Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

1799. gnés comme lui. Le ressentiment de Souwarow contre les inepties ou les perfidies du cabinet autrichien fut bientôt partagé par son maître, et devint aussi fatal à la coalition que ces nou

Défaites des

Anglais dans

veaux revers.

Le résultat de ces différentes batailles fut, suivant le rapport du général Masséna, environ dix-huit mille prisonniers, dont huit mille blessés, plus de cent pièces de canon, treize drapeaux, quatre généraux prisonniers, cinq tués, la reprise du Saint-Gothard, de Glaris et des vallées qui y débouchent. La perte totale des ennemis s'éleva à plus de trente mille hommies.

Presque dans le même temps la coalition la Hollande, éprouva dans la Hollande une défaite humiliante pour les Anglais et les Russes, qui avaient été ses principaux moteurs. Le cabinet de Londres avait tout espéré de l'invasion de ce pays. Jamais un armement plus formidable ne s'était préparé dans les ports britanniques; mais le commandement en avait encore été confié au duc d'York, qui malgré ses nombreux revers était encore chéri de l'armée anglaise. Les Français, dont les forces étaient partagées par tant de périls divers, n'avaient pu laisser dans la République Batave

qu'un corps de troupes peu nombreux, commandé par le général Brune. Celui-ci avait de plus sous ses ordres les troupes bataves, dont le général Daendels avait le commandement particulier.

[ocr errors]

Dans les derniers jours du mois d'août 1799, la flotte britannique, au nombre de cent cinquante voiles, parut devant la rade du Texel. Vingt mille hommes débarquèrent à la pointe du Helder. Ils se rendirent maîtres des batteries. Ce premier succès leur en valut un autre plus facile encore, et beaucoup plus important. Ils s'emparèrent, sans tirer un coup de canon, de toute la flotte batave qui était dans` le Texel.

Les Anglais, appuyés par une division de Russes débarqués dans la Nord-Hollande, réussirent d'abord dans toutes leurs entreprises, mais lentement, et avec plus de difficulté qu'ils ne l'avaient calculé. L'armée de terre des Hol

landais, animée par le patriotisme du général Daendels, disputa le terrain, et apprit au duc d'York qu'il lui faudrait bien des victoires pour s'ouvrir le chemin d'Amsterdam. Ce prince avait évité jusque-là les fautes qui lui avaient occasionné de sanglans revers dans la Flandre maritime. Un militaire distingué, le général

1799.

!

Abercrombie, qui depuis se distingua dans une expédition contre l'Égypte, et y mourut, comme Gaston-de-Foix et Gustave, au sein de la victoire, dirigeait les opérations. Après deux actions générales qui avaient été à l'avantage des Anglo-Russes, le général Brune rassembla toutes ses forces pour une bataille décisive. Elle s'engagea à Berghen. Le 20 septembre, vingt-cinq mille Français et Bataves y battirent complétement quarante mille Anglais et Russes. On peut juger de l'étendue de cette victoire par la capitulation que signa un mois après le duc d'York, qui avait été chassé sans relâche jusqu'au fond de la Nord-Hollande. Il s'engagea à évacuer en totalité tous les forts qui pouvaient lui rester dans la République Batave ; à rétablir celui du Helder, et enfin à rendre, sans compensation, dix mille prisonniers français et bataves détenus en Angleterre.

Si de tels succès ne causèrent point en France toute la joie qu'ils semblaient devoir exciter, il faut bien moins en accuser la nation que les maux intérieurs auxquels elle était en proie, et dont elle n'osait plus espérer le remède. L'anarchie, accrue par les revers, ne pouvait plus se guérir par les victoires. La

[ocr errors]

guerre civile organisée dans plus de vingt 1799. départemens; des révoltes qui s'annonçaient dans plusieurs; le brigandage qui se répandait dans presque tous; le vol et l'assassinat commis avec impunité sur un grand nombre de routes; deux lois terribles, celle des otages et celle de l'emprunt forcé, qui appelaient plus de maux qu'elles n'en pouvaient prévenir; un désordre de finances tel qu'aucune nation n'en avait jamais supporté ; une succession de banqueroutes partielles qui prolongeaient l'opprobre de la banqueroute générale; le trésor public pillé sur tous les chemins, dans les maisons même des receveurs, et dont le vide ne pouvait se remplir, même par les plus violentes exactions; un Directoire manquant tout à la fois de force, de concorde et de volonté ; deux Conseils divisés, dont chaque jour et chaque événement nouveau faisait et défaisait la majorité ; les Jacobins toujours prêts à ressaisir leur règne terrible; les royalistes recourant sans scrupule à tous les moyens que pouvait leur fournir la vengeance; les paisibles amis des lois réduits à garder entre ces partis la honteuse neutralité de la faiblesse : tel était l'état de la France, lorsqu'on apprit que Bonaparte avait débarqué à Fréjus!

1799.

Retour de

Dans l'exposé que je vais faire des causes et de la marche progressive d'un événement qui fut la dernière journée de la révolution, je prie qu'on me pardonne de revenir sur plusieurs faits déjà indiqués; je dois m'attacher à ceux qui peuvent servir de lien à des événemens compliqués, dont le théâtre varie sans cesse. Il m'importait d'en frapper l'esprit à différentes reprises pour obtenir un centre d'unité; je prie en outre qu'on me pardonne la familiarité des détails où je vais entrer. La grandeur de l'événement, s'annonce par ses résultats; mais, si l'événement a de petits mobiles, pourquoi les taire ? Nous allons trouver beaucoup de petites fraudes dans une conspiration conduite par un homme d'un génie supérieur. Un historien italien, tel que Machiavel ou Davila, serait charmé d'avoir à exposer ces ruses de la politique ; pour moi je le fais avec regret, mais avec fidélité.

fet qu'il pro

La victoire d'Aboukir avait fourni à ce Bonaparte, ef- général le prétexte dont il était avide pour duit. retourner en France, et déjà il avait pris ses mesures pour qu'une relation magnifique de cette journée précédât le bruit de son retour; c'était avec le plus profond mystère qu'il avait quitté une armée déportée, en quelque

« ZurückWeiter »