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toujours été la même : constans dans leurs projets, variant seulement leurs moyens, << vous les suivrez facilement, soit qu'ils soient dirigés par Dumas et Vaublanc, par Ro«berspierre et Saint-Just, par Barbé-Marbois « et Dumolard, par Pichegru et Willot, << partout vous verrez la contre-révolution << s'étayant d'une main sur les assemblées pri<< maires, de l'autre sur les assemblées élec<< torales, contempler avec complaisance ses << favoris revêtus, par adresse ou par violence, «<de magistratures populaires, et disposés à << travailler pour elle à l'ombre des lois dont << ils s'étaient rendus les dépositaires et les <<< organes. >>

Après ce préambule, le Directoire trace le tableau de l'ingratitude qu'il a éprouvée de la part des anarchistes. Il leur avait rendu, après le 18 fructidor, des assemblées de club; il a été étonné d'apprendre qu'il n'en était sorti que des cris d'anarchie. Il a fermé ces clubs; les anarchistes, mis en mouvement par les royalistes qui ont été condamnés aux déserts de Sinnamari, se sont emparés des assemblées électorales. Le Directoire expose les violences qui s'y sont commises. Le tableau qu'il fait des crimes et des nouveaux efforts des partisans

faire con

de la terreur eût été suffisant pour
damner à la déportation comme royaliste un
député qui aurait osé les peindre sous de
telles couleurs.

Les deux Conseils furent associés par le Directoire à l'acte par lequel il prononçait sur ces élections. Plusieurs députés s'élevèrent avec force contre cette subversion du système représentatif; le plus grand nombre crut que tout devait céder au danger de mettre les anarchistes à l'épreuve de ce qu'ils pourraient faire s'ils parvenaient à la puissance.

Les débats des deux Conseils offrirent si peu d'intérêt pendant cette année, que je ne m'y arrêterai pas un seul moment. De nouvelles élections avaient eu lieu au mois de mars 1799. Le Directoire n'avait osé que faiblement accuser le mouvement national qui les avait conduites. L'ordre y avait régné ; mais les plaintes contre les Directeurs s'y étaient fait entendre. Le sort venait de renvoyer celui d'entre eux qui, dans toutes les occasions où il y avait de la haine à recueillir, avait montré le plus d'ardeur à s'y exposer et à la mériter; c'était Rewbell. II trouva son refuge au Conseil des Anciens.

Les deux Conseils avaient nommé pour le remplacer Syeyès, qui avait refusé les fonctions

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éminentes de Directeur après le 13 vendémiaire. Le seul motif de son refus était alors l'aversion qu'il avait pour Rewbell, dont il aurait été le collègue. Depuis, il avait été nommé ambassadeur auprès du roi de Prusse. On croyait lui devoir la neutralité de cette puissance, et les malheurs de la nouvelle guerre y faisaient attacher un très grand prix.

Treilhard, depuis un an, avait remplacé François (de Neufchâteau). Ce dernier devint ministrc de l'intérieur, et s'honora dans cette fonction par un zèle fort actif pour les établissemens de bienfaisance. Les deux Conseils étaient fatigués de la tutelle que le Directoire exerçait sur eux, et sur la Constitution, et sur le système représentatif. Ils lui refusèrent de consacrer les éliminations arbitraires qu'il se proposait de faire encore sur les dernières élections. Ils lui présentèrent le combat. La tribune retentit d'accusations contre les agens du Directoire, et bientôt contre les Directeurs eux-mêmes. Tout devenait une occasion de plaintes et d'emportemens; on apprenait les revers de nos armées; on reprochait avec fureur au Directoire la destitution de plusieurs généraux, la nomination de Schérer, les actes par lesquels il avait tourmenté les

nouvelles républiques, la barbare agression 1799. de la Suisse, les concussions autorisées, l'ineptie de ses plans politiques et militaires. Tantôt la discussion s'élevait sur un impôt nouveau. Le Directoire, qui le sollicitait, était obligé, après une banqueroute, d'avouer un déficit de 100 millions. Tout s'ébranlait à ce mot de mauvais augure qui avait ouvert la révolution. On demandait des comptes, on refusait l'impôt. On apprenait tous les jours que les caisses publiques étaient vides ou qu'elles avaient été volées ; que la guerre civile éclatait de nouveau dans l'ouest, et même dans le midi. On déplorait le sort des patriotes égorgés; on grossissait leur nombre. On accusait le Directoire de les avoir livrés aux assassins, par la diffamation qui les flétrissait sous le nom d'anarchistes, et par le honteux désordre de ses mesures de police. A ce tableau quelques orateurs ajoutaient des considérations d'une politique plus étendue, qui révélaient tous les vices du système, moitié révolutionnaire et moitié constitutionnel, où l'on était engagé. On remarquait parmi ces adversaires du Directoire Boulay (de la Meurthe), Français (de Nantes); et Lucien Bonaparte. En écoutant ce dernier, on se demandait souvent pourquoi son frère

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était éloigné dans une telle crise, et l'on faisait de son absence un nouveau sujet de murmures contre le Directoire. Le premier remède qui fut proposé à tant de maux était de nature non à détourner l'orage, mais à le précipiter : c'était la liberté de la presse ; on l'obtint même pour les journaux. Il n'y eut plus d'autre limite à cette faculté que l'idée un peu importune des rivages de Sinnamari, auxquels deux ou trois cents écrivains avaient été condamnés par la loi du 19 fructidor.

Bientôt il se forma contre la majorité du Directoire une ligue à la tête de laquelle on vit les généraux Augereau et Joubert. Barras la connut, y entra, et employa sa dextérité, ou, pour mieux dire, sa mobilité révolutionnaire à la favoriser. Elle était formée lorsque Syeyès arriva au Directoire. Il est à présumer qu'il la vit sans peine. La plupart des députés, plusieurs magistrats de la capitale s'y joignirent. Jamais on ne conspira avec tant d'aisance. Il y eut un accord universel entre les conjurés pour ne point troubler leur bonne harmonie par des questions sur le système de gouvernement qu'il conviendrait de suivre. Grâces à cette discrétion, ils étaient sûrs de vaincre et de se combattre le lendemain de la victoire.

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