Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

de la guerre Petiet était aussi recommandable par ses principes d'honneur et de modération que par ses talens administratifs; on portait, et à juste titre, le même jugement sur le ministre de l'intérieur Bénezech: ces deux derniers étaient honorés par la majorité des deux Conseils; jamais ils ne se fussent rendus les instrumens d'une journée de proscription; toutefois il n'était pas facile aux directeurs Barras, Rewbell et La Réveillère-Lépeaux, de renvoyer sans prétexte deux ministres dont l'un avait contribué à la conception des plans et des mesures auxquelles on devait un si merveilleux enchaînement de victoires, et dont l'autre avait sauvé Paris des horreurs d'une longue famine, en affranchissant le trésor public d'une dépense énorme et insensée. Il fallait de plus ne pas laisser soupçonner à Barthélemy et à Carnot le motif réel qui faisait vouloir cette destitution; on prétend que Barras, versé par une longue

« des Conseils transfere ses séances hors de Paris, que « ferez-vous?

« Je suivrai la majorité.

- « Et si la majorité arbore le drapeau blanc ?

« Je me réunirai aux députés fidèles.

<< Ils ne vous recevront plus.

«Je saurai mourir. »

1797.

[ocr errors]

1797. pratique dans tous les expédiens du machiavélisme révolutionnaire, fut chargé de tromper ses deux collègues Carnot et Barthélemy; il feignit pendant plusieurs jours d'être à peu près décidé de faire pencher la balance en leur faveur. Le piége étant ainsi dressé, on proposa, dans une séance du Directoire, de passer en revue les différens ministres, et de décider au scrutin ceux qu'il conviendrait de garder ou de renvoyer. « Barras va nous donner la majorité, se disaient tout bas Carnot et Barthé <«<lemy, et nous allons éloigner les amis trop in<< times de nos deux adversaires. » Il fut procédé au scrutin avec un assentiment unanime; mais le scrutin dévoila la perfidie de Barras. Les trois ministres qui tenaient au parti modéré furent destitués à une majorité de trois voix. On éloigna également Truguet, ministre de la marine, et Charles Lacroix, ministre des affaires étrangères; Merlin fut conservé au ministère de la justice, M. de Talleyrand fut nommé ministre des affaires étrangères, le général Hoche à la guerre, François de Neufchâteau à l'intérieur, et Lenoir-Laroche à la police. Ces choix étaient habilement combinés, parce qu'aucun des nouveaux ministres n'inspirait d'alarmes, ni par son caractère ni par

ses principes; on avait seulement à craindre

leur complaisance.

Ce bouleversement du ministère fut reçu avec beaucoup d'ombrages dans les deux Conseils. On jugeait les desseins du triumvirat: les deux Directeurs qu'on venait de tromper avaient confié leurs alarmes à leurs amis; mais on ne pouvait arrêter le Directoire dans l'usage de sa prérogative. Bientôt deux des nouveaux ministres furent remplacés à leur tour; Lenoir-Laroche par Sotin, personnage remuant et très peu scrupuleux; Hoche ne put accepter le ministère, parce qu'il n'avait pas l'âge exigé pour le remplir. Le général Schérer, familier très dévoué de Rewbell, lui fut substitué.

A compter de ce jour, Carnot ne douta plus que sa perte ne fût jurée par ses trois collègues *.

* Carnot, dans ses mémoires, trace ici le portrait de deux de ses collègues, Barras et Réveillère. Ces deux morceaux sont écrits d'un style très vicieux; mais ils offrent quelques renseignemens qu'il m'a paru important de faire connaître :

« La haine que me portaient plusieurs membres du « Directoire, et Barras surtout, prenait sa source « dans des événemens bien antérieurs à sa formation. « Barras était d'une faction que j'ai toujours eue << en horreur; de cette faction qui voulut d'abord

1797.

1797.

Hoche et Bonaparte venaient de se lier

par

Dispositions une correspondance très active; l'un et l'autre

de Hoche, et de Bonaparte.

« porter d'Orléans sur le trône ; qui, n'ayant pu réus

"

[ocr errors]

sir, imagina de travailler pour son propre compte, <«<et qui finit par se diviser elle-même en deux au«tres, l'une Dantonienne, dominant aux Cordeliers, « l'autre Roberspierrienne, dominant aux Jacobins « et à la commune de Paris; de cette faction enfin qui, d'abord si contraire au système républicain, "en porta ensuite les principes jusqu'à l'exaltation, « lorsqu'elle vit qu'elle pouvait en profiter pour se << mettre elle-même à la tête de la république.

"

"

[ocr errors]

« J'étais également ennemi des Cordeliers et des Jacobins, et je n'ai jamais voulu entrer ni dans l'un « ni dans l'autre de leurs repaires. J'avais la même « aversion pour Danton et pour Roberspierre; mais, <«< comme membre du comité de Salut public, on me supposait du parti de ce dernier, sans savoir peut"( être que je ne cessais dans ce comité de m'élever con<«< tre sa cruauté et sa tyrannie. Barras était de la faction Dantonienne, ainsi que la plupart de ceux qui sont qualifiés de Thermidoriens par excellence ; mais qui, «<le 9 thermidor, indépendamment du danger qui les << menaçait, et auquel il leur était urgent de faire face, << songeaient beaucoup moins à abattre un tyran qu'à <«< en venger un autre, et à rétablir la tyrannie de ce«lui-ci dans leurs propres mains. Et quels étaient « encore ces prétendus vengeurs de l'humanité? C'étaient, parmi les principaux, ces mêmes hommes « qui avaient inondé de sang les villes de Paris, de « Bordeaux et de Marseille.

"

[ocr errors]
[ocr errors]

montraient de communs ressentimens contre la majorité des deux Conseils. Hoche avait

་་

« Mon grand crime, à leurs yeux, fut d'avoir signé << l'arrestation de Danton. Cependant une chose que << bien peu de personnes savent, c'est que j'avais été << au comité de Salut public contre l'arrestation de « Danton, non que je ne regardasse ce chef de septem« briseurs comme un homme exécrable, mais je di«< sais aux membres du comité : Sans doute vous êtes «< assez puissans pour envoyer à la mort celui qu'il « vous plaira de désigner; mais si vous frayez une « fois le chemin de l'échafaud aux représentans du peuple, nous passerons tous successivement par le « même chemin. Les signatures, ainsi que je l'ai expliqué à la Convention, ne constataient point l'opi<< nion de ceux qui les donnaient, mais seulement que tel avait été pris par le comité; de même que les signatures des présidens et secrétaires du Corps-Législatif et du Directoire certifient que telle loi ou « tel arrêté a été rendu, mais non pas que ce fût de « leur avis. Ce n'étaient point des signatures de confiance, comme on l'a dit, mais des signatures de forme, prescrites par la loi.

[ocr errors]
[ocr errors]

"

"

« Tout le monde savait cela, et ceux qui me pour

« suivaient avaient mille fois donné de semblables si

[ocr errors]
[ocr errors]

gnatures; mais on avait repris tous mes actes, soit personnels, soit ceux que j'avais faits comme repré<< sentant dans les nombreuses missions que j'avais remplies pendant huit mois presque sans interruption; et comme on n'avait pas pu trouver de quoi

[ocr errors]

1797.

« ZurückWeiter »