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peines affreuses tous ceux dans l'intimité desquels il avait vécu. Cette dénonciation, il la

ment. Il étend ses intelligences depuis Brest jusqu'à Laval: je crois qu'il compte sur plusieurs corps employés dans cette partie.

« M. de Frotté était encore à Londres lors de mon départ, mais il comptait se rendre immédiatement en Normandie, où il a laissé les officiers qui servaient jadis sous ses ordres. M. de Rochecot est chargé de préparer le Maine, le Perche et le pays Chartrain. M. de Bourmont ne fait que commencer ses fonctions, depuis Lorient jusqu'à Caen. M. Maltet, ancien aidemajor de Château-Vieux, est chargé de la haute Normandie et de l'Ile de France jusqu'à Paris; car nos arrondissemens, jusqu'à cinquante lieues, forment un triangle dont un angle s'appuie sur Paris.

« Dans l'Orléanais est un employé de M. Duglatz: je ne connais pas la mesure dans laquelle il se trouve. La Picardie, le Sénonais et la Brie sont encore sans chefs; nous attendions un nommé M., Buttes, qui nous, est annoncé comme ayant de puissantes intelligences dans la première de ces provinces.

« Nous nous occupions à renouer les intelligences dans la Vendée. A Paris, il y a deux compagnies formées : une d'elles est, je crois, aux ordres de M. de Frinville; je ne connais pas le commandant de l'autre. Paris est le foyer de nos intelligences. Jusqu'à présent, nous n'avions pas essayé de corrompre à prix d'argent, nous l'aurions tenté maintenant, afin de nous procurer des données sûres sur les projets du gouvernement.

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1796. fait quand le glaive n'est plus levé sur sa tête, quand l'opinion royaliste vient de le sauver

J'avais entre les mains le plan de descente en Irlande, ou plutôt le rapport de Carnot relatif à ce plan: je sais bien comment on me l'a procuré, mais je ne sais pas qui.

« Nous mettions beaucoup d'importance à gagner la police, mais nous étions très peu avancés à cet égard. Nous tirions aussi toutes les semaines un extrait du rapport des commissaires du pouvoir exécutif sur la situation de l'opinion publique dans les dépar

temens.

« Je ne sais d'où nous venait l'opinion que le ministre de la police ne serait pas éloigné lui-même de nous servir, peut-être uniquement de ce qu'il passe pour modéré, et de la guerre que lui faisaient les Jacobins ; nous pensions de même du ministre de l'intérieur, et sans doute par la même raison.

"

Mais, dans les Conseils, nous avons trouvé plus de facilité. Dès le mois de juin de l'année dernière, il nous fut fait des propositions au nom du parti qui se disait puissant: nous les transmîmes au Roi. On offrait de le servir, à condition qu'il n'y aurait d'autre changement à la constitution actuelle, que la concentration du pouvoir exécutif dans sa personne. Le Roi accepta le service; mais voulut discuter la condition. Il demanda en conséquence qu'il lui fût envoyé un fondé de pouvoirs; depuis lors il n'a cessé de le demander, mais le parti étant beaucoup plus faible

de l'échafaud, quand tout prouve une dis- 1796. position générale des esprits qui appelle ou

qu'il ne s'était annoncé, a relâché de ses prétentions, sans pourtant y renoncer entièrement.

« De notre côté, pensant relever le trône par le moyen des deux Conseils, nous avons jugé qu'ils resteraient les maîtres d'imposer au Roi leurs conditions, et nous n'avons pas insisté sur l'envoi. Il est parti, il y a environ deux mois, quelqu'un qui, à ce que je crois, a porté au Roi la liste des membres qui désirent la monarchie, et dont le nombre s'élève à cent quatrevingt-quatre: je n'affirme rien sur ce fait. La veille ou l'avant-veille de notre arrestation, une personne était encore venue nous proposer de donner au Roi une soixantaine de députés. Elle s'engageait à obtenir une déclaration formelle du fils du duc d'Orléans, portant qu'il ne prétend nullement au trône : on proposait même d'envoyer le jeune prince auprès du Roi. Nous écoutions tout sans prendre d'engagement formel.

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L'importance dont il pouvait être pour nous de gagner les corps attachés aux différens services à Paris, ne nous avait pas permis de négliger cette mesure. Nous avions quelques succès, et nous nous flattions de plus grands, puisque c'est à l'occasion des démarches où cet espoir nous a entraînés que nous avons été arrêtés. Plusieurs de nos agens s'occupaient des administrations particulières; un d'eux m'a dit être sûr que dix présidens d'administrations municipales étaient gagnés, mais il ne faut pas ajouter foi à ce dire

1796 qui favorise le rétablissement de la royauté, quand il voit approcher le moment où ses

les royalistes se sont toujours fait illusion sur le nombre de leurs partisans.

« Nous avons payé plus d'une brochure, nous avons inséré plus d'un article dans plus d'un journal, mais il est des faits que je ne veux dire que verbale

ment.

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L'agence de M. de Précy était dans un état bien différent de la nôtre ses préparatifs n'ont été que militaires jusqu'à présent. Ce n'est que dernièrement qu'il vient d'adopter nos mesures politiques : il est dans ce moment à Berne, où il reçoit les comptes que lui rendent les agens particuliers: il y en a dans tout le Midi. On avait beaucoup de peine, dès l'année dernière, à arrêter l'ardeur d'une partie d'entre eux, qui voulaient à toute force se soulever. C'est à Lyon qu'il a le plus de partisans: son grand objet est de s'assurer de quelques villes fortes, pour ménager en France l'entrée de l'armée de Condé. Il a des intelligences à Besançon.

« Vous voilà instruits du secret de la conjuration; je suis convaincu qu'il suffirait pour la déjouer de publier ma lettre et les réglemens des deux associations. A cette lecture, vous verriez tous les royalistes rentrer en terre, et pour ce moment vous seriez tranquilles sur leurs entreprises; mais il ne suffit pas qu'ils y renoncent pour le moment, il faut leur en ôter pour toujours la pensée.

« Il va arriver deux choses: la première, que les

fers seront brisés, où son Roi pourra le récompenser même des imprudences de son zèle.

royalistes qui pensent que le gouvernement ne tient que les chefs de la conspiration, et rien du tout de la conspiration même, voudront continuer le même plan; en conséquence ils proposeront au Roi et aux Anglais d'envoyer de nouveaux agens pour nous remplacer, en marchant sur nos traces, mais avec plus de précautions: la seconde, que d'autres royalistes qui veulent renverser le gouvernement par des excès, forts de notre mauvais succès, proposeront à Londres et à Blankembourg de gagner les Jacobins ; ces hommes énergiques rameneront la terreur, et à la suite de la terreur viendra la royauté.

« Il existe encore un parti royaliste qui compte sur l'appui de l'Espagne; à sa tête sont MM. de Lavauguyon et d'Antraigues.

« La personne qui nous est connue sous le nom de Thébaut, est M. Despomelles, maréchal de camp avant la révolution. Il peut s'être chargé de nous remplacer, mais provisoirement, car il est trop prudent pour prendre sur son compte une si périlleuse besogne.

« Je n'ai jamais entendu parler de la veuve Joye avant mon interrogatoire; c'est sûrement un nom de guerre. La personne qui le prend n'a pas eu de correspondance avec nous, mais vraisemblablement avec Dutheil, mon correspondant à Londres: Duval est le nom que j'avais pris en Angleterre, ayant continué d'en prendre un nouveau dans chaque voyage que j'y faisais

1796.

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