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de l'armée qui s'avançait contre lui. L'arrivée des Russes avait porté celle-ci à cent dix mille combattans.

Souwarow était entré le 18 avril à Vérone. Aux honneurs qui lui furent rendus, aux acclamations qui retentirent sur són passage, on eût dit que c'était le bruit de son nom qui avait fait gagner les deux batailles de CastelNovo et de Magnano. Les deux généraux autrichiens Kray et Mélas cédèrent le commandement au général russe. Dès ce moment la ligue prit, mais ne conserva pas long-temps un mouvement d'unité, de force et d'enthousiasme, qui repoussait les républicains conquérans vers leurs anciennes limites, et menaçait de les y poursuivre. Les mains d'un Tartare soutenaient et maniaient avec fermeté ce faisceau d'États confédérés que le plus habile des ministres anglais, et que le prince de Cobourg, après d'éclatantes victoires, avaient vu se rompre souvent, ou plutôt qu'ils avaient eux-mêmes rompu. Tout en Italie s'enflamma de confiance et de vengeance au nom de Souwarow.

Ce général pressa vivement les Français dans leur retraite. Il s'empara de Bergame et

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de Brescia, investit Mantoue, Peschiera, Pizzighitone, et s'avança sur la république cisalpine par les deux bords du lac de Garde. Après avoir détaché une partie de ses forces pour soutenir une insurrection que le peuple de Ferrare avait entreprise contre les Français, il prit toutes ses mesures pour que le même mouvement se répandît dans toutes les parties de la péninsule. Tout respirait dans ses proclamations un zèle ardent pour la religion ; et tel, que le scrupuleux Italien oubliait en lui le schismatique pour ne voir que le héros chrétien. Les Toscans prirent les armes, et se montrèrent acharnés contre leurs nouveaux maîtres. La révolte s'étendait dans l'État de l'Église; elle était plus terrible dans le royaume de Naples. Déjà le cardinal Ruffo était à la tête d'une petite armée. Le comte Roger de Damas le secondait avec vigueur.

Les deux républiques cisalpine et ligu rienne montraient seules sinon de l'attachement aux Français qui venaient de les opprimer et de les avilir, du moins beaucoup d'éloignement pour la domination autrichienne. La république cisalpine avait envoyé sous les drapeaux de l'armée d'Italie des légions qui avaient fait estimer leur cou

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rage et leur discipline. Quand on apprit à Milan les combats désavantageux de Schérer et la retraite qui en était la suite, il y eut un mouvement général pour marcher vers les frontières menacées; mais le Directoire français, dans son despotisme capricieux, avait ordonné le désarmement des citoyens cisalpins; ils ne pouvaient plus rien pour leur propre défense. Les membres du gouvernement disposaient tout pour leur départ. On s'accablait de reproches; on ne prenait aucune mesure. Le général Schérer, instruit de ce désordre, partit pour le réprimer, et profita d'une si triste occasion pour quitter une armée à laquelle il était devenu odieux. Il en remit le commandement au général Moreau, et partit pour Milan. Son arrivée inattendue dans cette ville fut considérée comme une fuite; et tous ceux qui avaient donné quelques gages de leur attachement aux Français entendirent ce signal.

Le général Moreau se trouvait dans une position bien plus terrible que celle où l'avait laissé, deux ans auparavant, sur les bords du Danube, la défaite et la fuite du général Jourdan. Son armée, à cette première époque, était enflammée par six victoires consécu

tives; tandis que celle qui passait sous ses lois, après avoir été battue par les Autrichiens, avait à se défendre maintenant contre les Autrichiens et les Russes réunis. Pour la seconde fois, Moreau avait à réparer des fautes qui n'étaient pas les siennes. Si sa gloire était intacte sous le rapport militaire, elle était couverte d'une ombre fâcheuse sous le rapport politique, et cette pensée importune pouvait lui faire perdre un des grands mobiles de la victoire, la confiance en soi-même. Les fautes commises par le Directcire de France en Italie étaient d'une nature irréparable. C'étaient précisément celles que deux fois Bonaparte avait si puissamment évitées, en refusant de marcher sur Rome, et de s'avancer dans la dangereuse botte de l'Italie. L'armée française, quoique encore assez nombreuse, était partagée en misérables pelotons qui, excepté sur un seul point, ne présentaient plus forme d'une armée; et presque partout elle avait à lutter contre les fureurs ardentes et légitimes des Italiens. Que de soins divers Moreau n'avaitil pas à prendre pour conduire la retraite ! d'un côté il lui importait d'attendre l'armée du général Macdonald, qui, sur le bruit des revers éprouvés près de Vérone, allait com

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mencer une retraite que
l'ennemi pouvait si
facilement intercepter. D'un autre côté Mo-
reau devait appuyer l'armée qui sous les or-
dres du général Masséna, et maintenant sous
ceux du général Lecourbe, était entrée dans
le pays des Grisons. Cette armée établissait
une communication entre celle de Suisse et
celle d'Italie. Se rapprocher de Macdonald
c'était sacrifier Lecourbe, et réciproquement
en se rapprochant de ce dernier on compro-
mettait cruellement Macdonald. Voici bientôt
de nouveaux dangers qui se déclarent. L'ar-
chiduc Charles avait senti l'importance de
rompre la communication entre les armées
françaises d'Italie et de Suisse. Il venait de
porter sur le pays des Grisons des forces très
supérieures à celles du général Lecourbe,
et il allait être secondé par le désespoir
et la fureur des Grisons, qui avaient montré
contre l'invasion française et la constitution
helvétique à peu près autant d'horreur que
les petits cantons. Le problème qu'avait à
résoudre Moreau était de trouver un point
d'appui quelconque en Italie. S'il le cherchait
à Turin, il répétait la faute du maréchal Mar-
sin, qui se laissa forcer d'une manière si dé-
sastreuse dans les lignes de cette ville
par le

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