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prince Eugène. L'événement va montrer que 1799. Moreau, malgré les rigueurs de la fortune,

dut ajouter de nouveaux titres à sa grande

renommée.

Cassano.

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Ce fut par une bataille qu'il voulut rendre Bataille de sa retraite imposante; il résolut de l'engager sur les bords de l'Adda à Cassano, lieu célèbre par une victoire que le prince de Vendôme avait remportée sur le prince Eugène. Il se trouvait précisément que la position des deux armées était la même; mais celle de Vendôme était à peu près égale à l'armée ennemie, tandis que Moreau avait à se défendre contre des forces triples, et contre ces troupes russes que Frédéric lui-même n'avait jamais pu faire reculer. Souwarow, qui commandait en chef, avait fait jeter un pont sur l'Adda. La promptitude avec laquelle les ingénieurs y parvinrent fut la cause de son succès. La division du général Victor d'un côté, et de l'autre celle du général Serrurier, avaient remporté de brillans avantages sur les Impériaux, lorsque les Russes, débouchant par le pont qui venait d'être achevé, séparèrent ces deux divisions. Celle de Victor put opérer sa retraite, mais celle de Ser

1799.

rurier se trouva engagée de manière à subir l'effort d'une grande moitié de l'armée ennemie; après une belle résistance, elle fut obligée de mettre bas les armes. Souwarow vintensuite attaquer le pont de Cassano avec une telle rapidité, que les Français n'eurent pas le temps d'y mettre le feu. Moreau aurait pu soutenir le combat plus long-temps; mais il ne l'avait engagé que pour assurer sa retraite ; il la fit sur Alexandrie, et ne fut plus que faiblement inquiété. Son armée, réduite à vingt mille hommes, était embarrassée par une multitude d'Italiens fugitifs, et cependant elle ne rompit pas un moment le frein de la discipline. Moreau, pour déterminer sa marche ultérieure, attendait la nouvelle des événemens militaires dans le pays des Grisons et dans l'Engadine; ces événemens n'étaient pas favorables. Le général Lecourbe, vivement pressé par les Autrichiens, ne conservait presque rien dans ce pays. D'un autre côté, que deviendrait l'armée de Macdonald? elle était tantôt un sujet de sollicitude et tantôt un sujet d'espoir pour Moreau. Vingt mille hommes qu'il pouvait recevoir de ce côté lui permettraient de ba

lancer encore les destinées de l'Italie; mais comment présumer que Souwarow n'aurait pas employé la plus grande partie de ses forces pour prévenir une jonction qui changeait la face des affaires? Moreau se déterminé à se porter sur l'État de Gènes, en faisant occuper les défilés des Apennins par où Macdonald pourrait déboucher. L'avant-garde russe se présente pour lui fermer cette nouvelle retraite ; Moreau va l'attaquer et la disperse en lui faisant nombre de prisonniers.

1799.

die de Macdo

Mai 1799

Souwȧrow, depuis sa victoire sur l'Adda, Marche harlaissait percer beaucoup d'incertitude dans nald. ses plans. Loin d'imiter la foudroyante activité avec laquelle Bonaparte poursuivait toute armée qu'il avait jetée dans un premier désordre, le général russe ne négligeait le siége d'aucune forteresse, et disséminait ainsi ses forces.

Quelle était cependant la position de Macdonald? Comment, à travers un pays tout occupé par des troupes ennemies ou par des paysans révoltés, concerter à une si longue distance ses mouvemens avec ceux du général Moreau? Il avait quitté Naples dans l'ordre le plus parfait, et pour soutenir l'espoir des républicains dans cette ville, il avait laissé

1799. une garnison cousidérable dans le fort SaintElme. Ces lazzaroni qui avaient défendu contre lui leur patrie avec toute la frénésie du courage, n'allaient-ils pas, suivant l'instinct naturel du peuple, se réveiller plus furieux et plus terribles au premier signe d'une retraite? mais les Français les avaient subjugués par l'admiration et par mille adroites complaisances; ils n'éclatèrent que plusieurs jours après le départ de Macdonald. Ce général voit avec mépris et repousse sans effort d'innombrables troupes de paysans napolitains, qui tantôt veulent lui barrer le passage, et tantôt le pressent sur les flancs et par-derrière. A l'avant-garde comme à l'arrière-garde, et comme au centre, les Français ne forment qu'un seul corps que dirige une même âme. Généraux et soldats, tout montre de nouvelles ressources dès qu'il s'agit d'un nouveau péril. L'armée traverse Rome dans le plus grand silence; son calme et sa discipline la rendent si formidable, que les Transtévérins restent immobiles en sa présence; mais à peine l'armée est-elle entrée dans le grand-duché de Toscane, qu'elle expie l'iniquité des mesures politiques du Directoire. Le peuple toscan n'est tombé que

depuis peu sous l'oppression française; chaque jour il peut comparer la félicité dont il jouissait sous le digne successeur du sage Léopold, avec la tyrannie républicaine. Ce peuple, qu'on croyait plongé dans une lâche inertie parce qu'il avait la tranquillité du bonheur, s'est réveillé et a voulu opérer sa délivrance par lui-même; les villes d'Arezzo et de Cortone ont donné le signal. Déjà beaucoup d'excès se sont commis dans les campagnes sur des Français isolés, ou sur des Italiens qui ont mérité le nom odieux de Jacobins. Les Toscans, fiers de ce qu'ils viennent d'entreprendre pour leur délivrance, attendent à chaque instant les Autrichiens, et c'est une armée française qu'ils voient venir. Macdonald est forcé de ralentir sa marche pour faire les siéges d'Arezzo et de Cortone. Quel serait son danger si l'armée austro-russe se présentait en ce moment? Après avoir fait craindre une vengeance implacable aux deux villes révoltées, Macdonald les désarme par une judicieuse clémence, et s'en fait ouvrir les portes. L'immobilité du général Souwarow et l'étonnante incurie avec laquelle il laissait s'avancer une armée qui tout à l'heure ne trouvait pas un seul point d'appui, inspi

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