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rèrent bientôt de hautes espérances au caractère héroïque et impétueux du général français. Plus on lui laissait de facilité pour continuer sa marche et opérer sa jonction avec Moreau, qui déjà envoyait au-devant de lui par les Apennins la célèbre division Victor, plus il brûlait de se mesurer avec un ennemi que sa victoire laissait si timide. Après avoir reçu le renfort de quelques garnisons françaises laissées dans la Toscane, il marche fièrement sur les duchés de Parme et de Modène; c'est Souwarow lui-même, c'est le vainqueur qu'il vient chercher; à cet excès d'audace qu'on ne peut attendre que des seuls Français, Souwarow reconnaît enfin l'étendue de sa faute et veut la réparer. Le général autrichien Kray, qui a eu la gloire de vaincre avant le général russe, et même plus sérieusement que lui, se trouble lui-même en apprenant cette marche hardie; chargé du siége de Mantoue, il craint que les Francais ne viennent renverser ses ouvrages et se jeter dans cette ville à l'exemple de Wurmser; il abandonne pour un moment ses lignes; Souwarow presse de toutes parts l'arrivée des corps que plusieurs siéges tiennent iso

lés. Il veut concentrer ses forces autour de

Plaisance. Macdonald, qui le devine, ne 1799cherche qu'à l'étourdir par la vivacité de ses attaques; le 10 mai, les avant-gardes des deux armées se rencontrent et s'attaquent avec furie auprès de Casino-Brunetti. Les Français n'ont pu vaincre, mais leur perte est légère; Macdonald a résolu de tenter pour le 12 un engagement plus sérieux, et cette fois la fortune sourit à son courage. Par d'habiles manoeuvres il a séparé deux divisions autrichiennes, et l'une d'elles, celle de Klénau, est si cruellement traitée qu'elle ne trouve de retraite qu'à Ferrare. Un singulier incident termina cette bataille. Dans le corps autrichien qui venait de la soutenir se trouvait un régiment d'émigrés français, nommé les chasseurs de Bussy. Ce corps était rompu, éparpillé; cinquante hommes de ce régiment prennent le parti du désespoir, et, pour s'ouvrir un passage, ils osent attaquer le quartier-général où Macdonald vainqueur venait de rentrer; il n'avait auprès de lui qu'un certain nombre d'officiers et peu de soldats; il mit l'épée à la main contre ces audacieux fugitifs et reçut une blessure. Les émigrés traversèrent le camp des Français et arriverent à Modène ; mais de cinquante ils avaient

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Batailles de la Trébia.

Juin.

été réduits à sept. La perte des Autrichiens avait été de trois mille hommes dans cette bataille. Macdonald n'était point satisfait d'une victoire incomplète; il espérait prévenir les renforts qu'attendait Souwarow; rien n'eût été plus facile pour lui que d'éviter une bataille nouvelle; mais il pouvait en un seul jour réparer les désastres par lesquels cette campagne s'était ouverte. Quel que fût l'événement, avec des troupes telles que les siennes, il était bien sûr de n'être point assez battu pour que la retraite vers le général Moreau lui fût interdite. Il est arrivé sur les bords de la Trébia, lieu célèbre par une des victoires d'Annibal; Souwarow campe sur l'autre rive; les deux généraux, les deux armées brûlent d'en venir aux mains.

Le 17 juin Macdonald, impatient de combattre, ose passer le torrent de la Trébia sous le feu de l'armée ennemie. L'action s'engage avec toute la furie française; la baionnette devient l'arme unique de ces ardentes mélées. Macdonald blessé n'est entouré que de généraux blessés; la division polonaise sous la conduite de Dombrowski, et la division Victor, ont fait admirer leur courage indomptable. Mélas, qui vient secourir le gé

néral Ott, ne peut résister à ce choc. Il plie, 1799. mais sa retraite est calculée. Son avant-garde revient sans confusion s'appuyer sur celle des Russes que commande Souwarow. Le combat se rétablit; les Français sont arrêtés, mais ils se tiennent immobiles dans les postes qu'ils ont conquis. La nuit arrive, et ils sont encore maîtres des deux rives de la T'rébia.

Mais Souwarow a reçu des renforts. Macdonald s'est affaibli. Dès le lendemain, la bataille recommence. Russes, Autrichiens, Français, tout combat, comme si la gloire et la destinée de leurs nations étaient attachées à cette journée. Le nombre accable les derniers; ils repassent en frémissant la Trébia, mais ils ont juré de réparer leurs revers. Leur courage opiniâtre leur défend de songer à une retraite qui serait encore facile et sûre. Le jour suivant (19 juin), la Trébia est de nouveau franchie par les Français. Macdonald a conçu la manoeuvre la plus hardie; il n'a pas craint de détacher d'une armée inférieure de moitié à celle qu'il a à combattre, une colonne qui doit passer le Pô pour tomber sur le flanc gauche des ennemis. On se bat tout le jour

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et sur une longue étendue de terrain. Le cri de Souwarow est, En avant, frappe et tue. Le cri de Macdonald est, En avant, point de retraite! Arrive enfin le moment où les Français, vainqueurs sur quelques points, et partout mourant plutôt que de se rendre, manquent de munitions; Souwarow s'en aperçoit et se jette à la nage dans la Trébia avec ses cosaques; Macdonald ordonne la retraite. Vingt mille hommes étaient restés sur le champ de bataille; il n'en restait que quatorze mille à Macdonald; mais Souwarow avait tellement acheté ses deux victoires, qu'il ne put inquiéter que faiblement une retraite savamment conduite. Le général Moreau, retranché dans la Ligurie, n'avait point secondé cette attaque impétueuse qui, malgré l'arrêt du sort, restera toujours l'un des grands faits de nos annales militaires. Il n'avait cru ni à la nécessité ni à l'opportunité d'engager ces actions qui compromettaient une belle retraite. Cependant il avait attiré sur lui quelque portion des forces ennemies. Macdonald, quoique affaibli de huit ou neuf mille hommes, reprit en bon ordre le chemin de Lucques. La défection d'un général cisalpin, qui passa à l'ennemi avec le corps qu'il com

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