trouva arrachant des orties et de mauvaises herbes: : Rapportez à mon père, dit-il, ce que vous m'avez vu faire.... Son monastère fut détruit. Pour

(1) Mon. Sangall., 1. II, c. 17.

(2) Id. ibid., c. 38. C'est ainsi qu'Haroun Al Raschid met en pièces les armes que lui apportent les ambassadeurs de Constantinople. On sait l'histoire de l'arc d'Ulysse, dans l'Odyssée, de l'arc du roi d'Ethiopie dans Hérodote, etc.

(3) Id. ibid., c. 20. Is cùm Behemanos, Wilzos et Avaros in modum prati secaret, et in avicularum modum de hastili suspenderet.... aiebat: « Quid mihi ranunculi istí? Septem vel octo, vel certè novem de illis hasta meâ perforatos et nescio quid murmurantes, huc illucque portare solebam. »

quelle cause, cela n'est pas douteux. Mais je ne le dirai pas que je n'aie vu votre petit Bernard ceint d'une épée (1). »

Ce petit Bernard passait pour fils naturel de l'Empereur. Charles lui-même rendait pourtant la chose douteuse, lorsqu'accusant sa femme devant la diète de 887, il semblait se proclamer impuissant; il assurait « qu'il n'avait point connu l'impératrice, quoiqu'elle lui fût unie depuis dix ans en légitime mariage (2). » Il n'y avait que trop d'apparence : l'Empereur était impuissant comme l'Empire. L'infécondité de huit reines, la mort prématurée de six rois (3), prouve assez la dégénération de cette race: elle finit d'épuisement, comme celle des Mérovingiens. La branche française est éteinte; la France dédaigne d'obéir plus longtemps à la branche allemande. Charles-le-Gros est déposé à la diète de Tribur, en 888. Les divers royaumes qui composaient l'empire de Charlemagne, sont de nouveau séparés ; et non-seulement les royaumes, mais bientôt les duchés, les comtés, les simples seigneuries.

L'année même de sa mort (877), Charles-leChauve avait signé l'hérédité des comtés; celle des

(1) Id. ibid., c. 19. Quam ante ànon soluam, quam Benadulum vestrum spatá femur accinctum conspiciam.

(2) Annal. Metens., ann. 887, ap. Scr. fr. VIII. -Gesta reg. Franc., ap. Scr. fr. IX, 47.

(3) Je trouve cette obvervation dans l'histoire du moyen-âge de M. Desmichels (t, II, p. 372 ). Je ne puis trop louer toute cette partie de son livre.

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