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1797.

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moires : « Quoi! disaient-ils, ce sont ceux qui se disent nos représentans qui se «<font les panégyristes de nos ennemis ! Les << Venitiens ont versé le sang français, et, « au lieu de le venger, c'est nous encore (( qu'on accuse, non de l'avoir versé, mais « d'avoir excité des vengeances ! Ignorent<«< ils donc que nous sommes ici cent mille << baïonnettes, autant de témoins irrécusables? « Ces ennemis de la République n'ont pu ni «< vaincre, ni acheter notre général; ils le << voudraient assassiner juridiquement, mais << ils ne réussiront pas il faudrait avant tout, << pour l'atteindre, qu'ils marchassent sur nos << cadavres. >>

:

Bientôt le général parut, et fit publier l'ordre du jour suivant : « Soldats, c'est aujourd'hui «<l'anniversaire du 14 juillet. Vous voyez de<< vant vous les noms de nos compagnons d'ar<< mes morts au champ d'honneur pour la liberté <<< de la patrie; ils vous ont donné l'exemple; << vous vous devez tout entiers à la Républi« que; vous vous devez tout entiers au bon<< heur de trente millions de Français; vous << vous devez tout entiers à la gloire de ce <«< nom, qui a reçu un nouvel éclat par vos vic«toires..

« Soldats, je sais que vous êtes profondé- 1797. «ment affectés des malheurs qui menacent

<«< la patrie. Mais la patrie ne peut courir des

dangers réels. Les mêmes hommes qui l'ont << fait triompher de l'Europe coalisée, sont «<là. Des montagnes nous séparent de la << France. Vous les franchiriez avec la rapi« dité de l'aigle, s'il le fallait, pour mainte<< tenir la constitution, défendre la liberté,

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protéger le gouvernement et les républi"cains. Soldats, le gouvernement veille sur «<le dépôt des lois qui lui est confié. Les royalistes, dès l'instant qu'ils se montre«<ront, auront vécu. Soyez sans inquiétude, << et jurons par les mânes des héros qui sont « morts à côté de nous pour la liberté, ju<< rons sur nos drapeaux, guerre aux enne<< mis de la République et de la constitution « de l'an III. »

Les principaux lieutenans de Bonaparte étaient trop habiles courtisans pour ne pas l'imiter dans son fougueux accès de républicanisme; ce fut à qui foudroierait la réunion de Clichy. Bonaparte put s'apercevoir, au ton violent de ces ordres du jour, qu'ils n'avaient pas été dictés par le seul désir de lui complaire, et que plusieurs officiers se ressen

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taient de quelque vieille fréquentation du club des Jacobins. Cette fâcheuse découverte de

* Quelque horribles qu'en soient les sentimens et le style, je crois devoir mettre sous les yeux des lecteurs deux de ces adresses au Directoire.

La vingt-neuvième demi-brigade d'infanterie legère, au Directoire exécutif.

« CITOYENS DIRECTEURS,

« De tous les animaux produits par le caprice de la nature, le plus vil est un roi, le plus lâche est un courtisan, et le pire est un prêtre.

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va,

Quel sentiment a dû animer la 29° demi-brigade légère, lorsque son oreille a été frappée des cris de sa patrie?.... Celui d'une vengeance terrible !.... Quoi ! des scélérats marchandent, négocient, mettent à prix notre liberté !.... il faut un roi! disent-ils. Eh bien ! cours; tu en trouveras en Allemagne et ailleurs. Tu désires un maître : nous n'en voulons d'autre que la loi. Si les coquins qui troublent notre chère France ne sont pas bientôt écrasés par les moyens que vous possédez, appelez l'armée d'Italie, appelez la 29° légère, elle aura bientôt, à coups de baïonnettes chassé, balayé Chouans, Anglais, etc. : tout fuira : notre victoire est certaine. Oui, citoyens Directeurs, oui, nous jurons de poursuivre ces faux frères, ces assassins, jusque dans la garde-robe de leur digne patron George III; et nous finissons par vous assurer

vait lui faire comprendre l'étendue de la faute
qu'il venait de commettre contre l'intérêt de

que le club de Clichy subira le même sort que celui
du Rincy,»
Suivent les signatures.

La division de Tortone répartie en Piémont, et commandée par le général Sauret, au Directoire exécutif.

« CITOYENS Directeurs,

« Ils sont donc rentrés en France, ces prêtres et ces émigrés, l'opprobre de la nature et l'exécration du genre humain ! traîtres à leur patrie, fumant du sang de leurs compatriotes, ils sont rentrés, non pour expier leurs crimes, leur conscience leur dit qu'ils sont impardonnables, mais pour déchirer de nouveau, comme des frénétiques et des enragés, cette patrie qu'ils savent n'être plus la leur. Race maudite, tes projets abominables périront avec ceux qui les ont enfantés!

« Tu juras l'anéantissement de la République; et nous, nous jurons qu'elle existera toujours. Tremblez, scélérats! vous êtes réunis; votre dernier jour est arrivé. Commandez, citoyens Directeurs ; l'armée d'Italie, pour couronner ses glorieux travaux, est prête à repasser les Alpes, la foudre à la main; ils seront tous anéantis; la France sera purgée de ses plus cruels ennemis, et par ce moyen elle jouira de la paix, du bonheur et de la tranquillité.

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Suivent les signatures.

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son ambition, le seul qui le touchât vive-
ment. Qu'on n'accuse point ici l'historien d'in-
sister trop sur un projet de dictature, et de
juger prématurément des projets de Bona-.
parte d'après ceux qu'il effectua deux ans
après. C'est lui-même qui, dans les Mémoires
de Sainte-Hélène, exprime, en termes posi-
tifs, les projets qui travaillaient son esprit.
Voici ses propres expressions : « Napoléon se
« décida à soutenir le Directoire, et à cet
« effet il envoya le général Augereau à Pa-
<< ris; mais si, contre son attente, les conjurés
« l'eussent emporté, tout était disposé pour
qu'il fit son entrée dans Lyon à la tête de
quinze mille hommes, cinq jours après qu'il
<< aurait appris leur victoire ; et de là, marchant
« sur Paris, et ralliant tous les républicains,

du Directoire

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tous les intérêts de la révolution, il eût, «< comme César, passé le Rubicon à la tête du «< parti populaire. »

Préparatifs Dès que la proclamation de Bonaparte à pour un coup ses soldats fut communiquée aux deux Cond'état. seils, les royalistes et les modérés doutèrent

peu du sort funeste qui les attendait; ni les uns ni les autres ne firent un seul pas pour s'y soustraire par une honteuse capitulation. La dissolution des deux Conseils fut précédée

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