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1796.

S'il faut en général des degrés pour arriver au crime, il faut tout une vie souillée de

« Nous ne connaissons pas les membres du Corps législatif qui sont de notre parti. L'Émerer et Mersan étaient nos seuls intermédiaires, mais les autres sont la plus grande partie de ceux qui forment la réunion de Clichy. L'individu qui nous a procuré le rapport de Carnot sur le projet de descente en Angleterre, doit être employé au dépôt des places et cartes, appelé peut-être bureau des hydrographes ou typographes. Je crois que cette pièce a dû être enlevée pendant une absence que fit le chef du bureau, dans le cours du mois de frimaire.

«L'Angleterre payait ici un nommé Hardambert; il avait des rapports directs avec Saladin. Elle paie également un nommé Vincent, que le ministre de la police doit connaître.

« Une correspondance qui ne nous est pas tout-àfait étrangère, est celle de M. d'Antraigues avec M. Sourdat père. Sourdat écrit soit à un abbé nommé André, qui se fait nommer Lamarre; soit à M. de Valdené: : ces deux messieurs sont à Lausanne ou à Vevay. Ceux-ci transmettent les lettres à un abbé Lareynie, à Bellinzone, sous le couvert, je crois, du directeur des postes de cet endroit. Ce dernier envoie à Venise, où se tient d'Antraigues. De Venise, les détails vont à M. de Lavauguyon. Sourdat écrit aussi directement à Bellinzone, tantôt à l'abbé de Lorraine, sous le nom de Grégoire Letony, tantôt à Marco Philiberti, ou même à d'autres. Il y a encore une corres

turpitudes pour arriver à ce genre de crimes où la plus profonde bassesse de l'âme est empreinte.

1797.

élections; ma

te.

Au mois de mars 1797, on procéda à l'élec- Nouvelles tion annuelle pour remplacer l'un des deux jorité royalistiers conventionnels que la loi du 25 fructidor condamnait à sortir. Le Directoire et la vieille Convention furent vaincus presque sur tous les points. Les assemblées primaires avaient été suivies avec une affluence inusitée; les royalistes s'étaient enfin débarrassés du funeste scrupule qui avait porté un grand nombre d'entre eux, depuis le commencement de la révolution, à s'abstenir de tout acte politique. Leurs candidats obtiurent une majorité imposante on s'était peu contraint, soit dans les assemblées primaires, soit au collége électoral. On disait aux députés : «< Dirigez-vous vers le rétablissement « de la royauté, vers le rappel des Bour<< bons; mais veillez à nous éviter la secousse « d'une révolution nouvelle ». On leur disait, Dissimulez ; mais personne ne dissimulait devant eux ses sentimens : c'était comme une

pondance directe adressée à Marco Philiberti, banquier de Bavière ; la correspondance de l'intérieur est sans intérêt quelconque.

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conspiration de la France entière contre le gouvernement qui lui était imposé; mais les armées n'y entraient pas encore. Personne n'avait assez prévu le danger de les affronter; la plupart des choix étaient tombés sur des hommes naturellement modérés, mais qui, n'ayant point encore paru dans des assemblées délibérantes, pouvaient y payer le tribut de l'inexpérience. Parmi le peuple le plus mobile, le plus ouvert et le plus franc, rien de si difficile à se communiquer que l'esprit de mesure et la patience.

Le sort ou l'adresse de trois Directeurs, qui de la pentarchie avaient formé un véritable. triumvirat, fit sortir du Directoire un membre de la minorité qui inclinait vers des mesures modérées : c'était Le Tourneur, ami de Carnot. On pouvait le remplacer par un homme plus prononcé ; mais le triumvirat subsistait, et sa violence pouvait être irritée par le choix d'un collègue qui n'avait rien de commun avec ses sentimens et son origine.

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Sous la présidence du général Pichegru dont le nom remplissait le Conseil des CinqCents d'un éclat nouveau; et qui semblait un puissant bouclier contre les projets révolu

tionnaires, il fut procédé au choix d'un nouveau Directeur; les deux Conseils nommèrent M. Barthélemy, ambassadeur de France en Suisse.

que

C'était à lui que l'on devait le traité de paix avec la Prusse. Neveu du savant et élégant auteur des Voyages d'Anacharsis, comme son oncle il s'était long-temps entretenu avec les sages de l'antiquité ; et la sérénité de son âme, l'aménité de ses manières semblaient un doux fruit de ce commerce. On eût dit le ciel avait pris plaisir à exempter jusque-là ce seul Français des maux qui étaient notre partage. Toutes les phases de la révolution, l'avaient laissé immobile dans le poste d'un envoyé qui parle et s'occupe encore de paix, quand tout ne respire que les armes. L'asile de la Suisse était précieux pour lui, parce qu'il pouvait en faire goûter les douceurs à un grand nombre de proscrits. Tous les émigrés avaient eu à se louer de ses bons offices. Quelle douleur pour lui d'en être arraché! La paix, lui disait-on, la paix va régner parmi nous: il arrive, et tous les cris de la discorde retentissent à ses oreilles ; ses vertus le rendent un objet de haine concentrée pour trois de

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ses collègues, et c'est Carnot qui lui sert d'appui.

Pour concerter leur marche, les nouveaux députés se réunissaient souvent dans une maison de campagne à Clichy. Ils admettaient à cette conférence tous ceux de leurs collègues qui ne se montraient point les complaisans du Directoire, et il fallait bien que leurs principes ne fussent point d'une nature violente, puisque M. Boissi-d'Anglas assistait souvent à cette réunion. Un fait certain, c'est que leur ligue n'avait encore pour objet constant que la réforme des lois révolutionnaires; l'opposition qui les avait précédées avait décrié ces lois, et même en avait fait tomber quelques unes en désuétude; mais l'entreprise de les abolir ne demandait pas moins de sagesse que de vigueur. On remarquait, dans ces réunions, que ceux des députés qui dissimulaient le moins leurs sentimens royalistes se groupaient autour de Pichegru. Ce général trouvait au Conseil des Cinq-Cents un rival ou plutôt un ennemi dans le général Jourdan, dont les républicains paraissaient faire leur appui. La société de Clichy fut bientôt dénoncée comme une réunion de contre-révolutionnaires fou

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